Blatter : "Pas de racisme dans le foot"

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Par Y.S. , modifié à

Alors que la Fédération anglaise accuse officiellement Luis Suarez d'avoir tenu des propos racistes à l'égard de Patrice Evra, il y a peu, au cours d'un match de Premier League, Sepp Blatter s'est illustré mercredi en banalisant, voire en niant, les cas de racisme dans le football. Une posture jugée scandaleuse par le ministre des Sports britannique et le patron du syndicat des joueurs outre-Manche, lesquels réclament la démission du président de la Fifa.

Alors que la Fédération anglaise accuse officiellement Luis Suarez d'avoir tenu des propos racistes à l'égard de Patrice Evra, il y a peu, au cours d'un match de Premier League, Sepp Blatter s'est illustré mercredi en banalisant, voire en niant, les cas de racisme dans le football. Une posture jugée scandaleuse par le ministre des Sports britannique et le patron du syndicat des joueurs outre-Manche, lesquels réclament la démission du président de la Fifa. "Il n'y a pas de racisme dans le football." Réputé pour ses maladresses, au mieux, quand il s'agit d'évoquer la place des femmes dans le football, l'homosexualité ou l'argent, Sepp Blatter a cette fois dérapé sur l'un des fléaux qui gangrènent le ballon rond et ses tribunes: le racisme. En cette période où les cas ne manquent pas - en témoignent les plaintes de Patrice Evra ou Anton Ferdinand à l'encontre de Luis Suarez et John Terry, coupables selon les premiers d'avoir proféré des insultes à caractère raciste en plein match - le président de la Fifa s'est fendu de propos pour le moins surprenants, mercredi, dans une interview diffusée sur l'antenne de CNN. "L'un des joueurs peut peut-être avoir à l'égard d'un autre un mot, un geste qui n'est pas correct. Mais celui qui en est la cible doit se dire: 'C'est un jeu, et à la fin du jeu on doit se serrer la main", dixit Blatter, lequel confirmera ensuite sa pensée dans un entretien accordé à Al Jazeera: "Sur le terrain, on dit parfois des choses qui ne sont pas très correctes. A la fin du match, c'est fini et on peut se comporter mieux au suivant." Une banalisation qui tranche singulièrement avec la gravité de faits reconnus par la Fédération anglaise de football même. "La FA accuse aujourd'hui Luis Suarez d'avoir utilisé un langage inapproprié et/ou lancé des insultes et/ou eu un comportement insultant envers Patrice Evra, en violation des règlements de la FA lors du match Liverpool-Manchester United à Anfield le 15 octobre, pouvait-on lire mercredi dans un communiqué officiel. Il aurait aussi été question de référence à l'origine sociale et/ou à la couleur de peau et/ou à la race de Patrice Evra." Pour Gordon Taylor, le patron du syndicat des joueurs outre-Manche, cette sortie médiatique du président de la Fifa est proprement scandaleuse, indigne de sa fonction: "Cela dépasse les bornes. De tels propos montrent qu'il atout faux, qu'il est dépassé, s'emporte l'intéressé auprès de Sky Sports. Il devrait laisser la place à Michel Platini (le président de l'UEFA, ndlr). S'il y a une personne qui devrait comprendre le racisme, c'est bien le président de la Fifa, qui compte 200 pays, faits d'histoires, de couleurs et de croyances différentes." Appelant clairement le Suisse à la démission, Gordon Taylor s'est vu relayé dans son indignation par le ministre des Sports britannique en personne: "Cela fait un moment que Blatter aurait dû démissionner... C'est très grave mais hélas il nous a habitués à ce genre de comportement", soufflait Hugh Robertson ce jeudi matin sur les ondes de la BBC. Sentant le vent se lever, Sepp Blatter a déjà pris soin de souligner que ses propos avaient été "mal interprétés". Et d'ajouter, quitte à se contredire: "Je ne veux pas sous-estimer le problème du racisme dans la société et le sport. Je m'engage à combattre cette plaie et à la chasser du football."