Agnel sans regret

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LAURENT DUYCK , modifié à
S'il avait raté sa finale du 400 mètres nage libre pour échouer à la sixième place dimanche, Yannick Agnel a cette fois-ci fait sa course sur 200 mètres, battant mardi lors des Mondiaux de Shanghai son propre record de France d'une demi-seconde (1'44''99). Mais le Niçois a encore échoué loin du podium, offert à l'Américain Ryan Lochte, dominateur devant son compatriote Michael Phelps et l'Allemand Paul Biedermann.

S'il avait raté sa finale du 400 mètres nage libre pour échouer à la sixième place dimanche, Yannick Agnel a cette fois-ci fait sa course sur 200 mètres, battant mardi lors des Mondiaux de Shanghai son propre record de France d'une demi-seconde (1'44''99). Mais le Niçois a encore échoué loin du podium, offert à l'Américain Ryan Lochte, dominateur devant son compatriote Michael Phelps et l'Allemand Paul Biedermann. "Une prochaine fois..." D'habitude enjoué devant la presse, Yannick Agnel avait du mal à cacher sa déception à la sortie du 200 mètres nage des Mondiaux de Shanghai. Une course taillée pour lui sur laquelle il pensait pouvoir gratter, à 19 ans, une première récompense mondiale, une conviction renforcée par le meilleur chrono réussi la veille en demi-finales (1'45"62). Mais un 200 mètres mondial ne s'offre pas au premier venu. Même à un garçon aussi doué et déterminé que le Français. Même à un nageur capable de battre son record personnel de près d'une demi-seconde en finale (1'44"99) pour fixer un nouveau record de France sous les 1'45". Ça n'a pas suffi, quatre hommes faisant mieux, Ryan Lochte en tête, capable de s'échapper après 100 mètres pour s'envoler vers le titre mondial (1'44"44) devant son compatriote et champion olympique en titre, Michael Phelps (1'44"79), et l'Allemand Paul Biedermann, le champion du monde 2009 de Rome (1'44"88). Preuve de la densité de ce 200 mètres, Tae Hwan Park, fraîchement auréolé d'une médaille d'or sur 400 mètres, a lui échoué au pied du podium. "Je ne pensais pas que ça nagerait aussi vite, a reconnu le protégé de Fabrice Pellerin. Ça prouve qu'il y avait un sacré niveau. Ce n'est pas pour rien qu'on faisait tout un foin de cette finale." L'expression est mal choisie pour désigner ce qui restera comme l'un des deux événements de ces Mondiaux avec le 100 mètres nage libre programmé jeudi. "J'ai entendu parler de course du siècle. C'est plutôt sympa d'avoir participé à un truc comme ça, surtout en étant en pole position après les demi-finales." Le plaisir est là. Celui d'avoir participé à l'événement, pas de l'avoir subi comme deux jours plus tôt en finale du 400 mètres où, à trop regarder ses adversaires, il avait échoué à une décevante sixième place. "J'ai fait la course que j'ai voulu, appréciait-il. Le but était de se focaliser sur soi-même. J'ai essayé de ne pas m'emballer dès le début, de faire un bon premier 100 mètres, de remettre un petit coup sur le troisième 50 pour revenir puis de finir avec les tripes." Rendez-vous aux Jeux Il ne lui aura manqué un peu plus de fraîcheur sur le dernier 50 mètres pour tenir sa deuxième place, battu sur le fil par Phelps et Biedermann. Et peut-être d'un peu d'expérience. "Il y avait un plateau très relevé, mes concurrents étaient très costauds, ça prouve qu'il y a encore beaucoup de travail à accomplir, notait-il avec la maturité qui le caractérise. Quoiqu'il en soit, ils ont tous entre cinq et sept ans de plus que moi, à peu près. Ce n'est pas leurs premiers championnats, ils ont déjà pas mal d'expérience." Il clôt son chapitre personnel, après avoir fait l'impasse sur le 4x100, sans médaille individuelle, avec une dernière chance de quitter Shanghai avec une médaille sur 4x200 mètres nage libre. Et déjà avec la satisfaction d'avoir grandi. "J'ai beaucoup appris, engrangé énormément d'expérience, des choses dont je me servirai lors des prochains championnats. Des erreurs que je ne commettrai pas", se persuade-t-il. La première sera d'avoir peut-être surestimé ses adversaires: "On se dit que tout le monde va réaliser ses meilleurs temps. Finalement, on se rend compte que tout est à portée, qu'il faut se focaliser sur soi et pas sur les autres pour gagner." Et ce message en guise de conclusion: "Je suis très motivé et j'ai hâte de recommencer. La prochaine fois, ce sera la bonne." La prochaine fois, ce sera à Londres lors des Jeux Olympiques, avec peut-être Ian Thorpe et Sun Yang, pour ce qui s'annonce déjà comme la course du siècle.