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Lucie de Perthuis avec Pauline Jacot , modifié à
La récente suspension et la mise en examen d'un médecin pour avoir prescrit à certains patients en fin de vie un puissant sédatif relance les débats sur l'euthanasie en France. Alors que l'enquête est en cours, le président de la Fédération des médecins de France Jean-Paul Hamon publie une tribune pour apporter son soutien au généraliste. Sur Europe 1, il interpelle la ministre de la Santé à ce sujet.  

"C'est inadmissible que ce médecin soit condamné". L'histoire d'un médecin généraliste en Normandie relance encore une fois le débat sur la fin de vie, quelques mois après la mort de Vincent Lambert. Pour avoir prescrit à plusieurs de ses patients un puissant sédatif, le Midazolam, il a été mis en examen et ne peut plus exercer. Son cabinet à Angerville-la-Martel, près de Fécamp en Seine Maritime est fermé, l'enquête est en cours et les corps de sept de ses anciens patients ont été exhumés. Le président de la Fédération des médecins de France, Jean-Paul Hamon, publie une tribune pour apporter son soutien au médecin généraliste. Il s'est exprimé lundi sur Europe 1, apportant son soutien inconditionnel au médecin normand.

"C'est inadmissible que ce médecin soit condamné, c'est inadmissible qu'il soit interdit d'exercice, c'est inadmissible qu’Agnès Buzyn, qui a reçu la lettre ouverte du docteur il y a plus de trois semaines, n'ait toujours pas répondu", déplore Jean-Paul Hamon au micro d'Europe 1.

Le médecin normand, âgé de 64 ans, diplômé en soins palliatifs, refuse fermement l'utilisation du terme d'euthanasie. Il reconnaît avoir utilisé du Midazolam mais de façon très légère. Ainsi il ne s'agirait selon lui pas d'euthanasie, mais simplement d'"accompagnement". À ce jour, aucune plainte n'a été déposée.

Une situation d'"urgence" 

C'est par l'intermédiaire de sa femme, anesthésiste dans une clinique, que le docteur Jean Méheut Ferron s'est procuré le sédatif. Le Midazolam est un médicament exclusivement distribué par les pharmacies hospitalières pour les sédations profondes de patients jusqu'à leur décès. Si la démarche du médecin n'est effectivement pas réglementaire, elle ne justifie en rien l'interdiction d'exercer, pour Jean-Paul Hamon. Le président de la Fédération des médecins de France demande à la ministre de la santé Agnès Buzyn de réagir à cette situation "d’urgence".

"C'est inadmissible qu'elle n'autorise pas le Midazolam. Elle en a le pouvoir. Aucun gouvernement n'a franchi le pas, Agnes Buzyn doit le faire, c'est une urgence", martèle Jean-Paul Hamon. "C'est pour ça que j'ai demandé à 343 médecin - et plus s'il le faut - de signer cette pétition comme quoi ils ont eux aussi aidé à laisser partir de gens en fin de vie dans des conditions qui n'étaient pas forcément toujours conformes à la loi, mais il faut que les patients aient le droit de mourir dignement à domicile et c'est pour ça que je suis engagé", insiste-t-il.