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Thibaud Hue
Alors que la grève des éboueurs se poursuit depuis plus d'une semaine à Paris, la préfecture de police va réquisitionner des agents pour nettoyer la capitale. Europe 1 s'est rendue devant le centre de collecte des déchets de Vitry-sur-Seine, que les forces de l'ordre ont débloqué ce jeudi matin. Du côté des éboueurs, c'est la consternation.

Dans la capitale, la préfecture de police va réquisitionner certains agents pour ramasser les poubelles dans les rues de Paris. La maire de la capitale, Anne Hidalgo, refusait de prendre cette décision car elle soutient les éboueurs grévistes. Europe 1 s'est rendue devant un centre de collecte des déchets à Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne. Là-bas, des éboueurs grévistes bloquent le site depuis plusieurs jours. Mais les forces de l'ordre sont intervenues jeudi dans la matinée pour le débloquer à coups de gaz lacrymogènes et d'interpellations musclées, comme l'a constaté Europe 1 sur place.

"On ne lâchera pas"

L'objectif : dégager l'entrée et permettre au premier camion de repartir. Une scène qui s'est déroulée devant des éboueurs consternés qui souhaitent maintenir coûte que coûte ce piquet de grève. Car ces agents sont très remontés devant la décision de réquisition prise par la préfecture de police de Paris pour vider les poubelles qui s'entassent dans les rues de la capitale.

"Je suis un peu dégoûté. C'est une atteinte au droit de grève, ça emmerde les gens qui font grève. Tout ça parce que c'est Paris, il faut que ce soit propre, soit beau", fulmine Éric, chauffeur depuis 25 ans. "Mais bon, je connais les gars de Paris, ils ne cèderont pas, ils ne bougeront pas, ils vont faire chier les gens qui vont venir récolter la merde. C'est très compliqué mais on ne lâchera pas."

"Qu'ils essayent de m'appeler, je n'irais pas"

Pas de négociation, c'est le mot d'ordre. Abdel Kader, délégué syndical CGT du centre de collecte, est formel : tant que le gouvernement ne recule pas, ils ne bougeront pas. "Je demande l'arrêt de la réquisition. La retraite à 64 ans, il est hors de question. Un éboueur derrière la benne, il ne pourra pas tenir. Déjà, on a des collègues à nous qui partent bien avant la retraite, ils sont morts les pauvres", explique Abdel Kader. "Qu'ils essayent de m'appeler, moi je n'irais pas, ça c'est clair et net. Vous savez, le temps qu'ils déblayent tout Paris, ça va être très long. De toute façon, qu'ils essayent : on est toujours gréviste et on ne lâchera pas."

En attendant les premières réquisitions attendues ce jeudi, les éboueurs du 15ᵉ arrondissement doivent se réunir cet après-midi pour voter la poursuite du piquet de grève.