Patinage artistique 3:11
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Dans la tourmente après les multiples révélations sur des violences sexuelles dans le patinage artistique, le président de la fédération des sports de glace, Didier Gailhaguet, a démissionné, samedi. La psychologue d'athlètes de haut niveau Meriem Salmi pose sur Europe 1 la question d'un meilleur encadrement de ces milieux où l'entraîneur a une importance particulière dans la vie d'un enfant. 
INTERVIEW

Une page se tourne. Samedi midi, le président de la fédération française des sports de glace Didier Gailhaguet a annoncé "avec dignité" sa démission, alors que les révélations sur des violences sexuelles dans le milieu du patinage se multipliaient. Pour Meriem Salmi, psychologue d’athlètes de haut niveau et experte psychologue à l'Insep (Institut national du sport de l’expertise et de la performance), cette démission "est une bonne chose" même s'il ne faut pas "tomber dans l'excès" : "Il y a des choses qui se sont produites et on ne peut pas être dans le déni de cette réalité-là."

Le patinage, "un sport à maturité précoce"

Depuis la sortie du livre de l'ancienne patineuse Sarah Abitbol, Un si long silence, les langues se délient sur l'emprise créée par plusieurs entraîneurs de patinage, dont Gilles Beyer. Et chacun des témoignages dessine avec un peu plus de précision le portrait d'une fédération où de nombreux enfants et adolescents ont été victimes d'hommes bien plus âgés qu'eux. "Ce sont des sports à maturité précoce", raconte la psychologue Meriem Salmi. "Progressivement, l'entraîneur va devenir le personnage principal de leur vie, parce qu'ils vont voir davantage leur entraîneur que leur propre famille. Il y a une espèce de substitution, un lien affectif très fort."

" On ne peut pas confier son enfant sans tenir compte d'un certain nombre de facteurs "

Comment, dès lors, protéger des enfants (et des familles) qui mettent tout entre les mains de l'entraîneur pour réussir ? "Ce sont des milieux à risque, ils doivent être protégés", répond Meriem Salmi, qui a notamment pris en charge Sarah Abitbol à la fin de sa carrière. "Laisser seul un entraîneur ne peut pas être compatible avec ce type de contexte." Et pour elle, le patinage est un domaine où les violences sexuelles peuvent prospérer : "Je pense que les milieux les plus à risques sont les milieux isolés. Là, il faut qu'il y ait du monde autour."

Plus globalement, c'est aux parents de se montrer "vigilants" sur l'attitude de leur enfant qui s'est engagé sur la voie du sport de haut niveau : "On ne peut pas confier son enfant sans tenir compte d'un certain nombre de facteurs et notamment des signes dans le comportement de leur enfant. S'il se traîne pour aller à l'entraînement, notamment", prévient Meriem Salmi. "Il y a une sensibilisation qui va se faire. La victoire sera ce jour où on ne posera plus la question de parler." D'ici là, estime-t-elle, "les parents ont un rôle essentiel : ne pas accepter l'inacceptable, même au risque de rendre triste leur enfant".