Chercheur de Globe (3): Sam Davies

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Propos recueillis par AXEL CAPRON , modifié à
A un an et demi du départ de la septième édition du Vendée Globe, le plateau se constitue peu à peu. Il y a ceux qui sont partis très vite (Dick, Riou, Stamm, Boissières), rejoints par les Wavre, de Pavant, Guillemot et Gabart, et d'autres qui recherchent toujours un partenaire. Après Jérémie Beyou et Yann Eliès, c'est Samantha Davies qui nous explique le parcours du combattant du chercheur de Globe...

A un an et demi du départ de la septième édition du Vendée Globe, le plateau se constitue peu à peu. Il y a ceux qui sont partis très vite (Dick, Riou, Stamm, Boissières), rejoints par les Wavre, de Pavant, Guillemot et Gabart, et d'autres qui recherchent toujours un partenaire. Après Jérémie Beyou et Yann Eliès, c'est Samantha Davies qui nous explique le parcours du combattant du chercheur de Globe... La fin du contrat avec Roxy : "Toujours ambassadrice" "C'était tellement bien l'expérience du Vendée Globe que s'ils avaient eu les moyens sur le moment, ils seraient repartis tout de suite après l'arrivée. Malheureusement, le groupe propriétaire de Roxy a eu un problème avec le rachat de Rossignol qui n'a pas marché, du coup, ça a tout bloqué. Au début, ils espéraient continuer comme co-partenaire, maintenant, ils me soutiennent toujours, mais dans un rôle d'ambassadrice, ils ne peuvent pas faire plus. Le problème, c'est qu'ils voulaient tellement faire quelque chose qu'au début, je ne cherchais pas à côté, ils se sont finalement rendu compte six mois après le Vendée Globe que ce n'était plus possible. Du coup, j'ai sans doute perdu quelques mois car j'aurais eu les moyens de chercher plus vite. Mais heureusement qu'ils sont là, car grâce à eux, j'ai les moyens de vivre." La quête de partenaire : "J'ai créé mon entreprise" "Ce qui est certain, c'est qu'on ne peut pas chercher toute seule, il faut être entouré par des personnes qui sont spécialisées. Mais ce qui est compliqué, c'est que sans sponsor, on n'a pas d'argent à la banque et c'est difficile de financer une personne. Moi, j'ai la chance d'avoir des gens qui donnent pas mal de temps pour m'aider à rechercher, je me suis associé avec Xavier David qui avait tellement bien géré le projet Roxy, à tous les niveaux, logistique, technique, budget, contact avec les sponsors, qu'on voulait continuer ensemble. On a créé notre entreprise, on est deux, donc il faut sortir deux salaires tous les mois, et sans sponsor, c'est compliqué." Mes contacts: "Je pensais que j'allais être obligée de choisir" "J'ai senti un énorme intérêt autour du projet Vendée Globe ! J'ai eu beaucoup d'entretiens avec les directeurs généraux ou les directeurs de communication de grandes entreprises, j'en ai même eu plusieurs avec les mêmes entreprises. Ça prend beaucoup de temps et d'argent pour préparer chaque dossier, chaque entretien. A cette époque, l'année dernière, j'avais trois sponsors potentiels, on pensait même que j'allais être obligée de choisir. Mais derrière, il y a eu la crise, au Portugal, en Grèce. Du coup, aucun n'a abouti. Certains ont le budget, mais ne veulent pas dépenser beaucoup d'argent, ils craignent pour leur image, d'autres disent que la voile est un sport à risque... En fin d'année dernière, quand j'ai reçu trois refus de trois partenaires potentiels qui m'avaient donné plusieurs mois d'optimisme, j'ai eu une période très difficile, je me suis demandé si je n'avais pas gâché deux ans pour rien, d'autant que l'année dernière, j'ai très peu navigué pour me consacrer à ça. Mais avec du recul, non, parce qu'on apprend plein de choses, on rencontre du monde, c'est toujours enrichissant, mais sur le moment, c'est très dur." L'état des lieux aujourd'hui : "Pas de partenaire principal" "J'ai toujours pensé que ce serait difficile car ce sont des gros projets, avec de gros montants, mais en même temps, j'avais tellement de monde qui me disait: "Ce n'est pas possible que tu ne trouves pas, Sam..." Aujourd'hui, j'ai des gens qui partiraient avec moi si je trouve le partenaire principal qui déclenchera le projet, plusieurs co-partenaires potentiels qui aideraient à financer. Je suis à bloc là-dessus, je n'arrête pas de harceler les gens pour essayer de trouver, je suis super à fond, j'y crois toujours. Et j'espère que les gens vont parler de plus en plus du Vendée Globe, il faut ça pour que les entreprises qui ont l'opportunité d'y aller se rendent compte que le projet peut être performant et communicant. Je n'ai pas de préférence entre entreprises françaises, anglaises ou autres. L'année dernière, j'avais un très bon contact anglais qui voulait vraiment me soutenir, aujourd'hui, la recherche est moins simple car en Angleterre, il y a aussi un gros événement l'année prochaine... les Jeux olympiques. Donc il y a pas mal de partenaires déjà pris là-dessus. Du coup, j'essaie de réduire mon budget au minimum, avec un projet qui débute l'année prochaine, je pense que ça peut séduire des entreprises françaises qui ne veulent miser leur communication qu'autour du Vendée Globe. J'espère juste qu'il y aura un moment où c'est moi qui vais dire non, parce que je ne veux pas partir à l'arrach' sur un projet dangereux. Si c'est trop à la dernière minute, je n'aurai pas le temps de connaître mon bateau et de bien tester le matériel. Un tour du monde, c'est dangereux quand même... La date limite ? Avoir l'argent à la banque avant la fin de l'année. Combien ? C'est un projet sur deux ans puisque le retour du Vendée Globe est sur 2013, ça revient à environ 3 millions d'euros en tout." La concurrence des autres skippers : "Tous les porte-voix des autres" "Une course sans concurrence, ça ne vaut rien, moi je ne veux pas faire le Vendée Globe avec uniquement quatre concurrents, autant aller faire le Figaro où on est cinquante au départ. Plus on est à chercher, plus on parlera du Vendée Globe, à nous de faire notre pub, on est tous les porte-voix des autres. Et chaque sponsor veut un skipper différent: il y en a qui miseront sur le marin dur au mal et barbu, c'est sûr qu'il ne me choisira pas ! A côté, il y aura d'autres qui voudront miser sur une fille, donc, ce n'est pas vraiment une guerre entre nous. Personnellement, j'ai tout donné pour y arriver, si ça ne marche pas, c'est le destin, c'est comme sur une course, si tu fais cinquième mais que tu sais que tu as tout donné, que tu ne pouvais rien faire de plus, tu es content de toi-même. Au niveau des bateaux disponibles, il n'y a pas de pénurie, avec pas mal de ceux qui ont fait le dernier Vendée Globe: le Foncia 1 de Mich Desj m'irait très bien, sur le Vendée Globe, j'ai déjà fait mes preuves sur un de ses anciens bateaux, Roxy ! Il y a aussi l'ancien BT, les bateaux espagnols qui sont en train de courir la Barcelona World Race, comme l'ancien Gitana... Je sais que Dee (Caffari) va tout faire pour garder son ancien bateau et si j'étais elle, je ne le vendrais pas c'est un bateau top, mais elle se donne jusqu'au mois de juin pour trouver de l'argent, Mike Golding non plus n'a pas encore de sponsor..." D'autres projets ? "Je pense à la Barcelona World Race" "Il y a plein d'autres choses, je ne rêve pas que de Vendée Globe. Depuis mon dernier Vendée Globe, j'ai eu d'autres propositions, avec Artemis pour un «one-shot» sur la Transat Jacques-Vabre (qu'elle a disputée au côté de Sidney Gavignet, ndlr), j'ai aussi navigué avec Dee Caffari sur Aviva, ça m'a permis de progresser et de naviguer sur des 60 pieds différents, mais sans aucun budget pour le futur. C'est super important de rester dans le match, donc depuis le début de l'année, je me suis entraînée à bloc à Port-la-Forêt, j'ai retrouvé mes marques dans la classe Figaro, on a encore fait une super semaine d'entraînement la semaine dernière sur l'eau, je navigue de mieux en mieux. J'ai aussi parlé avec les gens de la Volvo, c'était ma course de rêve quand j'étais petite, mais c'est une course un peu difficile pour les femmes, car ça demande tellement de puissance, même la navigation, c'est physique car il y a le matossage. J'ai aussi commencé à réfléchir sur la prochaine Barcelona World Race avec le bateau de mes rêves, j'ai plus de temps pour bosser là-dessus. La Barcelona World Race, c'est aussi une course géniale, sur ce genre de course, le physique est de moins en moins important. Mais pour l'instant, ma course-reine reste le Vendée Globe. Si je n'y arrive pas en 2012 ? En voile, on a la chance d'avoir des carrières qui durent longtemps, si on a une année difficile, ce n'est pas très grave, on peut vivre d'autres choses derrière."