A l'ombre du Central

© REUTERS
  • Copié
Victor Dhollande-Monnier, à Roland-Garros , modifié à
REPORTAGE - Europe1.fr a passé une journée sur le court n°2, à quelques mètres du Central. 

Il est 12h30 quand on pénètre sur le court n°2. Ici, rien à voir avec la foule des grands jours qu'on voit à la télé sur le Central. A quelques mètres du Roi des courts, on sent très vite qu'il y a quelque chose de différent. Une ambiance plus intimiste mais souvent plus enivrante. Les joueurs sont beaucoup plus près, on entend tout, leurs joies, leurs cris et leurs colères. Un tube de crème solaire, des lunettes de soleil et un casse-croûte, on est paré pour l'après-midi. En plus, le programme fait envie pour ce premier mercredi : deux Français à l'affiche, Edouard Roger-Vasselin et Nicolas Mahut, et une ancienne numéro un mondiale, la belle Ana Ivanovic. 

"Nelson Monfort, je t'aime" 

Le court est plus petit, l'enceinte aussi. Pour trouver une place dans les gradins, il faut ruser et repérer entre les jeux les fuyards. A quelques mètres de nous, Edouard Roger-Vasselin défend crânement sa chance contre le 9e joueur mondial, Juan Martin Del Potro. Un set partout entre les deux hommes et déjà deux heures passées sur le court. "Le Français va craquer", pronostique Miguel, 60 ans, un fervent supporter de l'Argentin qui l'a déjà suivi à Wimbledon et à l'US Open. "J'aime bien ce petit stade mais l'organisation laisse un peu à désirer". Juste derrière nous, ça se bouscule un peu. Les gens veulent impérativement suivre la fin de ce bras de fer. 

Del Potro

Entre deux longs échanges acharnés de fond de court, les fans de Del Potro donnent de la voix. D'autres spectateurs profitent du changement de côté pour lancer une petite vanne. "Nelson Monfort, je t'aime" aura son petit succès. "Jean Martin de la Poutre" pour se moquer du nom de l'Argentin trouvera moins d'écho.  

Arbitre de chaise ou surveillant de récréation ?

C'est la fin du match, les deux joueurs sont extrêmement concentrés. Moment pas forcément très bien choisi pour faire tomber son mouchoir sur le court. Le 9e joueur mondial perd le point et s'énerve contre le coupable, un jeune adolescent un peu dissipé. Pour éviter de se mettre le public à dos, Juan Martin Del Potro ramasse subtilement l'objet de la discorde, le rendant à son propriétaire. L'arbitre de chaise en profite pour rappeler à l'ordre l'ensemble des spectateurs. 

Ivanovic

Il est 14h56, le premier acte prend fin. Après 3h40 de match, Edouard Roger-Vasselin s'incline assez logiquement en quatre manches (6-7, 7-6, 6-4, 6-4). "Il a très bien joué, c'est vraiment dommage", lance un brin dépité, Didier, 45 ans, ravi de venir pour la première fois à Roland-Garros. Plus de Français sur le court, les travées se vident. Un peu mais pas trop. La belle silhouette d'Ana Ivanovic y est certainement pour quelque chose. 

Comment suivre deux matches à la fois

Sous une chaleur de moins en moins supportable, la joueuse serbe ne s'attarde pas. A peine 50 minutes de jeu et deux petits sets pour éliminer l'Israélienne Shahar Peer (6-2, 6-2). Le poing serré, elle regagne sa chaise avant d'aller signer quelques autographes. Journée des enfants oblige, c'est la cohue pour décrocher la griffe des meilleurs joueurs de la planète. Damien, 7 ans, remonte avec un immense sourire et nous montre fièrement sa maxi balle jaune. "Je l'ai eu, je l'ai eu", lance-t-il fièrement. "Ce matin, j'ai réussi aussi à avoir celle de Del Potro".  

>>> A LIRE : Les temps forts de mercredi

Il est 16h20, Nicolas Mahut fait son entrée sur ce court n°2. Les tribunes sont pleines à craquer. Normalement, 1.445 aficionados de la balle jaune peuvent s'asseoir mais ce mercredi après-midi, ils sont certainement un peu plus nombreux. Assis sur les marches, accoudés sur les balustrades ou même... penchés du haut de la tribune du court n°3, tous les moyens sont bons pour voir de près le guerrier Mahut (il détient le record du match le plus long sur le circuit avec John Isner, ndlr). "J'ai acheté ma place mardi soir sur internet", nous raconte Murphy, 21 ans, étudiant en école d'ingénieur. Moyennant 18 euros, il a accès à tous les courts annexes à partir de 15h. Mais il ne bougera pas, happé par la rencontre entre le Français et le Slovaque Martin Klizan. 

Mahut 2

La hargne de Mahut 

Juste à côté de nous, Samuel, 8 ans, est impressionné par la vitesse des coups. "Tout à l'heure, on était sur le Central. Mais là, on a l'impression que ça va beaucoup plus vite". Amorties, retours gagnants, tie break, il veut tout savoir et n'arrête pas de poser des questions à son père. Pendant ce temps, Mahut ne lâche rien contre un joueur mieux classé que lui. La hargne et l'expérience feront la différence. Il est 19h45 quand il conclut la rencontre (6-4, 4-6, 7-6, 6-3), bien inspiré de devancer les premières gouttes de pluie. 

Le court n°2 se vide petit à petit. Certains refont les plus beaux points. D'autres pensent déjà aux prochains matches. "Il joue contre qui au prochain tour, Mahut", nous demande un supporter avec son drapeau tricolore. "Contre Federer". Mais pour ce genre d'affiche, il faudra réserver sur le  Central...