Bini: "Les filles n'ont peur de rien"

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Propos recueillis par MICHAEL BALCAEN , modifié à
L'équipe de France va débuter la Coupe du monde en Allemagne, dimanche face au Nigéria. Bruno Bini semble totalement confiant dans la capacité de son équipe à briller durant ce Mondial. S'il considère que dans ce groupe A l'Allemagne possède un statut de favorite, cela n'empêchera pas Bleues de jouer tous les coups à fond afin de bousculer la hiérarchie en place.

L'équipe de France va débuter la Coupe du monde en Allemagne, dimanche face au Nigéria. Bruno Bini semble totalement confiant dans la capacité de son équipe à briller durant ce Mondial. S'il considère que dans ce groupe A l'Allemagne possède un statut de favorite, cela n'empêchera pas Bleues de jouer tous les coups à fond afin de bousculer la hiérarchie en place. Dans quel état d'esprit débutez-vous cette Coupe du monde ? L'état d'esprit est parfait car tous les clignotants sont au vert. Il n'y a pas de pression, ce n'est que du bonheur. On est heureux de partir et on espère revenir le plus tard possible. Vous considérez-vous comme outsider dans le groupe A ? Non, l'Allemagne est favorite puisqu'elle gagne tout. Elles le sont tellement que c'est à guichet fermés jusqu'à la finale ! Mais si on est à 6 points et qu'on leur fait un mistigri, il faudra qu'elles revendent les places. On ne sait jamais, tout est possible mais normalement, on sera trois pour une place. Quel sera l'objectif durant cette Coupe du monde ? On a un objectif : se qualifier directement pour les Jeux Olympiques ! Ça veut dire aller en finale. On peut finir 3e et ne pas être sûr d'y aller. C'est ambitieux ! Si je dis, on va essayer d'avoir la chance de sortir des poules, on dire c'est un frileux, si je dis on y va pour être champion du monde, on va dire il se la pète. On a un objectif, c'est d'aller en finale pour faire les JO. Mais l'objectif est le même pour les 15 autres sélectionneurs. S'il y en a un qui dit le contraire, c'est un menteur. On veut tous gagner, après certains ont plus ceci ou cela mais on a aussi nos atouts à faire valoir, on n'a pas à faire de complexe. L'image de l'équipe de France a-t-elle changé ? On a changé de statut avec les éliminatoires qu'on a fait, avec Lyon... Avant les gens aimaient bien tomber dans la poule de l'équipe de France. Ils se disaient ils vont faire un tour et rentrer chez eux. Là, ils doivent se dire, mince, on est avec l'équipe de France. Après, c'est sûr qu'on préfèrera avoir fait nos points avant de jouer l'Allemagne. Mais s'il faut aller chercher la qualification contre l'Allemagne, on ira, elles n'ont peur de rien les filles. Elles vont s'arracher pour faire un résultat. Pouvez-vous nous présenter le Canada et le Nigéria ? Le Canada, ils sont comme nous, avec une opposition de style, ils sont plus athlétiques, je pense qu'on est plus techniques. Ça va être comme d'habitude contre ces équipes, à un duel physique on va répondre par un duel technique et tactique. Contre le Nigéria, on les connaît moins car elles sortent beaucoup moins mais on a quand même leurs 3 derniers matches en vidéo, Sandrine Roux, entraineur à la fédé a été les voir jouer, quelqu'un du service vidéo de Clairefontaine a été les filmer. Quelle pourrait être la différence avec une Coupe du monde pour les garçons ? La pression médiatique, c'est incomparable avec ce qu'il peut y avoir pour l'équipe de France A des garçons quand ils se déplacent n'importer où. Pour le reste, pour un entraîneur, c'est une Coupe du monde, c'est fantastique, il y a tout à gérer. Rien ne change à part cette pression médiatique, On n'est pas embêté, le président de la République n'est pas venu nous voir pour nous souhaiter bonne chance, on est tranquille. Est-ce un reproche ? Non, pas du tout, cela prouve qu'il y a encore du travail par rapport à la reconnaissance du sport féminin et du foot pratiqué par les filles. Pourtant, je n'ai pratiquement que des professionnelles. Après, c'est comme ça... Sur ce sujet, avez-vous eu des moments difficiles avec la presse ? Je vais vous raconter une anecdote. Match à enjeu contre la Norvège pour passer pour la première fois les quarts de finale d'un Euro, conférence de presse d'avant-match, j'ai eu un gros moment de solitude, j'étais tout seul avec ma capitaine, il n'y avait aucun journaliste français accrédité. La deuxième fois, c'était en Allemagne au début de ma prise de fonction lors d'un tournoi en Algarve (Portugal). On les écrase 1-0 en tirant 2 fois au but. Je vais à la conférence de presse, il y avait 3 agences de presse, des caméras environ 60 personnes ! Silvia Neid répond aux questions, elle s'en va, il n'y avait plus personne. On comptait pour rien. Ce sont des choses qui font mal et qu'on n'oublie pas. Le succès des Lyonnaises en Ligue des champions peut-il aider à changer les choses ? Il y a plusieurs choses qui participent à l'actuel élan, une belle campagne de qualifications de l'équipe de France, le passage en direct de nos matches sur Direct 8 ce qui nous a beaucoup plus exposés et le titre de Lyon qui a contribué. Comme nous n'avons pas eu beaucoup de matches officiels, le succès de Lyon a été une piqûre de rappel au niveau des médias et c'est bien. Et c'est une bonne chose pour le groupe car j'appelle ça la culture du c'est possible. J'ai récupéré des filles dans un état psychologique nickel. Et puis, il y a des filles comme Bompastor qui arrive à faire passer ce truc de la gagne. Quelles sont les spécificités du jeu féminin ? Le ballon reste plus dans l'aire de jeu. Quand le toubib entre sur le terrain, on se dit qu'il y a un problème, sinon les filles se relèvent tout de suite. Il n'y a quasiment jamais de contestation, on verra rarement 10 joueuses entourer un arbitre, c'est un petit peu de fraîcheur et au niveau de mon équipe, elles ne pensent qu'à jouer. Cela a des bons côtés même si c'est parfois embêtant mais elles ne pensent qu'à jouer. Et même si on se moque de moi, je persiste à dire que la qualité numéro 1 de l'équipe de France c'est qu'elle sourit dans la vie et sur le terrain.