Attention, chaussée polémique !

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TOUR DE FRANCE - La descente du col de Stockeu était au coeur des débats à Spa.

"Il y a eu assez de bobos comme ça." Fabian Cancellara, maillot jaune du Tour et, à ce titre, "patron du peloton", a tranché. Il n'y aura pas de course derrière Jürgen Roelandts et Sylvain Chavanel, finalement vainqueur de l'étape et nouveau maillot jaune. Quelques kilomètres après la descente chaotique qui a jeté une grande partie des coureurs à terre dans le col de Stockeu, le coureur de l'équipe Saxo Bank a convenu d'une neutralisation de la course avec Jean-François Pescheux, le directeur de l'épreuve.

"Je pense que l'équité devait passer avant l'égoïsme, a expliqué le Suisse. C'était la bonne chose à faire : attendre pour que tout le monde passe la ligne d'arrivée ensemble. Quand vous avez tout le monde à terre et des coureurs cinq minutes derrière parce qu'ils ne retrouvent pas leur vélo, c'est normal." Mais parmi ces "coureurs à terre", il y avait les deux leaders de Cancellara, à savoir Frank et Andy Schleck.

Écoutez Fabian Cancellara parler de "fair-play" au micro d'Alban Lepoivre :

Le champion du monde du contre-la-montre ne cache pas ses intentions au moment de s'expliquer sur les raisons du "boycott". "Le cyclisme est un sport collectif, les Schleck étaient derrière alors je les ai attendus. L'autre raison est aussi de permettre à tout le monde de revenir." Mais si les frères Schleck sont arrivés avec le premier groupe à 3'56" du vainqueur du jour, ce ne fut pas le cas d'autres coureurs qui auraient pu espérer une "place" à Paris, comme l'Italien Damiano Cunego (Lampre), arrivé à 8'51". Si l'"accord tacite" entre Cancellara et l'organisation a été insuffisant pour "sauver" certains coureurs, il en a sérieusement agacé d'autres, à commencer par certains candidats au maillot vert.

"Il y a eu un "gentlemen's agreement" mais j'ai perdu une occasion de gagner l'étape et de prendre des points", s'est lamenté à l'arrivée le Norvégien Thor Hushovd (Cervélo), qui a fait rouler un temps son coéquipier Jeremy Hunt pour revenir sur l'échappée. Si les temps pour le maillot jaune ont été enregistrés, aucun coureur n'a marqué de point pour le maillot vert mis à part le vainqueur, Sylvain Chavanel. D'autres coureurs ont rejoint l'avis d'Hushovd, notamment l'Australien Simon Gerrans (Team Sky), qui, via Twitter, lui a affirmé son soutien.

Jamais avare en remarques dès qu'il s'agit de commenter l'organisation d'une épreuve, Lance Armstrong, qui est allé lui aussi à terre lundi après-midi, s'est contenté de donner sa version des faits. "La route était très glissante, il n'y avait pas moyen de rester en selle, a-t-il expliqué. Avec tout ce monde par terre, c'était complètement irréel. Quand je suis remonté à vélo, j'ai dépassé des coureurs qui étaient tombés. C'était un peu comme à la guerre."

Son manager, Johan Bruyneel, mesuré dans la vidéo officielle diffusée sur le site de RadioShack, aurait été beaucoup plus critique selon l'agence Reuters qui rapporte ses propos : "les coureurs sont des cons, il n'y a pas lieu de protester quand il pleut." Et dire qu'aujourd'hui, ce sont les pavés...