Yves est parvenu à surmonter les drames de sa vie : "Je suis en paix avec moi-même"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Malgré les tragédies de sa vie, Yves dit avoir continué de vivre avec optimisme. Il explique avoir fait un travail sur lui-même qui lui a permis de surmonter sa dépression. Sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Yves dit être en paix avec lui-même et être revenu à des valeurs qu’il estime essentielles.
TÉMOIGNAGE

Yves a vécu plusieurs drames dans sa vie, comme la disparition de ses parents, le suicide de son frère et la perte d’un de ses enfants. Malgré sa dépression, Yves se dit en paix avec lui-même aujourd’hui. Il explique que cette série de tragédies lui a permis de se recentrer sur des valeurs qu’il estime essentielles. Au micro d’Olivier Delacroix, sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Yves évoque son parcours de vie difficile et les bénéfices qu’il a tirés de ces épreuves.

"On a tous un chemin de vie avec des moments difficiles. L’essentiel, c’est de continuer de vivre. Depuis une quinzaine d'années, j'ai vécu des drames, comme la disparition de mes parents et le suicide de mon frère. J'habitais à proximité de l'usine AZF à Toulouse en 2001. On a fêté, le 21 septembre dernier, les 19 ans de l’explosion. Je ne fête pas ce genre de commémoration, parce que c'est encore trop douloureux pour moi. Ensuite, j'ai perdu un enfant. Mon fils a été diagnostiqué schizophrène. Il a fait une surdose de médicaments et s'est suicidé. 

C’est la pire des choses quand on est parent. C'est une épreuve de la vie. Cette série de tragédies m'a permis de me rendre compte que chaque individu a des réserves. On a tous un potentiel extraordinaire. Il faut arriver à travailler sur soi-même sans tomber dans l’addiction. Il faut être fort, c’est un combat. Depuis la mort de mon fils en 2014, j'essaie de me rapprocher de la nature, de faire du sport, de marcher, d'avoir des contacts avec les arbres. Pour moi, la nature, c'est essentiel. 

" Il faut toujours rester optimiste "

On a perdu le sens de l'écoute entre individus. Il faut revenir à des valeurs fondamentales qui nous permettent de vivre en s'occupant du monde. Il y a beaucoup de gens qui sont accrochés à leur téléphone. Ça nuit aux échanges humains. Les gens ne se parlent plus. Ce qu'on vit depuis le mois de mars, c’est une épreuve à passer. Il y a eu d'autres pandémies au siècle dernier, il faut toujours rester optimiste. 

Ce qui m'a sauvé, c'est le fait d'avoir trois autres enfants. C'est comme si on nous arrachait quelque chose. J’ai remonté la pente difficilement. Je suis tombé en dépression. J'ai été obligé de prendre des médicaments pendant quelque temps. Les gens me demandaient comment j'ai réussi à faire le deuil. On ne fait jamais le deuil. On continue son chemin de vie. Je suis athée, mais je pense que tout est écrit. Il n'y a pas de hasard. Il y a des forces invisibles qui nous entourent. 

 

Depuis la mort de mon fils, je sens une protection. Je sais que ma mère, là où elle est, me transmet des choses. Je les ressens fortement. Depuis cette épreuve de 2014, je vais vers les gens de façon naturelle et c'est rare que l’on me rejette. Je suis dans une démarche d'amour envers les gens. Pour aimer les autres, il faut d'abord s'aimer soi-même. Il faut essayer de partager le maximum de belles choses avec les gens qui en ont besoin. Il faut tendre la main sans forcément recevoir.

La plupart des jeunes vivent dans le paraître. Il faut revenir aux valeurs essentielles, c’est-à-dire vivre dans "l’être". Il y a des choses dont on peut se passer. Je suis en paix avec moi-même, j'ai retrouvé une harmonie. Je me sens bien. Il y a autour de moi une osmose. Si je n'avais pas fait ce travail sur moi, si j'étais passé par la case médicaments, alcool ou drogue, je n’en serais pas là. Je serais au fond du trou."