Vente du cheptel ou accord avec des agriculteurs : comment les éleveurs s'organisent face à la sécheresse

Les éleveurs s'inquiètent de devoir déjà puiser dans leurs stocks de fourrage pour nourrir leurs bêtes, la sécheresse ayant eu raison de l'herbe fraîche.
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Maud Descamps, édité par Margaux Baralon , modifié à
Sécheresse oblige, les éleveurs doivent puiser dans leur stock de fourrage pour nourrir leurs bêtes. Certains s'organisent pour ne pas se retrouver sans solution.

L'inquiétude des éleveurs, qui ont déjà entamé leur stock de fourrage pour nourrir leurs bêtes, grandit. Alors que 77 départements sont touchés par les restrictions d'eau, la solidarité s'organise depuis quelques semaines entre les éleveurs et les agriculteurs. Europe 1 est allée à leur rencontre.

Avec 98 vaches laitières à nourrir sur son exploitation bio, Amaury a très vite pris les devants. Le stock de fourrage de cet éleveur de l'Oise est déjà bien entamé, la sécheresse ayant eu raison de l'herbe fraîche. Il a donc passé un accord avec un céréalier de la région pour ne pas se retrouver le bec dans l'eau cet hiver. "Je promets de lui acheter de la luzerne", explique Amaury à Europe 1. "J'ai donc de la luzerne bio pour mes bêtes en hiver et lui améliore ses cultures grâce à cela."

Un "Bon Coin" du fourrage

Comme Amaury, nombreux sont les éleveurs à miser sur la solidarité. En Bourgogne, Florent Point est en train de mettre la touche finale à un projet de plateforme d'échange sur le modèle du "Bon Coin". Les éleveurs y proposeront du fumier, les agriculteurs de la nourriture pour les bêtes. "Ce sera ouvert à toute la France. Il y aura une carte pour essayer de localiser un petit peu les différentes productions et les différentes offres", détaille Florent Point.

"Chacun pourra poster une offre avec son adresse. On va proposer un contrat type pour faire en sorte que ce soit tout à fait légal, et une calculette de conversion des différents produits pour faire en sorte que ce soit le plus équitable possible entre les différents protagonistes." Ce "Bon Coin" du fourrage devrait voir le jour d'ici à la fin du mois de septembre. 

Vendre ses bêtes

Mais pour certains éleveurs, la solution sera plus radicale : il faudra vendre une partie du cheptel pour avoir moins de bouches à nourrir. C'est la crainte d'Olivier, éleveur et vétérinaire dans le Tarn : "Quand on est éleveur, on ne peut pas regarder ses bêtes qui n'ont rien à manger. Il ne reste qu'une solution, c'est de les vendre. D'ici à quelques semaines, on va probablement avoir un afflux de bovins vers la boucherie. Il y aura une diminution du cours de la viande."

Enfin, dernière solution : faucher les terres actuellement en jachères. Une pratique interdite. Mais certains agriculteurs estiment que dans des circonstances exceptionnelles, il faut savoir faire des exceptions.