Barcelone, les voilà !

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LAURENT DUYCK , modifié à
Près de dix ans que toute une région attendait ça. Depuis sa finale perdue de 2003 face au Stade Toulousain, l'Usap avait fait le voeu de délocaliser un quart de finale de H Cup à Barcelone sans en n'avoir jamais l'occasion. Le peuple catalan sera enfin exaucé et réuni samedi à Montjuich, où 54 000 spectateurs, dont près de 15 000 venus de Catalogne sud, ont répondu à l'appel de la "Festa del rugbi catala".

Près de dix ans que toute une région attendait ça. Depuis sa finale perdue de 2003 face au Stade Toulousain, l'Usap avait fait le voeu de délocaliser un quart de finale de H Cup à Barcelone sans en n'avoir jamais l'occasion. Le peuple catalan sera enfin exaucé et réuni samedi à Montjuich, où 54 000 spectateurs, dont près de 15 000 venus de Catalogne sud, ont répondu à l'appel de la "Festa del rugbi catala". Toute la ville et ses environs ne parlent plus que de ça. Ça ? Le quart de finale de la H-Cup entre Perpignan et Toulon. Une affiche certes prometteuse sur le papier mais qui, à première vue, s'inscrit ni plus ni moins dans la continuité de ce que l'Usap, invitée depuis trois ans des phases finales, a pris l'habitude de proposer à ses supporters. Et pourtant cette rencontre, programmée samedi après-midi, ne sera comme aucune autre, car délocalisée, une première dans l'histoire du club et de la ville, à Barcelone, la grande soeur catalane posée de l'autre côté des Pyrénées. Un rêve vieux de près de dix ans, né au sortir d'une finale de H Cup perdue à Lansdowne Road, en 2003, face au Stade Toulousain, mais inassouvi depuis faute pour l'Usap de s'être qualifiée en position de "recevoir" en quart de finale de la compétition. Une quête qui prend enfin forme sous le titre de "Festa del rugbi catala", la fête du rugby catalan. Grâce aux joueurs, premiers de leur poule, forts d'une double performance de haut niveau face au champion d'Angleterre en titre (24-19 à Aimé-Giral, 22-22 à Leicester). Grâce à l'acharnement du président Paul Goze, qui s'est battu depuis des années pour imposer cette idée. Mais aussi grâce à la complicité du grand FC Barcelone. Un ticket à 400 000 euros... "Notre collaboration avec le Barça n'a posé aucun problème. On a rencontré des gens qui ne connaissaient pas bien le rugby, mais qui étaient très ouverts. On a essayé de faire comprendre ce qu'était notre sport et quelles étaient nos attentes", explique Paul Goze aujourd'hui dans les colonnes de L'Indépendant. Un partenaire à la puissance financière incomparable qui a permis d'aller au bout de l'aventure. "On n'est pas sur la même échelle, il n'y a qu'à regarder nos budgets, l'un étant vingt fois supérieur à l'autre... A partir de là, il y a certaines choses que l'Usap ne peut pas réaliser. La campagne de promotion qui a été faite en mars au Camp Nou, on n'aurait pas pu la faire si on avait été seul", avoue le président catalan, fier d'avoir réussi à mobiliser les artistes Jordi Alcaraz pour les affiches et Lionel Messi, mis en scène dans un dessin animé, pour le clin d'oeil. Une campagne à laquelle le peuple catalan a été sensible, le stade de Montjuich, où s'est rabattue l'Usap puisque le Barça recevra Almeria samedi au Camp Nou, ayant fait le plein pour l'occasion. "Même s'il y a longtemps qu'on parlait de ce match à Barcelone et que je pensais qu'il y aurait un engouement certain, mettre 54 000 personnes dans un stade, ce n'était pas couru d'avance", se félicite le patron de l'Usap. "C'est un immense succès chez nous (avec quelque 32 000 billets vendus dans les Pyrénées Orientales, ndlr), mais mobiliser 15 000 supporters au sud, pour une première approche, c'est une satisfaction et un sujet d'étonnement. Et dire qu'on aurait pu vendre plus..." Un succès populaire qui répond au voeu de Sandro Rosell, le président du Barça: "Nous voulons que ce soit la fête de la catalanité, une valeur forte que véhiculent aussi bien l'Usap que le Barça. Il est important pour nous de montrer notre tendresse pour l'Usap, ce lien fraternel qui nous unit." Un lien qui s'exprime aujourd'hui à travers la compétition européenne, "un objectif majeur parce qu'elle est très importante sur le plan financier et de l'image. Mais également concernant notre aventure avec le Barça", prévient Paul Goze. Les espoirs de l'Usap de se qualifier la saison prochaine pour la compétition via le Top 14 ayant été fortement plombés par sa défaite concédée vendredi dernier contre Toulouse (24-25), ce quart de finale européen prend encore plus d'importance, les Catalans n'ayant plus que trois matches à gagner pour préserver cette bonne habitude ininterrompue depuis 2001. Et si Perpignan ne se qualifiait pas ? "Ça nous coûterait environ 400 000 euros", répond le président de l'Usap qui a déjà la parade: "De toute façon, si on est privé de H-Cup, on délocalisera un match de championnat à Barcelone l'an prochain." Histoire d'entretenir cette fraternité entre deux mondes, celui du rugby et du football, réunis autour de la même racine, la catalanité que définit ainsi Paul Goze: "Etre Catalan, c'est comme être français, la définition est politique: il faut être né dans le pays ou l'adopter..." Visiblement l'Usap a été adoptée par le Barça.