La sécheresse hivernale menace les nappes phréatiques

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Le froid de ces dernières semaines protège les plantes de la sécheresse mais l'absence de pluie empêche les nappes phréatiques de se remplir pour les abreuver le printemps prochain © JENS BÜTTNER / DPA / AFP
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Sandrine Prioul édité par M.R. , modifié à
Sécheresse rime souvent avec été. Et pourtant, en raison des pluies insuffisantes, le niveau des nappes phréatiques est très bas en ce mois de décembre.
L'ENQUÊTE DU 8H

Des cours d'eau à sec comme en fin d'été et un déficit de pluie record depuis début décembre. Il a plu seulement 20% de ce qui tombe habituellement dans certaines zones de France. Conséquences, certaines nappes phréatiques ne se remplissent pas comme elles le devraient.

Des pluies insuffisantes. Ces six derniers mois, on n'avait pas vu si peu de pluie en France depuis 1978. Pourtant il n'y a pas de quoi s'inquiéter dans toute la France. Par exemple, cet automne les grosses averses dans les Cévennes et en Méditerranée ont compensé la sécheresse du sud. 

La situation est en revanche plus délicate dans l'Est - en Alsace-Lorraine et en Champagne-Ardenne - et surtout dans le Nord-Ouest - en Normandie, dans les Pays de la Loire et en Bretagne. Il a plu deux fois moins cet automne. En Ille-et-Vilaine par exemple, il ne reste plus que l'équivalent de 30 jours de réserve d'eau dans certains bassins.

Une solidarité entre villes. Le manque de réserve d'eau est tel que pour la première fois, la ville de Rennes a dû mobiliser un de ses bassins de secours pour fournir en eau 73.000 habitants de communes voisines. "Comme il n'y a pas de pluie, les barrages se vident et ils ne sont plus très loin d'être à sec", explique Yannick Nadesan, l'élu responsable de la gestion de l'eau de la ville bretonne. "C'est habituel pour certains d'entre eux à cette période de l'année. Mais dans cette période exceptionnelle, il y a quelque chose de nouveau, c'est que les territoires voisins sont en très grande difficulté et qu'on vient secourir."

Les nappes phréatiques ne se remplissent pas. Désormais une sécheresse hivernale hypothèque l'avenir de la zone. Actuellement, les cultures sont en sommeil à cause du froid, elles n'ont donc pas vraiment besoin d'eau. Mais c'est également à cette période de l'année, de novembre à mars, que les nappes phréatiques doivent absolument se remplir pour hydrater les sols au printemps. Ce qui n'est pas le cas puisque le cycle naturel qui reconstitue les réserves d'eau a un mois de retard. 

Selon les experts, rien n'est encore dramatique ou irréversible, mais cela pourrait le devenir dans les prochaines semaines s'il ne pleut pas ou trop peu d'ici au printemps. Une perspective d'autant plus inquiétante que l'anticyclone qui empêche les précipitations pourrait s'inviter encore quelques semaines sur l'Europe. 

La fin d'une plante destructrice. Le froid tenace a parfois quelques avantages. Il a permet l'éradication de la jussie, cette plante venue d'Amérique latine et qui détruit les écosystèmes de bassins. Chaque année, des milliers d'euros sont investis pour en venir à bout, en vain. Mais cet hiver dans le bassin de Grandlieu, près de Nantes, comme il n'y a presque plus d'eau, la plante n'a pas résisté au gel.