Une caissière d'Auchan fait une fausse couche sur son lieu de travail : "J'allais mourir, personne n'a demandé un simple 'ça va ?'"

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Photo d'illustration. © REMY GABALDA MYCHELE DANIAU / AFP
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Kevin Thilliez et A.D , modifié à
Emmenée par les pompiers après sa fausse-couche alors qu'elle était à son poste d'hôtesse de caisse, la jeune femme a reçu un avertissement pour absence injustifiée.

Hôtesse de caisse dans un Auchan City de Tourcoing (Nord), une femme de 23 ans a été victime d'une fausse couche sur son lieu de travail le mois dernier. Elle explique avoir demandé en vain un aménagement de ses horaires compte tenu de ses malaises réguliers et met désormais en cause sa direction. 

Elle ne peut pas quitter son poste. Atteinte de nausées en début de grossesse, la jeune femme avait demandé plus de pauses pour pouvoir vomir aux toilettes, autorisation qui a été, selon elle, refusée. Fadila continue alors son travail jusqu'au 22 novembre, jour où elle ressent de grandes douleurs au ventre, qui s'intensifient au fil de la journée alors qu'elle ne peut toujours pas quitter son poste. Quand elle se lève de son siège, elle s'aperçoit qu'elle est en train de perdre beaucoup de sang.

"Je devais avoir un bébé". "J'ai pris la décision de fermer la caisse et j'ai parlé avec les pompiers (appelés par la sécurité). La première chose qu'ils m'ont dit était 'Est-ce que vous êtes allée aux toilettes ?', j'ai dit non, personne ne m'a permis d'y aller. Le pompier m'a dit 'malheureusement, vous avez perdu votre bébé'. C'est des tonnes et des tonnes de douleur, je devais avoir un enfant, sanglote la jeune femme. J'allais mourir, personne n'a demandé un simple 'ça va ?'", ajoute-t-elle.

Auchan plaide l'incompréhension. Emmenée à l'hôpital par les pompiers, Fadila reçoit quelques jours plus tard un avertissement de sa direction pour absence injustifiée. Choquée, elle est aujourd'hui en arrêt maladie. De son côté, la direction d'Auchan plaide l'incompréhension entre Fadila et sa hiérarchie, qui affirme toutefois qu'aucune demande d'aménagement d'horaires n'a été formulée mais dénonce une instrumentalisation des faits par le syndicat CGT.

C'est dans ce même supermarché qu'une caissière avait été licenciée en juillet pour, selon la CGT pour "un préjudice de 85 centimes d'euros", puis finalement réintégrée.