Blatter, envers et contre tout ?

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Guillaume BARDOU Br De Sports.fr , modifié à
La réélection de Sepp Blatter pour un quatrième mandat à la tête de la Fifa ce mercredi à Zurich ne faisait guère de doute. Son seul opposant, le Qatari Ben Hamman, s'était retiré de la course suite aux révélations de corruption au sein de l'organe international du football. Mais le Suisse, mis en cause dans ces dossiers, a souffert et devra faire face à un chantier immense pour restaurer la confiance autour de son organisation...

La réélection de Sepp Blatter pour un quatrième mandat à la tête de la Fifa ce mercredi à Zurich ne faisait guère de doute. Son seul opposant, le Qatari Ben Hamman, s'était retiré de la course suite aux révélations de corruption au sein de l'organe international du football. Mais le Suisse, mis en cause dans ces dossiers, a souffert et devra faire face à un chantier immense pour restaurer la confiance autour de son organisation... "Du fond du coeur, je vous remercie de votre confiance. Nous allons avoir quatre ans, si Dieu me prête vie, énergie et force, pour continuer notre chemin et continuer à faire notre travail". Ses premiers mots de Sepp Blatter après sa réélection donnent le ton et illustrent la journée éprouvante vécue par le Suisse. "Notre pyramide est intacte, la base, la fondation est solide et, ensemble, nous avons quatre ans pour continuer sur notre chemin et faire notre travail. Nous allons remettre le navire de la FIFA sur la bonne voie, dans des eaux claires et transparentes", a ajouté ensuite le Suisse en route pour un quatrième mandat, dans des propos repris par la BBC. "Nous avons besoin de temps pour le faire, mais nous le ferons. Aujourd'hui, quelque chose de merveilleux s'est produit et je voudrais simplement vous dire que je suis profondément ému et honoré. C'est un défi, une nouveau pour moi, et je l'accepte." Ce mercredi matin, Blatter s'était présenté devant les membres du comité, conscient d'abattre une carte importante alors que les suspicions et oppositions se succédaient. "Nous savons tous que le bateau de la Fifa est dans des eaux mouvementées, dans des eaux troubles, mais il faut remettre le bateau sur le bon cours, je suis le capitaine, il m'appartient la responsabilité de le faire, mais je peux seulement le faire avec votre aide, vous les 208 fédérations de la Fifa réunies ici : vous êtes le propriétaire de la Fifa", avait entamé vigoureusement le président de la Fifa ce mercredi, quelques heures avant un vote sans suspense. Sepp Blatter lançait alors la deuxième journée du congrès des membres de l'instance réunis à Zurich. Or, le Suisse se sait au coeur du scandale qui touche la Fifa. Englué dans les affaires de corruption, mis en cause même par le président de la CONCACAF (instance gérant les fédérations des pays des Caraïbes et d'Amérique Centrale), le successeur de Joao Havelange parti en 1998 a surtout cherché à prôner l'unité au sein de son instance. "J'ai personnellement subi un camouflet" Une scène surréaliste alors que son seul opposant pour sa réélection, le Qatari Ben Hamman, a fini par se retirer suite à de nombreuses révélations de corruption et monnayage de votes lors de l'attribution de la Coupe du monde 2022 finalement glanée par le Qatar. Ben Hamman n'a toutefois pas renoncé à se battre, voulant "faire respecter ses droits". La réaction de l'ex-candidat n'est que l'énième soubresaut d'une affaire qui empoisonne l'instance depuis des mois, des années même si l'on prend en compte la suspension pour corruption de deux membres du comité exécutif l'an passé. La fédération anglaise avait ainsi demandé dès l'ouverture un report de l'élection du président, en raison du contexte troublé. La proposition a été rapidement rejetée par 172 voix contre 17, alors que l'Allemagne réclamait toujours l'ouverture d'une commission d'enquête pour un réexamen des conditions d'attribution au Qatar de l'organisation de la Coupe du monde 2022. Une décision actée le 2 décembre dernier et qui n'en finit pas de faire des vagues, l'Angleterre, également candidate, ayant immédiatement crié au scandale. "Je suis certain que vous serez d'accord pour m'accompagner et pour dire que nous pouvons régler tous les problèmes à l'intérieur de la Fifa, avec des instruments de contrôle et de gouvernance pour renforcer ceux qu'il y a déjà", a dès lors souligné Blatter, tout en présentant un code d'éthique. Le mode d'attribution des prochaines Coupe du monde pourrait également évoluer. Le Suisse a ainsi appelé ses comparses au "respect, discipline, fair-play, unité, solidarité et finalement confiance". Mais, le ton soudain moins assuré, le huitième président de l'histoire de la Fifa a toutefois avoué "avoir subi un camouflet". Les sponsors s'inquiètent En lice pour un quatrième mandat, Blatter a toutefois fini par être réélu, le tout après une ultime pirouette. Alors que les statuts de la Fifa autorisent la tenue d'un vote par acclamation lorsqu'un seul candidat est en lice (comme pour Michel Platini à la tête de l'Uefa dernièrement), le scrutin s'est finalement déroulé à bulletin secret. Le signe d'une extrême tension, le nouvel-ex président glanant finalement 186 voix sur 203 suffrages exprimés. Mais l'attitude du Suisse, niant lundi devant la presse toute preuve de corruption sur le dossier du Qatar 2022, le tout malgré les révélations du Sunday Times le visant directement, aura sérieusement écorné son image. "Le comité exécutif n'a pas reçu de preuves du Sunday Times étayant ses allégations contre d'autres membres de la Fifa: il n'y a rien. La Coupe du monde 2022 ne sera pas touchée", assurait ainsi Blatter mardi. Une analyse loin de satisfaire de nombreux acteurs, des présidents des fédérations allemandes et anglaises aux nombreux sponsors, manne financière considérable pour la Fifa qui tire l'essentiel de ses revenus de l'organisation de la Coupe du monde tous les quatre ans (droits télévisuels et sponsors principalement). Mardi, Visa et Coca-Cola, deux des partenaires historiques de la compétition, ont exprimé leurs réserves, appelant la Fifa à prendre les mesures nécessaires. "Nous devons remettre ce navire sur la bonne voie, pour cela, il nous faut un leader (...) et je suis prêt à le faire", leur a implicitement répondu Blatter. L'heure est désormais aux actes.