Cielo, le coup d'épée dans l'eau

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NATATION - Contrôlé positif en mai, le Brésilien pourra participer aux Mondiaux. Mais pourquoi ?

Cesar Cielo, double champion du monde en titre des 50 et 100 m, pourra défendre ses titres lors des prochains championnats du monde de natation qui débutent dimanche à Shanghai. Le tribunal arbitral du sport (TAS) a annoncé jeudi sa décision de ne pas sanctionner le sprinteur brésilien après son contrôle positif à la furosémide en mai dernier.

La furosémide, qu'est-ce que c'est ? C'est un produit interdit qui fait partie de la catégorie des diurétiques, substance connue pour ses effets masquants. Contrôlé positif lui aussi à un diurétique, le cycliste Alexandre Kolobnev vient d'être exclu du Tour. Alors pourquoi Cielo a-t-il lui échappé à une suspension ?

L’argument de la contamination

Le TAS, qui a entendu le nageur mercredi par visioconférence au sein de l'université de droit et de sciences politiques de Shanghai, a été visiblement convaincu par les arguments de Cielo. Dès l'annonce du contrôle positif, le Brésilien avait plaidé l'"incident" et la contamination via un complément alimentaire. "Tout au long de ma carrière, j'ai toujours été prudent avec chaque type de médicament ingéré, je consulte toujours un médecin pour vérifier sa composition. J'ai toujours utilisé ce complément, sans que les tests ne donnent de résultat positif", avait-il expliqué sur son site Internet.

Cielo s'explique devant le TAS à Shanghai, mercredi :

Plutôt que de prononcer une suspension, qui aurait pu aller jusqu’à deux ans, le TAS a confirmé l'avertissement adressé par la fédération brésilienne à son plus éminent représentant. Deux de ses compatriotes brésiliens, Nicholas dos Santos et Henrique Barbosa, ont également écopé d'un avertissement alors que le quatrième nageur impliqué, lui aussi brésilien, Vinicius Waked, a été suspendu un an pour récidive.

L’avocat de Jones et Landis

Malgré l’absence de lourde condamnation, il flotte un drôle d'air autour de cette affaire Cielo. Car si le nageur a dû venir s'expliquer devant le TAS, c'est parce que la fédération internationale de natation (Fina) n'avait pas été convaincue par les explications avancées. Pas forcément un bon signe quand on sait que Cielo est l'une des figures de proue de la natation mondiale.

Plus explicite, l'ancien champion néerlandais Pieter van den Hoogenband avait fait part de son étonnement dans les colonnes de L'Equipe du 10 juillet dernier. "Comment comprendre que, pour trois défauts de localisation, tu prends un an de suspension, et pour un contrôle positif à un diurétique un simple avertissement ?", s'interrogeait alors le triple champion olympique. "Quand tu vois tous les Brésiliens positifs, tu te demandes ce qui se passe là-bas. Quatre nageurs sont pris avec le même produit et invoquent la même excuse, celle de la contamination d’un complément via la pharmacie, c’est du bidon !" Du "bidon" qui a néanmoins convaincu le TAS.

Il faut préciser que, pour se défendre, Cielo avait fait appel à un expert en la matière, l'avocat américain Howard Jacob. Son nom ne vous dit sans doute rien. Mais vous connaissez sûrement quelques-uns de ses anciens clients, comme l'athlète Marion Jones, condamné à six mois de prison ferme pour parjure, ou le cycliste Floyd Landis, déchu de sa victoire dans le Tour 2006 après un contrôle positif à la testostérone. Ces deux clients-là ont payé. Sanctionné d'un simple avertissement, Cielo, rival des Français sur le sprint ces dernières années, sera, lui, sur les plots dès dimanche.