Athlètes au volant

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Jean-Philippe GUNET , modifié à
Des monoplaces de 620 kg, équipées de moteur V8 de près de 800 chevaux, à piloter pendant un peu plus de 1h30 à 200 km/h de moyenne : impossible de le faire sans être un athlète de haut niveau. Car les performances exceptionnelles des F1 imposent des contraintes terribles aux corps de leurs pilotes, obligés de suivre un entraînement rigoureux.

Des monoplaces de 620 kg, équipées de moteur V8 de près de 800 chevaux, à piloter pendant un peu plus de 1h30 à 200 km/h de moyenne : impossible de le faire sans être un athlète de haut niveau. Car les performances exceptionnelles des F1 imposent des contraintes terribles aux corps de leurs pilotes, obligés de suivre un entraînement rigoureux. Dallas, le 8 juillet 1984. Peu avant l'arrivée du Grand Prix des Etats-Unis, Nigel Mansell sort de sa Lotus en panne, pour la pousser. Avant de s'effondrer, évanoui sur le circuit surchauffé. Sept ans plus tard, Ayrton Senna remporte pour la première fois le Grand Prix du Brésil, devant ses fans. Alors qu'il coupe la ligne d'arrivée, ses hurlements dans le micro impressionnent: ils sont dûs autant à la joie qu'à la douleur physique liée à l'épuisement. Deux exemples qui illustrent le niveau d'exigence physique que la F1 imposait alors à ses pilotes, et impose encore aujourd'hui. L'adhérence et les performances exceptionnelles des monoplaces impliquent en effet qu'à chaque freinage et dans beaucoup de virages, le pilote encaisse un certain nombre de G. S'il subit 1 G, c'est qu'une force équivalent au poids de son corps s'exerce sur lui. Pour 2 G, c'est deux fois le poids de son corps, etc. Pas loin des pilotes de chasse Sur le circuit de Suzuka, cadre du Grand Prix du Japon le 10 octobre, les pilotes encaissent plus de 3 G dans les « Esses » et 4,5 G dans le virage de Degner. A Interlagos, où se disputera le Grand Prix du Brésil le 7 novembre, le virage Ferradura impose plus de 3 G aux pilotes. En courbe, ce sont des G latéraux, qui sollicitent les muscles du cou. Au freinage, la décélération fait peser sur les pilotes 4 à 5 G. Les pilotes de chasse peuvent aller jusqu'à 9 G, le stade où ils risquent l'évanouissement. Impossible de supporter de telles sollicitations sans un entraînement sévère. Les pilotes consacrent généralement chaque intersaison, en hiver, à maintenir leur musculature au point. Les résultats peuvent être impressionnants : au faîte de sa gloire, Michael Schumacher a étonné plus d'une fois en étant frais à l'arrivée, prêt à bondir d'un bon mètre sur le podium... Sur certaines courses, les pilotes doivent aussi gérer la chaleur et la déshydratation. Actuel pilote Renault, Robert Kubica a ainsi dit que pour le Grand Prix de Malaisie, il préfèrerait avoir du thé plutôt que de l'eau à bord de son cockpit (avec une paille reliée au casque). Vu les températures ambiantes (de 30°C à 40°C) et l'humidité, l'eau devient vite chaude et donc imbuvable...