Banque Populaire, le sud en avance

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AXEL CAPRON , modifié à
C'est vendredi à 5h56 que Banque Populaire V, parti samedi dernier à l'assaut du Trophée Jules-Verne, a franchi l'équateur après 5 jours 17 heures 44 minutes et 15 secondes, soit le deuxième temps de l'histoire sur le tronçon Ouessant-équateur, et une courte marge de 1h22 d'avance sur le tableau de marche de Groupama 3, détenteur du record autour du monde. Pascal Bidégorry et ses hommes attaquent le contournement de l'anticyclone de Sainte-Hélène.

C'est vendredi à 5h56 que Banque Populaire V, parti samedi dernier à l'assaut du Trophée Jules-Verne, a franchi l'équateur après 5 jours 17 heures 44 minutes et 15 secondes, soit le deuxième temps de l'histoire sur le tronçon Ouessant-équateur, et une courte marge de 1h22 d'avance sur le tableau de marche de Groupama 3, détenteur du record autour du monde. Pascal Bidégorry et ses hommes attaquent le contournement de l'anticyclone de Sainte-Hélène. Ni euphorie ni abattement vendredi chez Pascal Bidégorry lors de la vacation spéciale organisée par l'équipe de Banque Populaire pour le passage de l'équateur. Quelques heures plus tard, à 5h56, le maxi-trimaran Banque Populaire V avait basculé dans l'hémisphère Sud après 5 jours 17 heures 44 minutes et 15 secondes de mer. Pas le record sur le tronçon Ouessant-équateur, puisque Franck Cammas et son équipage de Groupama 3 avaient avalé l'Atlantique Nord en 5 jours 15 heures et 23 minutes le 11 novembre 2009 lors de leur première tentative (qui s'arrêtera une petite semaine plus tard) de l'hiver 2009-10. En revanche, Banque Populaire V possédait une courte avance de 1h22 sur le tableau de marche du même Groupama 3 sur son Jules-Verne victorieux l'an dernier. Une avance qui aurait pu être plus importante si le maxi trimaran n'avait pas été freiné au moment de traverser le Pot au noir, cette fameuse zone de convergence des alizés des hémisphères Nord et Sud, toujours redoutée des marins. "On a eu des gros grains, mais que de la flotte et que de la molle, on n'a pas pris de suractivité au niveau du vent, a commenté vendredi le skipper Pascal Bidégorry. La journée a été un peu tendue hier, c'est toujours plus facile de faire du bateau quand il y a un peu de vent." Et le Basque de se consoler en constatant que son bateau reprenait peu à peu de la vitesse, filant, au moment de la vacation vendredi à midi, à 27 noeuds au travers avec 15-17 noeuds de vent: "On va retrouver du vent établi, ça va permettre de décharger la tension du petit temps dans le Pot au noir, car c'était un Pot pourri. C'est un peu déstabilisant car on a dû faire 29 noeuds de moyenne pour être à l'entrée du Pot au noir, et hier, je ne sais même pas si on a fait 12 noeuds de moyenne. C'est un peu dommage, on avait l'opportunité de faire un très bon chrono après quatre premier jours de course, il en a décidé autrement. C'est la première fois que je passais le Pot avec autant d'activité nuageuse et aussi peu de vent.""On ne va pas lâcher le morceau" L'heure n'est cependant pas aux regrets et Pascal Bidégorry, assisté de son navigateur espagnol Juan Vila, a désormais les yeux tournés vers le prochain obstacle du tour du monde, l'anticyclone de Sainte-Hélène, visiblement bien installé sur l'Atlantique Sud: "Il y a une assez forte probabilité qu'on passe assez proche du Brésil, la sécurité voudrait qu'on essaie de contourner le plus près possible de la côte car l'anticyclone de Sainte-Hélène est très large d'est en ouest, il nous barre complètement la route. Il va falloir faire le grand tour, au moins dans sa partie nord, ça va ressembler à trajectoire de la Barcelona, il faut aller dans du vent pour se servir des performances du bateau, on accepte de se rallonger la route." Bon exemple que cette Barcelona World Race qui avait souri aux deux bateaux contraints de s'arrêter pour une escale technique au Brésil, Virbac-Paprec 3 et Foncia (ce dernier a depuis abandonné), alors que ceux qui avaient tenté de raccourcir la route avaient été happés par l'anticyclone de Sainte-Hélène, perdant plus de 500 milles dans l'histoire ! Par rapport à Groupama 3, Banque Populaire V devra sans doute faire plus de route, mais sa vitesse supérieure pourrait lui permettre de limiter la casse, à condition d'avoir toujours suffisamment de vent. La courte avance sur le tableau de marche de Franck Cammas et ses hommes sera-t-elle encore d'actualité après ce "grand tour" ? Elle a en tout cas le mérite de conforter l'équipage, à en croire Pascal Bidégorry qui conclut: "C'est bien de voir qu'on est dans le rythme, mais on est au début de l'histoire. On ne lit pas dans une boule de cristal, il y aura des moments où on sera peut-être euphoriques parce qu'on est en avance, d'autres où ce sera un peu plus dur à vivre car on sera en retard, c'est la loi des records. La grande force de l'équipage de Franck Cammas, c'est qu'il a su garder le bon tempo, ça leur a réussi. Nous aussi, on est dessus, on ne va pas lâcher le morceau, ça c'est certain."