A la recherche de la trajectoire idéale

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Jean-Philippe Gunet , modifié à
En F1 comme dans toutes les disciplines du sport automobile, il est impossible de réaliser un chrono sans suivre une trajectoire d'une précision absolue. Points de freinage, de braquage, entrées et sorties de virages: rien ne peut être négligé, sous peine de perdre des centièmes précieux pour la conquête des places sur la grille de départ.

En F1 comme dans toutes les disciplines du sport automobile, il est impossible de réaliser un chrono sans suivre une trajectoire d'une précision absolue. Points de freinage, de braquage, entrées et sorties de virages: rien ne peut être négligé, sous peine de perdre des centièmes précieux pour la conquête des places sur la grille de départ. "Extérieur-intérieur-extérieur": on retrouve ce vieux principe du pilotage jusque dans les célèbres BD "Joe Bar Team", très connues chez les motards. En quoi consiste-t-il ? En ligne droite, rouler le plus possible sur la gauche de la piste (donc côté extérieur). Au freinage, plonger directement vers le point de corde du virage (le plus à l'intérieur) pour ensuite ressortir à nouveau vers la gauche, donc vers l'extérieur. Si le circuit tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre (comme ce sera le cas les 5, 6 et 7 novembre à Interlagos), la trajectoire extérieure sera côté droit au lieu du gauche. Adopter cette trajectoire-type permet de réduire la distance parcourue sur la piste et donc de gagner du temps. Si un pilote freine trop tard et rate le point de corde, il élargit sa trajectoire et ouvre alors la porte à un concurrent qui aurait mieux freiné que lui. A la sortie du virage, celui qui a raté son freinage a perdu de la vitesse : son adversaire réaccélère plus fort et peut ainsi le dépasser. C'est ainsi qu'au 11e tour du Grand Prix de Singapour, le 26 septembre dernier, Mark Webber a pu prendre l'avantage sur Michael Schumacher. Le piège des bordures mouillées En course comme aux essais, les pilotes savent exactement où ils doivent freiner pour prendre leur virage de manière optimale. Ils utilisent des repères : les panneaux 100 ou 50 indiquant la distance avant le virage, un panneau publicitaire, un arbre, etc. En sortie de virage, ils débordent de la piste pour rouler sur les bordures (généralement rouges et blanches): cela permet d'accélérer plus tôt et plus fort. S'il pleut, l'eau stagne dans ces bordures, qui deviennent des pièges extrêmement glissants. L'origine de la sortie de piste de Mark Webber, au 19e tour du Grand Prix de Corée du Sud, vient justement du fait qu'il a roulé sur une bordure mouillée. Sur la plupart des circuits, il existe une seule trajectoire idéale, nécessaire pour réaliser un bon chrono. Tout au long d'un week-end de Grand Prix, les passages successifs des monoplaces "nettoient" ou "gomment" cette trajectoire, alors que le reste de la piste reste poussiéreux. Un phénomène particulièrement marqué sur le tracé du Hungaroring, où, sur la grille de départ, il est pénalisant d'être qualifié du côté droit de la piste (donc 2e, 4e, 6e...) Placé en 3e position au dernier Grand Prix de Hongrie, Fernando Alonso n'a ainsi eu aucun mal à prendre l'avantage sur Webber au départ : l'Australien était 2e sur la grille...