Clermont franchit la barre

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Dominés durant l'essentiel de la rencontre par des Saracens très entreprenants, les champions de France clermontois ont samedi, devant leur public de Marcel-Michelin, surtout construit en défense un succès inaugural (25-10) plus difficile à conquérir que ne l'indique le score. Au final, vingt minutes jouées en infériorité numérique, mais trois essais plein de réalisme, qui n'occultent pas les difficultés des Auvergnats dans ce match.

Dominés durant l'essentiel de la rencontre par des Saracens très entreprenants, les champions de France clermontois ont samedi, devant leur public de Marcel-Michelin, surtout construit en défense un succès inaugural (25-10) plus difficile à conquérir que ne l'indique le score. Au final, vingt minutes jouées en infériorité numérique, mais trois essais plein de réalisme, qui n'occultent pas les difficultés des Auvergnats dans ce match. C'est avec nettement moins de facilité que Renaud Lavillenie franchissant la barre des poteaux du stade Marcel-Michelin que l'ASM Clermont-Auvergne a réussi samedi ses débuts en Coupe d'Europe aux dépens des Saracens (25-10). Réussir est un bien grand mot en la circonstance et résume surtout le bilan comptable de l'opération pour des champions de France qui, il faut bien le dire, auront évolué bien loin du meilleur niveau qu'on leur connaît. Celui qui leur a permis de soulever enfin le Brennus, mais avec lequel Aurélien Rougerie et ses partenaires sont bien en peine de renouer en ce début de saison. Car pour le reste, les finalistes de la Premiership anglaise pourront se mordre les doigts de ne pas avoir su s'imposer à l'extérieur, tant ils auront dominé les débats. Au point que Julien Bonnaire, désigné homme du match, cachait mal son manque d'enthousiasme à l'issue de cet heureux succès, construit avant tout en défense, et préférait ne retenir que l'essentiel. "Tout n'est pas parfait, c'est un peu à l'image de notre début de saison, constatait, lucide, le troisième ligne international, interrogé devant les caméras de France2. On a de bonnes périodes, d'autres où on fait un peu n'importe quoi. Heureusement, on se retrouve toujours en défense pour garder le cap. Aujourd'hui, mes coéquipiers étaient tous les hommes du match, en tout cas en défense. Il fallait réussir un bon début, c'est fait." Vern Cotter s'avouait inquiet à la veille de ces débuts en H-Cup, le technicien néo-zélandais, qui connaît mieux que quiconque son équipe, n'avait pas tort... Cudmore, le meilleur comme le pire L'entame de match est délicate pour les Clermontois, surpris par des adversaires qui se jettent comme des morts de faim sur chaque ballon. Un échec initial du buteur sud-africain Derrick Hoogard (7e) et c'est Alex Goode qui passe en revue toute la défense auvergnate au prix d'un numéro de slalomeur exceptionnel, avant de... relâcher le ballon au moment d'aplatir suite à l'intervention désespérée de Brock James (8e). L'ASM est prévenue. Mal entrée dans son match, sans que Morgan Parra ne fasse preuve de plus de réussite que son homologue sur sa première tentative de pénalité (10e), l'équipe de Cotter connaît pourtant une réussite insolente. D'abord sur cette interception signée Jamie Cudmore, qui lit à la perfection le jeu au pied d'un Hoogard un brin présomptueux pour inscrire le premier essai du match (7-0, 11e). Un Cudmore qui, comme souvent, reste capable du meilleur comme du pire avec ce coup de poing, qui vaut au deuxième ligne un carton jaune, dix minutes d'infériorité numérique et une pénalité, transformée par Hoogard, à son équipe (7-3, 22e). Mais même à quatorze, même privée de ballons, qu'ont confisqués les Londoniens, Clermont fait preuve d'un réalisme impressionnant avec cette attaque sur laquelle Marius Joubert, face à ses "amis" sud-africains - certains de ses nombreux compatriotes au sein des Sarries devaient rester pour le week-end chez l'ancien centre springbok -, crée le décalage et le surnombre pour envoyer en bout de ligne Julien Malzieu à l'essai. Le meilleur marqueur du Top 14 (5) fait aussi des étincelles en H-Cup et illustre le froid réalisme des siens (12-3, 25e). La physionomie de ce premier acte reste pourtant inchangée et s'accentue même, alors qu'échoue aussi face aux barres James, qui relaie Parra peu en verve en ce début de match. Avec plus de 70% de possession de balle, les Londoniens imposent leur rythme et cantonnent l'ASM à une défense acharnée jusque sur sa ligne d'en-but. Pour pousser leurs adversaires à la faute et à un second carton jaune, récolté par le pilier Davit Zirakashvili, à défaut de pouvoir concrétiser au score avec ce nouvel échec de Hoogard (40e+2). Bien que devant au score, Clermont n'est pas au mieux dans ce match, c'est peu de le dire. Et ces dix nouvelles minutes à jouer à quatorze s'annoncent redoutables. C'est d'ailleurs en toute logique que David Strettle, sur un mouvement limpide de sa formation, consécutif à une mêlée, récompense enfin la domination des siens (12-10, 44e). Mais Clermont, plutôt que de douter, ne se désunit pas. Sans pouvoir vraiment contester la puissance anglaise, l'ASM, de nouveau à quinze contre quinze, ne lâche rien et, pied à pied, parvient même, grâce aux deux coups de pied gagnants de Parra, qui prend ses responsabilités (48e, 65e), à repousser son adversaire en dehors du bonus défensif (18-10). Il faut malgré tout le retour d'un Napolioni Nalaga supersonique pour reprendre Strettle (70e). Hoogard ne peut en dire autant, qui échappe trois nouveaux points pour un total de quinze envolés au pied (76e). Des "Sarries" qui vont souffrir à la vidéo en constatant leur incroyable manque de réalisme, là où Clermont s'en va inscrire sur un contre en fin de match un troisième essai par Nalaga (25-10, 80e+1). La victoire est là, mais pour le reste, Vern Cotter a sans doute trouvé à redire...