Amère est la terre

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François QUIVORON , modifié à
Battue à plate couture par l'Espagne en demi-finales de la Coupe Davis (4-1), l'équipe de France a touché ses limites sur terre battue face à des joueurs élevés sur cette surface. Ce revers relance le débat sur le développement et la progression des joueurs tricolores sur l'ocre, tout comme sur l'augmentation des courts en terre battue en France que Guy Forget appelle de ses voeux.

Battue à plate couture par l'Espagne en demi-finales de la Coupe Davis (4-1), l'équipe de France a touché ses limites sur terre battue face à des joueurs élevés sur cette surface. Ce revers relance le débat sur le développement et la progression des joueurs tricolores sur l'ocre, tout comme sur l'augmentation des courts en terre battue en France que Guy Forget appelle de ses voeux. Sans surprise, l'équipe de France est tombée sur plus forte qu'elle. L'Espagne de Rafael Nadal, chez elle sur terre battue, condamnait les Bleus à un exploit qu'ils n'ont jamais été en mesure d'accomplir tout au long du week-end (4-1). Sans Gaël Monfils, blessé, la mission était déjà bien compliquée, mais il n'est pas certain que sa présence à Cordoue aurait changé l'issue de la rencontre. "Est-ce que Gaël Monfils aurait battu Rafael Nadal ? La réponse est non. Etait-il capable de battre Ferrer ? Je me pose la question, s'interroge Guy Forget. Peut-être, mais il aurait pu perdre aussi quand on voit la manière dont Ferrer a joué avec le soutien de son public." Même pourvue de ses meilleurs éléments, la France ne dispose pas encore des joueurs pour inquiéter Nadal dans un match au meilleur des cinq sets (seul Robin Söderling l'a battu à Roland-Garros en 2009). "Ce que j'aimerais, et ça n'a pas été le cas malheureusement, c'est, dans les grandes rencontres, avoir tout le monde en forme, au même moment et avoir un problème de riche à résoudre", poursuit Forget. Mais le problème se situe peut-être ailleurs, notamment dans la propension des joueurs français à s'exprimer sur terre battue. Cette surface ne sied pas au puncheur Jo-Wilfried Tsonga, au contreur Gilles Simon et à l'imprévisible Richard Gasquet. Et ce débat revient inlassablement dès que les Bleus trébuchent en Coupe Davis sur l'ocre. Forget: "On veut bien jouer tout le monde sur terre battue, mais pas l'Espagne" L'Espagne, c'est ce qui se fait de mieux sur terre battue. Un épouvantail que Forget n'a pas envie de recroiser de sitôt: "C'est une surface pour nous, contre l'Allemagne, contre les Etats-Unis, contre peut-être même la Serbie. Mais ce n'est pas une surface pour nous contre l'Espagne. On veut bien jouer tout le monde sur terre battue, mais pas l'Espagne." Comment alors s'approcher autant que possible du niveau des Espagnols, élevés et nourris à la terre depuis leurs premiers coups de raquette ? "Quand on voit la manière de jouer des Espagnols et l'efficacité qu'ils ont dans le jeu de jambes, dans la régularité, c'est quelque chose qui s'apprend tout petit, insiste le capitaine tricolore. Et plus on va être capable de jouer sur cette surface-là tôt, plus on aura des joueurs capables de bien jouer à Roland-Garros." La solution ? Augmenter le nombre de courts en terre battue en France. "Il y a une vraie volonté politique de le faire, de mettre pas mal de courts en terre battue dans certains centres, précise Forget. Moi, je suis partisan de le mettre de manière systématique dans tous nos pôles et dans tous nos centres d'entraînement pour qu'on puisse avoir des joueurs avant tout forts sur cette surface, et accessoirement sur d'autres, plutôt que l'inverse." Ce processus, onéreux, prendra du temps à se mettre en place et les fruits des investissements longs à cueillir. Mais il y a dans l'équipe de Forget des joueurs à l'envie irrépressible de gagner ensemble la Coupe Davis. L'enjeu pour le capitaine, à court terme, reste de fédérer ses hommes autour de ce projet commun et aborder la campagne 2012 remonté à bloc.