Bilan 2010: Une histoire sans fin...

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Régis AUMONT , modifié à
La saison cycliste vient de s'achever sans point final. La suspension provisoire d'Alberto Contador, suspecté de dopage sur le Tour de France qu'il a gagné pour la troisième fois, jette un trouble sur une année qui avait vu avant cela un magnifique duel entre l'Espagnol et Andy Schleck sur les routes du mois de juillet, les Italiens reprendre des couleurs dans les grands Tours, Lance Armstrong dire au revoir à la Grande Boucle et Fabian Cancellara multiplier les coups de force. Sans oublier les affaires, toujours aussi nombreuses...

La saison cycliste vient de s'achever sans point final. La suspension provisoire d'Alberto Contador, suspecté de dopage sur le Tour de France qu'il a gagné pour la troisième fois, jette un trouble sur une année qui avait vu avant cela un magnifique duel entre l'Espagnol et Andy Schleck sur les routes du mois de juillet, les Italiens reprendre des couleurs dans les grands Tours, Lance Armstrong dire au revoir à la Grande Boucle et Fabian Cancellara multiplier les coups de force. Sans oublier les affaires, toujours aussi nombreuses... Achevée le 17 octobre par la victoire de David Millar lors du Chrono des Nations, la saison cycliste n'a pourtant pas encore livré toutes ses vérités. Ou plutôt sa vérité. Le nom du vainqueur de la plus grande épreuve de l'année, le Tour de France, n'est à ce jour pas encore gravé dans le marbre. La victoire d'Alberto Contador, sa troisième dans la grande messe de juillet, reste suspendue à la décision tant attendue de l'Union cycliste internationale. Suspecté de dopage, suite à un contrôle positif au clenbuterol lors de la deuxième journée de repos du peloton du Tour à Pau, l'Espagnol demeure aujourd'hui suspendu à titre provisoire. Si tout porte à croire que l'Union Cycliste Internationale, qui oeuvre en collaboration avec l'Agence Mondiale de l'Antidopage, aura du mal à prouver scientifiquement une éventuelle tricherie du Madrilène, cette affaire a porté un nouveau coup terrible à un sport embourbé dans les scandales depuis plus d'une décennie. Avant cela, le mano a mano livré entre Contador et Andy Schleck, départagés de seulement 39 secondes à Paris, avait enthousiasmé les foules. Le coup du «dérailleur» dans l'ascension du Port de Balès avait même fait naître une rivalité dont la Grande Boucle se nourrit depuis toujours. Hélas, le rendez-vous fixé en 2011 par les deux grimpeurs filiformes est désormais entre parenthèses, suspendu à la décision d'une instance qui n'a pas eu à régler qu'une affaire de ce type cette année. De nombreux autres coureurs espagnols ont été rattrapés par la patrouille, à commencer par Alejandro Valverde, suspendu jusqu'au 31 décembre 2011, et Ezequiel Mosquera, trop épatant deuxième du Tour d'Espagne. La lutte contre le dopage continue de faire tomber des masques. Cela montre la volonté de certains dirigeants de continuer à faire le ménage et les moyens mis en oeuvre dans la recherche pour débusquer les tricheurs. Moreau et Pereiro mettent le clignotant Eux aussi souvent mêlés aux scandales ces dernières années, les Italiens ont trusté, par l'intermédiaire d'Ivan Basso et Vincenzo Nibali, coéquipiers chez Liquigas, deux des trois grands Tours du calendrier mondial avec leurs succès respectifs sur le Giro et la Vuelta. Basso, repenti de l'affaire Puerto revenu proche du niveau qui était le sien avant sa suspension, inspirera peut-être d'autres bannis de retour en cours de saison. On pense là aux Ricco, Kashechkin, Sinkewitz et autres Rasmussen. 2010 a évidement aussi été marquée par la dernière apparition de Lance Armstrong sur le Tour de France. Une épreuve qui lui a sans doute plus apporté que l'inverse et sur laquelle il aura régné entre 1999 et 2006 malgré les soupçons. Troisième pour son grand retour l'an dernier, le Texan n'a pas existé cette fois-ci. Il part avec la certitude de rester encore quelques années au moins le recordman de victoires mais pas avec la tranquillité de l'homme irréprochable. C'est désormais aux enquêteurs du parquet de New York que l'ancien maillot jaune va devoir des comptes dans le cadre d'une information sur un éventuel dopage organisé à l'époque de l'US Postal. Un temps accusé de dopage...mécanique, Fabian Cancellara peut lui légitimement postuler au titre de coureur de l'année. Le Suisse, présent du début à la fin de la saison, a réussi l'exceptionnel doublé Tour des Flandres-Paris-Roubaix qui a fait naître des doutes, images à l'appui, de l'utilisation d'un petit moteur. Peu perturbé par cette polémique éteinte en moins de deux, «Spartacus» a ensuite porté le maillot jaune du Tour durant six journées avant de terminer l'année comme il en a l'habitude, avec un quatrième titre mondial en contre-la-montre. Les saisons se suivent et se ressemblent pour l'équipier des frères Schleck qui, plus que le valeureux Joaquim Rodriguez, mériterait la place de n°1 mondiale sur les douze derniers mois. C'est aussi à Geelong, près de Melbourne, qu'une autre forte tête du peloton est devenue maître du monde début octobre. Thor Hushovd a profité d'un tracé taillé à sa mesure pour déposséder sur ses terres Cadel Evans de son maillot irisé. Une victoire qui donne plus de relief encore à la belle carrière du Norvégien et qui compte bien davantage que les 21 succès d'Andre Greipel, l'homme qui a le plus souvent levé les bras sur les lignes d'arrivée en 2010. L'Allemand ne sera plus l'an prochain sous la domination de Mark Cavendish chez HTC-Columbia, l'homme le plus rapide du peloton ayant encore fait mouche sur le Tour l'été dernier (cinq victoires), et pourrait bien profiter de son nouveau statut protégé chez Omega-Pharma pour s'affirmer à l'avenir comme la plus grande menace du «bad boy» britannique. Enfin, si les Français ont réussi une saison correcte, avec une mention spéciale lors du Tour de France (6 victoires d'étapes), l'un de leurs guides a décidé de mettre un terme à sa carrière (au même titre qu'Oscar Pereiro, lauréat du Tour 2006 suite au déclassement de Floyd Landis, ndlr). A 39 ans, et après seize années professionnelles, Christophe Moreau a estimé qu'il était temps de passer à autre chose. Son fait d'armes restera une quatrième place au classement général de la Grande Boucle 2000, course sur laquelle il aura porté pendant deux jours le maillot jaune l'année suivante. Depuis la France se cherche désespérément un coureur capable de viser le podium sur l'épreuve par étapes la plus relevée du monde. Celle dont on attend toujours le dénouement de la 97e édition alors que le tracé de la 98e a été dévoilée la semaine dernière à Paris. Ainsi va le cyclisme.