"Un petit génie de l’informatique" poursuivi pour avoir mis en ligne deux millions de séries TV sans autorisation

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Marion Dubreuil, édité par Benjamin Bonneau , modifié à
Un étudiant de 24 ans est jugé ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Besançon. Il est soupçonné d'avoir créé une plateforme illégale de streaming : le site seriefr.eu.

Un étudiant de 22 ans comparait cet après-midi devant le tribunal de Besançon pour recel de contrefaçons d'œuvres audiovisuelles en bande organisée. Il est soupçonné d'avoir mis en ligne deux millions de séries françaises et américaines sans autorisation pendant près de trois ans à partir de 2016 jusqu'à son interpellation en avril dernier. Six autres prévenus - dont deux mineurs - sont également poursuivis pour contrefaçons à ses côtés. Ils lui auraient fourni les séries pour alimenter sa plateforme illégale.

Le principal prévenu est un étudiant en master informatique et robotique de l’université de Besançon. "Élève brillant au casier judiciaire vierge", précise son avocat. "Petit génie de l’informatique certes, mais qui avait conscience que ce qu’il faisait était illégal", pour le directeur interrégional adjoint de la Police Judiciaire Bourgogne-Franche-Comté. A seulement 22 ans, le prévenu est soupçonné d’avoir créé une plateforme de streaming illégale dissimulée derrière une dizaine de sites miroirs.

Un bénéfice net de 30.000 euros

Le jeune homme est soupçonné d'avoir monté un réseau pour alimenter son catalogue de séries. Six contributeurs basés dans le Gard, la Côte d'Or, l’Ile et Vilaine et l'Hérault lui fournissaient des vidéos. "La singularité de cette affaire, estime Olivier Dupas, le directeur adjoint de la police judiciaire de Dijon, c’est le démantèlement de l’intégralité d’un réseau de partage illégal de vidéos. Depuis la création des sites de téléchargement jusqu’à l’administration des plateformes d’hébergements en passant par l’identification des principaux contributeurs qui mettaient à disposition les séries sur le site." 

"Le mis en cause pouvait ensuite valoriser les œuvres contrefaites auprès de publicitaires", explique le procureur de la république de Besançon. Le site attirait des millions d'internautes et générait de l'argent : 200.000 euros grâce à la pub, les pop-up qui s’affichent quand la vidéo se charge. La majorité de cet argent était toutefois absorbée par la location des hébergeurs, pour un bénéfice net de 30.000 euros.

Placé en garde à vue en avril dernier, le jeune homme a reconnu les faits. Il a d’ailleurs largement collaboré. Pour le procureur de la république de Besançon, "il a eu un comportement symptomatique d’une génération tellement passionnée par le monde de l’informatique qu’ils en viennent à oublier le monde réel".

Entendu sur europe1 :
"Il a joué avec le feu, mais il a reconnu les faits"

Son avocat estime que le jeune homme a été dépassé par l’ampleur de sa plateforme illégale : "Ça n’a pas l’ambition d’un Netflix, mais je pense qu’il s’est pris au jeu d’une technicité particulière. Il a créé une petite plateforme vite reconnue au niveau national et même international. Il a joué avec le feu, admet maître Denis Leroux, mais il a reconnu les faits et il s’en expliquera devant le tribunal. Mais je pense qu’il a un profil qui peut intéresser et qu’il peut se rendre utile dans le bon sens dans la lutte contre la cybercriminalité".

En attendant, le pirate informatique risque jusqu'à 7 ans de prison. Et deux syndicats d'auteurs et d'éditeurs vidéos la Sacem et le Sevn, parties civiles au procès, lui réclament plus de 400.000 euros.