Armstrong ou l'art de la communication

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DOPAGE - Dans une interview donnée à Oprah Winfrey, l'ancien cycliste devrait faire des aveux.

C'est bientôt l'heure des "Confessions intimes" pour Lance Armstrong. Dans la nuit de jeudi à vendredi (à partir de 3h du matin, heure française), le septuple vainqueur du Tour de France déchu de ses titres par l'Union cycliste internationale (UCI) sera à la télévision face à Oprah Winfrey. Mais que va-t-il dévoiler ? La machine sportive va-t-elle surtout réussir à attendrir le public américain ?

Oprah Winfrey, "pas vraiment un hasard"

"Tout est toujours maîtrisé avec Armstrong", prévient Michel Desbordes, professeur de marketing sportif à l'ISC Paris. "Choisir Oprah n'est pas un hasard. Ce n'est pas vraiment la même chose que de se présenter sur CBS à 20h sans connaître les questions. Dans cette interview, c'est Armstrong lui-même qui fixe les règles". Depuis mardi, il n'y a plus de doute, Armstrong va parler.

L'art du teasing, façon Oprah Winfrey :

Que va dire Armstrong ? Dans le détail exactement, on ne le sait pas. Selon certains médias américains qui auraient eu connaissance du contenu de l'émission (enregistrée lundi), Armstrong aurait avoué s'être dopé. Mais ce n'est pas tout. "LA" pourrait aussi "mouiller" plusieurs anciens dirigeants cyclistes. L'opération mea culpa est donc savamment orchestrée. Oprah, elle-même, assure le service après-vente. Mardi, elle a déclaré qu'elle avait été "surprise" par la teneur des propos de "LA". "Je dirais qu'il n'a pas fait ses aveux tels qu'on les attendait". Et comme si le teasing n'était pas assez parfait, la présentatrice en a rajouté une couche. "La matière est si riche" qu'elle a décidé de diviser son talk show en deux parties. Résultat : double ration d'interview, diffusée jeudi et vendredi. 

"L'argument classique : tout le monde se dope"

Depuis plusieurs jours, le public américain est donc déjà préparé aux futurs aveux de Lance Armstrong. Reste maintenant à convaincre les téléspectateurs. "Je pense qu'il va utiliser l'argument classique dans le monde du vélo", pronostique Michel Desbordes, professeur de marketing sportif à l'ISC Paris. "Il va expliquer que le vélo est un sport tellement dur qu'il faut se doper. 'Je me suis dopé. Les autres aussi. Mais j'ai gagné sept Tours de France'".

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Et puis Armstrong est rôdé à l'exercice. "Il a toujours maîtrisé les interviews durant sa carrière sportive", rappelle Michel Desbordes, professeur de marketing sportif à l'ISC Paris. Critiqué pour sa capacité à contrôler un peu trop la course en 2003-2004, l'Américain revient l'année d'après en ayant appris quelques notions de français. Rien n'est jamais laissé au hasard avec Armstrong. "Patrice Evra à Knysna, Marie-José Pérec à Sydney, Richard Virenque sur le Tour, autant de sportifs qui ont commis des bourdes incroyables en com'. Lui, jamais".  

Armstrong, le futur Monsieur propre du cyclisme ?

Et si l'ancien cycliste allait même un peu plus loin ? "Je ne serai pas surpris s'il exprimait publiquement de gros regrets", conclut Michel Desbordes. "Pour montrer qu'il a changé, il pourrait très bien créer une association de lutte antidopage aux Etats-Unis. Et dans deux ans, il serait capable d'être le porte-parole de la lutte antidopage".