Agnel, grand parmi les géants ?

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LAURENT DUYCK , modifié à
Sa sixième place sur le 400 mètres nage libre lui a laissé un goût d'inachevé. Yannick Agnel a l'occasion de se rattraper mardi en finale du 200 mètres nage libre même s'il aura fort à faire au milieu de Tae Hwan Park, Ryan Lochte, Paul Biedermann ou encore sa Majesté Michael Phelps dans une course qui s'annonce comme l'un des événements de ces Mondiaux de Shanghai.

Sa sixième place sur le 400 mètres nage libre lui a laissé un goût d'inachevé. Yannick Agnel a l'occasion de se rattraper mardi en finale du 200 mètres nage libre même s'il aura fort à faire au milieu de Tae Hwan Park, Ryan Lochte, Paul Biedermann ou encore sa Majesté Michael Phelps dans une course qui s'annonce comme l'un des événements de ces Mondiaux de Shanghai. "J'ai voulu frapper un peu du poing sur la table. J'ai mis les choses au point, autant pour moi que pour les nageurs de la finale." Il n'a beau avoir que 19 ans et vivre à Shanghai ses premiers Mondiaux, Yannick Agnel n'est pas homme à se démonter. Qu'importe les circonstances. Qu'importe les adversaires. "C'est quelqu'un d'orgueilleux. Etre battu par quelqu'un, c'est une chose. Mais il n'aime pas être un peu moins fort que lui-même", décrypte Fabrice Pellerin, son entraîneur. Son détachement devant la presse dimanche soir ne trompait pas. Le Niçois, seulement sixième du 400 mètres nage libre quand ses camarades du relais croquaient l'argent du 4x100, sait qu'il est passé à côté de son premier rendez-vous chinois. Et qu'il n'a pas d'autre choix que de se rattraper sur 200 mètres nage libre ce mardi soir (12h02 en France). "S'il veut une médaille, il va falloir aller la chercher en individuel", rappelait Pellerin à la veille de la compétition. D'où la mise au point, ce meilleur temps réussi en demi-finales (1'45"62), à 15 centièmes seulement de son record de France signé à Strasbourg (1'45"47). Quitte à se dévoiler un peu tôt. "J'ai élevé le niveau d'un cran. Le troisième cran, ce sera demain soir (mardi midi en France, ndlr)", promet l'intéressé, triplement revanchard après sa déception dominicale, lui qui nageait désespérément après cette première finale internationale, privé de celle de Budapest (Euro 2010) pour n'avoir pas réussi les minima lors des championnats de France, puis de celle de Dubaï (Mondiaux 2010 en petit bassin) par péché d'orgueil ou de jeunesse. Au coeur de la légende Il y est. Au coeur de l'autre distance reine de la natation, celle qui ne s'offre qu'aux légendes, Mark Splitz, Jim Montgomery, Michael Gross, Michael Klim, Ian Thorpe, Pieter van den Hoogenband, Michael Phelps... "Le 200 mètres nage libre, c'est une épreuve de légende. La finale aux Jeux va être géniale, surtout si Thorpe se met dans la partie, pour moi bien plus scintillante que le 100. Et là, on en a un avant-goût. C'est une grande répétition. Ça va être un grand moment à vivre", en salive déjà le coach niçois. Il suivra son poulain coincé d'un côté par l'Allemand Paul Biedermann, le champion du monde en titre qui semble avoir digéré la disparition des combinaisons, et le Sud-Coréen Tae Hwan Park, vice-champion olympique en titre, déjà médaillé d'or à Shanghai sur 400 mètres nage libre, de l'autre par les deux Américains, Ryan Lochte, le nageur de l'année 2010, et sa Majesté Michael Phelps, le champion olympique en titre, double champion du monde en 2005 et 2007. Du gratiné. Mais l'erreur, selon Pellerin, serait de "se faire un monde de ce qui n'en est peut-être pas un. Nul n'est inaccessible". Et ce dernier de préciser sa pensée: "Je ne voudrais pas que Yannick soit un danger pour lui-même, un peu comme sur 400, où il manque d'initiative, où il raisonne au lieu d'agir". Le message est visiblement bien passé, pour preuve son très bon 200 en demi-finale. "Il s'est recentré sur des choses qu'il sait et qu'il a déjà faite, en étant plus concentré sur un chrono, sur une façon de faire, que sur la comparaison avec l'adversité", apprécie son entraîneur. Ça donne un temps proche de son record personnel. Faudra-t-il aller beaucoup plus vite en finale ? Pellerin n'en est pas persuadé. "Les gars les plus forts qui se sont retrouvés dans la deuxième demi-finale (Biedermann, Park et Phelps) n'ont pas fait semblant. Je n'imagine pas qu'ils aient une marge énorme", qui se risque à hiérarchiser la concurrence : "Tae Hwan Park sera l'homme dangereux parce qu'il a la vitesse, parce qu'il a le finish. Ensuite, il y aura Biedermann, Lochte et enfin Phelps". Enfin Phelps, seulement ? "Ça va être quelqu'un de redoutable, c'est un champion dans l'âme, c'est quelqu'un qui sait faire des choses, qui va puiser en lui tous les potentiels possibles pour monter sur ce podium, mais en valeur absolue, je place quand même les autres au-dessus." Agnel compris. Si tant est qu'il ait retenu la leçon de son 400 mètres, comme le pense son entraîneur. "Il a pris conscience qu'en faisant juste ce dont il était capable il pouvait monter sur un podium", assure-t-il. "Il va falloir partir avec l'état d'esprit de nager 1'44". S'il est attentiste, ça ne le fera pas. Encore une fois, Yannick va devoir se concentrer sur le chrono, sur sa performance, sur ce qu'il sait faire en occultant ce qui se passe autour de lui", insiste-t-il avant de conclure: "Il va falloir y aller avec humilité mais ce n'est pas incompatible avec un esprit de conquête." Et là, pas de doute, Agnel est armé.