A en pleurer...

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Battu à Twickenham par l'Angleterre, le XV de France voulait profiter de son déplacement en Italie samedi, lors de la quatrième journée du Tournoi des Six Nations, pour se rassurer. Malgré deux essais inscrits, les Bleus quittent Rome avec l'une des défaites les plus humiliantes de leur histoire, la première face à la Squadra Azzurra dans le Tournoi (22-21). Désespérant à six mois de la Coupe du monde.

Battu à Twickenham par l'Angleterre, le XV de France voulait profiter de son déplacement en Italie samedi, lors de la quatrième journée du Tournoi des Six Nations, pour se rassurer. Malgré deux essais inscrits, les Bleus quittent Rome avec l'une des défaites les plus humiliantes de leur histoire, la première face à la Squadra Azzurra dans le Tournoi (22-21). Désespérant à six mois de la Coupe du monde. Marc Lièvremont ne croyait pas si bien dire lorsque vendredi, dans le confort luxueux de l'hôtel cinq étoiles des Bleus, le sélectionneur national rappelait que toute série avait une fin... Celle face à l'Italie d'un XV de France, invaincu dans le Tournoi face à la Nazionale depuis l'intégration de cette dernière en 2000 (11 matches, 11 victoires), a donc trouvé son terme ce samedi 12 mars 2011, à Rome (*). Un match pour l'histoire. Et quelle histoire ! La chronique d'une débâcle annoncée en cette année de Coupe du monde, qui avec cet incroyable faux-pas, cette faute professionnelle impardonnable de la part de Dusautoir et ses coéquipiers, envoie cette équipe de France aux enfers. Clouée au piloris par un adversaire formidable d'intentions et d'envie, mais au bout d'un match ridicule de sa part sur une monumentale bévue d'un Yoann Huget, véritable symbole de cette pantalonnade lorsque le jeune ailier sortira lui-même le ballon en touche sur ses propres quinze mètres et livrera du même coup le ballon de la gagne à un Mirco Bergamasco, élevé au rang de héros national. Les zéros du jour sont tricolores, écrasés par leurs démons qui, c'était donc possible, surpassent ceux réveillés face à l'Australie en novembre dernier. Marc Lièvremont a fermé son groupe, paraît-il, le voilà dans de beaux draps. On se pose aujourd'hui une seule question : y a-t-il encore un seul supporter pour croire encore en cette équipe de France ? Chabal, tel un fantôme Justement, on avait cru, un peu trop vite sans doute, les Bleus guéris de cette sale manie d'entamer à l'envers leurs rencontres... On s'était lourdement trompé. Les premiers pas des Bleus à Flaminio sont catastrophiques avec cet en-avant, comme un symbole, sur le coup d'envoi, suivi d'une pénalité offerte sous les poteaux français. C'est Cap'tain Dusautoir qui s'y colle et Mirco Bergamasco qui donne les premiers points du match à l'Italie (3-0, 2e). Rien de neuf sous le doux soleil romain, serait-on tenté de dire... Le jeu français, non seulement, ne fait pas plus d'étincelles qu'à l'accoutumée, mais il frise le navrant au cours de ces premières minutes aux allures de concours à la faute la plus grossière. Alors quoi... Alors évidemment la mêlée tricolore réveille la patrie et offre sur introduction italienne à ses trois-quarts l'occasion de se mettre enfin en évidence. Yoann Huget se libère enfin et sur la grossière faute dont est victime l'ailier bayonnais, balancé sur le chemin d'un possible premier essai international, la défense transalpine, désorganisée, subit le 23e essai, sur un jeu au pied à suivre pour lui-même, d'un Vincent Clerc, unique raison de s'enthousiasmer pour ce XV de France (3-5, 14e). Sébastien Chabal ne peut pas en dire autant. Cuit et en pleine doute, le n°8 tricolore, resté branché sur le même mode « crunch », traverse cette première période plus fantomatique que jamais. Et les Bleus de rester plus désespérants de maladresse que jamais aux abords de l'en-but avec ce nouvel en-avant au moment d'aplatir sous les barres d'Aurélien Rougerie. Un mauvais remake de son raté anglais pour le centre clermontois, qui récompense mal le nouveau numéro de Clerc sur son aile (18e). Il faudra se contenter des trois points de pénalité de... la mêlée française, intraitable (3-8, 20e). Pour le reste, bonjour l'angoisse quand Gonzalo Canale déchire plein centre et vient mourir à dix mètres de l'en-but français sur le sacrifice de son coéquipier et capitaine de l'ASM, Rougerie, pénalisé. Et Bergamasco ne se fait pas prier pour entretenir l'espoir d'un exploit (6-8, 24e), plus que jamais d'actualité à la pause. On espère les Bleus, exception faite de Nicolas Mas, peut-être blessé et remplacé par Luc Ducalcon, remontés comme des pendules après ce pensum du premier acte, leur salut au retour des vestiaires ne repose que sur le manque d'inspiration du maître d'orchestre italien, un Luciano Orquera, qui gâche au pied un 3 contre 2 tous fait pour ses trois-quarts (42e). Généreux, M. Lawrence accorde une pénalité plus qu'inespérée dans de telles conditions que Parra a le bon goût de transformer (6-11, 45e). Sauve qui peut les Bleus... Mais qu'elle semble incongrue la Marseillaise qui retentit alors dans le ciel romain ! Il faut y voir un signe pourtant... Dans le sillage de ses avants, la charnière française enfin se signale par un bon choix quand Trinh-Duc attaque la ligne et sert dans l'intervalle Parra, qui file à son tour sous les perches, avant de transformer son essai, son premier sous le maillot bleu (6-18, 51e). Bergamasco, lui, peut déjà commencer à regretter son deuxième coup de pied de l'après-midi raté (57e). Car l'Italie n'a jamais été aussi proche de faire tomber les cousins français. Elle y croit plus fort que jamais quand après la sortie salvatrice d'Orquera, Masi, auteur d'un très gros match, va trouver l'essai en coin, que transforme son buteur (13-18, 63e). Flaminio explose, avant d'assister au renvoi directement en touche de Trinh-Duc, puis d'entrer pour de bon en fusion sur la nouvelle pénalité de Bergamasco (16-18, 64e). Sauve qui peut les Bleus, pas Trinh-Duc en tout cas, dont la tentative de drop ne fait que frôler sa cible (65e). Parra peut-être, dont la pénalité aux 40 mètres soulage, c'est peu de le dire, toute une équipe (16-21, 68e). Pas pour longtemps, Bergamasco se chargeant d'entretenir l'affreux doute (19-21, 70e). Avant de porter l'estocade méritée suite à la bourde symbole de qui vous savez... (22-21, 76e). Que c'est triste la France... (*) Le XV de France comptait une seule défaite jusqu'à ce jour face à l'Italie, concédée en 1997, lors d'un test-match à Grenoble (32-40).