Clermont: "Le match de trop"

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Il n'y aura pas de cinquième finale de Top 14 consécutive pour les Clermontois, dont la quête d'un nouveau Brennus s'est brisée net vendredi, à Marseille, sur la maîtrise quasi-totale du Stade Toulousain (29-6). Par-delà le sentiment d'impuissance, ressenti par la plupart des joueurs, c'est la sensation d'avoir atteint une limite, qui s'impose. Et appelle à ouvrir une nouvelle ère au sein de l'ASM.

Il n'y aura pas de cinquième finale de Top 14 consécutive pour les Clermontois, dont la quête d'un nouveau Brennus s'est brisée net vendredi, à Marseille, sur la maîtrise quasi-totale du Stade Toulousain (29-6). Par-delà le sentiment d'impuissance, ressenti par la plupart des joueurs, c'est la sensation d'avoir atteint une limite, qui s'impose. Et appelle à ouvrir une nouvelle ère au sein de l'ASM. Il y a d'abord les mots d'un Morgan Parra, tout aussi lucide que ses partenaires, mais qui au fatalisme ne peut s'empêcher d'ajouter une pointe évidente de lassitude. Au terme d'une saison personnelle en demi-teinte, qui s'est achevé vendredi, à Marseille, par une élimination en demi-finales du Top 14 face au Stade Toulousain (29-6), le demi de mêlée du XV de France cachait mal son éreintement et aspirait surtout au repos avant de repartir à l'assaut de la Coupe du monde avec les Bleus. "On ne va pas pleurer. On pleure quand on finit un match avec des regrets, quand on perd un quart de finale au Leinster, comme l'an dernier, qu'on aurait pu gagner cent fois. (...) Toute cette saison, on a dû cravacher, sur la brèche tous les week-ends, sans match facile. Les saisons sont longues, on est le 27 et on repart dans un mois (il est convoqué le 28 juin avec les Bleus à Marcoussis). Ça marque physiquement et psychologiquement." Après quatre glorieuses saisons toutes achevées en finale, au Stade de France, exploit surhumain, que le grand Béziers reste la dernière équipe à avoir surpassé (1974-1978), l'ASM, en même temps que l'équipe de Guy Novès ramenait brutalement les tenants du titre parmi le commun des mortels, retrouvait justement un visage plus humain. Cette aventure humaine que Vern Cotter, plutôt que de se perdre en de vaines analyses technico-tactiques, voulait préserver encore quelques heures autour de quelques bières. "C'est la fin d'un chapitre, confirmera le Directeur sportif Jean-Marc Lhermet. On aurait aimé mieux le terminer. Mais on sentait qu'on était au bout du bout..." Après avoir su repousser une dernière fois ses limites en barrages face au BO, Clermont cette fois était à sec. Comme si ces cinq dernières saisons l'avaient vidé de ce feu sacré, qui vous fait renverser des montagnes. Un cap à passer "C'est dommage de finir comme ça, ce groupe a vécu tellement de choses..." A 38 ans, l'immense Mario Ledesma, qui mettra fin à sa carrière professionnelle à l'issue du Mondial néo-zélandais, incarne ce passage de témoins, la fin d'un cycle. Promis la saison prochaine à un dernier défi montpelliérain, Thibaut Privat, capitaine du soir, avoue bien "de la déception, forcément. Il y a aussi pas mal d'émotion, car ça s'arrête, pour moi et quelques uns, à l'ASM... Ce sont deux sentiments en même temps, difficiles à digérer..." En plus de ses souvenirs pour la vie et de ce formidable esprit de corps, qui cette fois n'aura pas suffi, cette équipe de Clermont avait fini par accumuler trop de handicaps au terme d'une saison elle-même trop poussive pour lui permettre de se maintenir sur la plus haute marche. L'énergie dépensée à arracher in extremis la qualification pour ces phases finales a manqué et même Cotter, pas du genre à se cacher derrière de fausses excuses, finira par reconnaître le poids des absences (Rougerie, Nalaga et Domingo). Avec cette première demi-finale perdue de l'ère Cotter, Clermont met un point final au plus beau chapitre de son histoire, que son futur buteur, David Skrela, avant de troquer à compter de la saison prochaine le rouge et le noir pour le jaune et le bleu, l'a au passage aidée à clore sans ménagement. On remarquera d'ailleurs à quel point le club de la Ville Rose, confronté également à un profond remaniement de son effectif en cette fin de saison -moins générationnel, il est vrai qu'à Clermont-, parvient à surmonter cette bascule, tout en maintenant sa permanence au plus haut niveau. L'ASM, si elle s'est hissée parmi les références du championnat, ne possède pas encore cette aptitude, qui reste l'apanage du seul Stade Toulousain. A Clermont, c'est déjà demain...