L'Hôtel de Ville de Paris consacre une exposition à la vie de Simone Veil. 7:54
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Antoine Terrel avec AFP , modifié à
Jusqu'au 21 août, une exposition à l'Hôtel de Ville de Paris retrace les différentes étapes de la vie de Simone Veil. Invité d'Europe 1, Olivier Rozenberg, co-commissaire de l’exposition, rappelle son engagement en faveur des droits des femmes, mais aussi son combat pour la mémoire de la Shoah.
INTERVIEW

C'est une icône française que célèbre la ville de Paris. Jusqu'au 21 août, l'Hôtel de Ville consacre une exposition à la vie de Simone Veil, bien connue pour son engagement européen, mais aussi pour son combat dans le cadre du projet de loi sur l'IVG en 1974. Invité dimanche d'Europe 1, Olivier Rozenberg, professeur à Sciences po et co-commissaire de l’exposition, présente quelques pièces de l'exposition et insiste sur la diversité des combats de l'ex-ministre. 

"Les icônes manquent dans notre société"

L'affection qu'éprouvent les Français pour Simone Veil "est un peu le pendant de la désaffection qu'on a pour beaucoup d'hommes politiques aujourd'hui", estime-t-il. "Elle est d'autant plus cette icône que les icônes manquent dans notre société actuelle." Pour Olivier Rozenberg, "les raisons d'aimer Simone Veil sont nombreuses", mais son immense popularité, encore aujourd'hui, s'explique notamment par son rôle sur la question des femmes, avec "le fait qu'elle ait agi pour les femmes". 

"Elle n'a pas simplement parlé, elle a agi par son exemple-même."

Pour la loi sur l'IVG, "une stratégie très habile"

Retraçant les milles et une vies de l'ancienne présidente du Parlement européen, l'exposition dévoile quelques documents inédits, comme le célèbre discours du 26 novembre 1974 à l'Assemblée sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), découvert après sa mort dans son appartement alors qu'elle pensait l'avoir perdu. "Et après, j'ai retrouvé dans les cartons qui ont été transférés aux Archives nationales le brouillon de ce discours", raconte Olivier Rozenberg.

Et la comparaison des deux textes "indique bien qu'elle est vraiment l'auteur de ce discours historique, avec une stratégie très habile consistant à ne pas prendre à rebrousse-poil les députés de droite conservateurs hostiles à l'avortement et à mettre en avant des principes d'humanité et de stabilité juridique", indique-t-il encore. Et de conclure : "On dit parfois que ce n'était pas une vraie femme politique, mais si, elle est très habile politicienne dans ce discours."

Son combat pour la mémoire de la Shoah

La force de caractère de Simone Veil est aussi perceptible dans une lettre de 1952. Alors qu'elle séjourne en Allemagne où son mari Antoine a été affecté, celle qui est alors une parfaite inconnue demande à Siemens une indemnité pour les six mois de travail forcé dans des usines proches d'Auschwitz... et formule la proposition de visiter l'usine de Stuttgart en tant qu'"ancienne" de l'établissement. "Il y a là quelque chose qu'on retrouve chez Simone Veil, sous des dehors assez conformistes, assez bourgeois, assez modérés... C'est qu'elle est implacable, provocatrice, notamment sur le fait qu'il ne faut pas oublier ce qu'a été la Shoah", confie l'invité d'Europe 1. 

Car l'un des grands combats de la vie de Simone Veil a été l'entretien de la mémoire de l'horreur des camps de concentration. "On veut l'oublier, on veut parler d'autre chose, mais elle ramène le sujet par fidélité aux morts", raconte Olivier Rozenberg. "Quand elle devient ministre dans les années 70, elle ressent comme un devoir moral d'en parler."