Carteron:"Dijon dérange un peu"

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Propos recueillis par Coralie HACQUART , modifié à

Alors que le Dijon Football Côte d'Or est monté le week-end dernier sur la deuxième marche du podium pour la première fois de la saison, son entraîneur, Patrice Carteron, estime que son club, l'un des plus petits budgets de Ligue 2, dérange et craint qu'il ne soit sujet à des tentatives de déstabilisation. Le technicien bourguignon évoque également le prochain match de son équipe, vendredi soir à Nantes, dans le cadre de la 31e journée.

Alors que le Dijon Football Côte d'Or est monté le week-end dernier sur la deuxième marche du podium pour la première fois de la saison, son entraîneur, Patrice Carteron, estime que son club, l'un des plus petits budgets de Ligue 2, dérange et craint qu'il ne soit sujet à des tentatives de déstabilisation dans les semaines à venir. Le technicien bourguignon évoque également le prochain match de son équipe, vendredi soir à Nantes, dans le cadre de la 31e journée. Patrice, vous avez battu Laval dans la douleur (2-0) lors de la dernière journée, comment analysez-vous cette rencontre ? Cela fait des semaines qu'on gagne des matches dans la douleur, je trouve que c'est plutôt une qualité. Cela démontre qu'en dehors de ce qu'on propose au niveau du jeu, on est aussi capable de puiser dans notre mental les jours où l'on est moins bien. Les fois où c'était très difficile, on a pu gagner plus avec des vertus mentales qu'en fonction uniquement de nos qualités de jeu. En ce qui me concerne, c'est un point très positif. Vous restez sur une bonne dynamique, vous sentez-vous capable de tenir le rythme ? On va tout faire pour tenir le rythme. Cela fait 16 journées que cela dure : on a pris 32 points, gagné 10 matches, 2 matches nuls et seulement 4 défaites. Est-ce qu'on en est capable ? Oui. Est-ce que nos adversaires vont nous laisser faire ? Non. Est-ce que le contexte va devenir compliqué ? Bien sûr, puisqu'aujourd'hui, on dérange un peu. On arrive à proximité des derniers matches. Il y a des gros clubs qui sont en danger donc je sais par expérience que l'on a tendance à favoriser ces gros clubs dont on ne fait pas partie. Donc la tâche va être difficile, mais l'exploit n'en serait que plus beau. Donc pour vous, par exemple vendredi contre Nantes, on risque de les favoriser parce qu'il faut les sauver ? Je ne dis pas que sur le match de vendredi, l'arbitre va les favoriser. Je sais que Nantes a suffisamment de qualités pour se maintenir, je ne me fais sincèrement aucun souci. Comparé aux cas de Strasbourg et Guingamp l'année dernière, Nantes a une équipe sur le papier bien supérieure et je suis persuadé qu'ils vont se sauver. Je dis juste que pour un club comme Dijon, c'est la première fois que l'on vise ce genre d'évènements et je sais qu'il y a beaucoup de phénomènes extérieurs, dont les sollicitations des joueurs, comme par hasard. Il y a beaucoup de choses qui peuvent, dans les semaines à venir, nous déstabiliser. Je ne peux pas me permettre de dire que l'arbitre va être en notre défaveur, ce ne serait pas très sympathique vis-à-vis du corps arbitral. "Ce qui me fait le plus plaisir, c'est de sentir cette effervescence" Vous craignez que vos joueurs soient approchés par d'autres clubs pour vous déstabiliser ? Forcément, oui. Cela arrive tous les ans. A partir du moment où l'on est un petit club avec un petit budget, forcément, ce sera un moyen de nous déstabiliser. Maintenant, j'ai mis en garde mes joueurs contre ça. Souvent, à l'arrivée, il n'y a pas grand-chose de concret, donc je n'ai pas envie qu'ils soient déçus et qu'ils se perdent dans des rêves, alors que nous, aujourd'hui, on est dans de la réalité. On a mérité, sur ces trente premières journées, de participer à la fête et de jouer les huit derniers matches en étant dans les premiers. On vit une année un petit peu exceptionnelle, avec peu d'écarts entre les équipes, mais bon, après tout, on est là, on a envie de s'éclater, de prendre du plaisir et d'en donner. Comment jugez-vous, à titre provisoire, la saison de votre équipe ? La saison, pour moi, est déjà réussie, dans la mesure où l'avenir professionnel du club est assuré, et c'était la priorité. Quand on a l'un des plus petits budgets de Ligue 2, savoir que la pérennité du club dans le milieu professionnel est là, c'est une chose formidable. Après, le reste, c'est du bonus. Ce qui me fait le plus plaisir, à l'heure où je parle, c'est de sentir cette effervescence à Dijon par rapport au football. Quelle est, selon vous, la force du DFCO cette saison ? Il y a d'abord la confiance qu'a eue le président dans le choix de son entraîneur de recruter quatorze joueurs de divisions inférieures. Il y a eu également le fait d'avoir la chance que ce même président m'ait fait confiance dans la gestion de notre effectif. J'ai pu faire venir un kiné du sport, qui est un thérapeute reconnu, et on a mis un travail collectif en place au niveau des joueurs. Il voit les joueurs tous les quinze jours et l'on se rend compte que l'on est aujourd'hui l'effectif professionnel à avoir le moins de blessés, donc je suis content d'avoir pu mettre mes idées en pratique. C'est surtout ce rapport de confiance avec le président qui fait qu'on en est là, et cela me touche beaucoup. Mais vous êtes actuellement deuxièmes, de quoi penser à la Ligue 1 ? Bien évidemment que l'on y pense, ce serait formidable. Maintenant, la meilleure façon d'y arriver, c'est de ne pas trop y penser, et d'aborder les matches les uns après les autres. C'est ce qui fait notre force depuis seize journées, et en ce qui me concerne, je ne vais pas changer mon fusil d'épaule. Nantes, "vraiment une belle équipe" Cette saison, vous êtes très à l'aise à l'extérieur, c'est un avantage pour le match de vendredi ? Oui et non. Cela dépend tellement de l'adversaire. Cela dépend aussi de la prestation que l'on va être capable de fournir. Globalement, on est aussi à l'aise à l'extérieur qu'à domicile. On est une équipe qui développe du jeu, qui ne se pose pas de question, qui cherche toujours à aller de l'avant. Forcément, on a été récompensé parfois un peu plus à l'extérieur parce que l'on joue des équipes qui, devant leur public, vont de l'avant aussi et essayent de proposer du jeu. Cela nous a aidés quelques fois. Mais aujourd'hui, l'effet de surprise n'existe plus, et je sais que l'on va être attendu, respecté et combattu comme il se doit. Ce sera à nous d'aller chercher au plus profond de nous même d'autres vertus en plus de nos qualités de jeu, pour espérer faire un exploit. Vous vous apprêtez à affronter une équipe de Nantes qui est assez mal en point depuis la reprise. C'est une occasion idéale de prendre des points... Chaque match est l'occasion de prendre des points ! Penser que notre match à Nantes va être une partie de plaisir, non, c'est une équipe qui est redoutable. Dans des moments difficiles comme ils vivent, je sais que les joueurs auront la fierté, le sursaut d'orgueil. Sincèrement, je m'attends vraiment à l'un des matches les plus compliqués depuis plusieurs semaines. Cela va être très difficile. Comment jugez-vous cette équipe nantaise, prometteuse sur le papier et en difficulté sur le terrain ? C'est une équipe qui, début janvier jouait la montée et qui aujourd'hui, rate complètement sa deuxième partie de saison. Maintenant, quand on voit le peu d'écart de points entre les équipes qui jouent le maintien et les équipes qui se battent pour la montée, cela se joue à vraiment peu de choses. Il aurait fallu que contre Boulogne-sur-Mer, cela sourit un peu et qu'il gagne ce match là, pour les relancer. Ils ont suffisamment de qualités, avec Cheyrou notamment devant la défense, qui est le métronome et qui alimente parfaitement le secteur offensif. Djordjevic, je ne comprends pas ce que ce joueur fait en deuxième division, c'est vraiment un super attaquant, à la fois bon devant le but, dans ses déplacements, et un bon état d'esprit. Ils ont beaucoup de jeunes joueurs qui sont en train d'arriver. Alors je sais qu'avec Nantes on est souvent très difficile et trop dur dans les propos, mais je trouve qu'ils ont une nouvelle génération qui est en train d'arriver avec beaucoup de joueurs très intéressants. Le match aller avait été assez fermé (0-0), pensez-vous qu'il sera plus ouvert vendredi ? Ça n'avait pas vraiment été fermé, ça avait été un match magnifique. En termes de qualité de jeu, on avait eu du mal à rivaliser avec cette équipe de Nantes, qui avait un fond de jeu, ça jouait collectif. C'était vraiment une belle équipe, et on était content d'avoir fait un bon 0-0, parce qu'ils nous avaient posé beaucoup de problèmes. Afin de ramener un bon résultat, vous pourrez une nouvelle fois compter sur une attaque très efficace, portée par la forme de Sebastián Ribas... Oui, c'est vrai. Mais c'était déjà le cas l'année dernière, il avait mis 15 buts. Sebastián, c'est comme un fils pour moi, on a une relation, on est très proche. Le fait qu'il éclate encore les défenses, comme il avait commencé à le faire l'année dernière, ça me fait plaisir, parce que c'est un joueur et un homme formidable. Il est récompensé en ce moment, mais ce n'est que le début d'une belle carrière.