«Un homme violent et misogyne» : la future station «Serge-Gainsbourg» du métro parisien fait polémique

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La future station de la ligne 11 du métro parisien "Serge Gainsbourg", aux Lilas, au nord de Paris, doit ouvrir au printemps prochain. © PHILIPPE WOJAZER / AFP
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Laura Laplaud
La future station de la ligne 11 du métro parisien "Serge Gainsbourg", aux Lilas, au nord de Paris, doit ouvrir au printemps prochain. Un choix qui ne plaît pas à tous. Une pétition a recueilli plus de 4.000 signatures afin d'empêcher que la station de métro porte le nom de l’artiste.

C'est un choix loin de faire l'unanimité. Le nom de la future station de métro "Serge Gainsbourg" aux Lilas et à Romainville, au nord de Paris, est contesté par plusieurs riverains. Une pétition a même été lancée sur le site Change.org pour demander de changer le nom de l'arrêt de métro. À ce jour, plus de 4.000 personnes l'ont déjà signée.

"Les tendances pédocriminelles voire incestueuses de Serge Gainsbourg sont pourtant de notoriété publique"

L'auteure de la pétition, Marie G., dénonce un "homme violent, misogyne notoire et chantre d'inceste". "Les violences envers les femmes et les tendances pédocriminelles voire incestueuses de Serge Gainsbourg (pour ne citer qu'elles) sont pourtant de notoriété publique, et nous sommes révolté.e.s que sa personne soit mise à l'honneur dans le métro de Paris", peut-on lire dans ce texte.

La pétition se base sur l'œuvre du chanteur, citant le clip Lemon Incest où l'on peut voir Charlotte Gainsbourg, alors jeune adolescente, dans un lit au côté de son père, elle en chemise de nuit, lui torse nu. Une chanson qui se veut délibérément provocante, jouant avec les mots, et suggérant la thématique de l'inceste. Accusé de faire l'apologie de l'inceste dès la sortie du titre en 1985, Serge Gainsbourg s'en est toujours défendu.

"Un crachat à la figure des victimes"

L'auteure de la pétition évoque aussi les relations de l'artiste avec des femmes très jeunes, dont des mineures. Constance Meyer, alors "fan" de Serge Gainsbourg, raconte dans un livre intitulé La jeune fille et Gainsbourg avoir eu une relation suivie avec lui lorsqu'il avait 57 ans, elle 16 ans.

La pétition se termine par le paragraphe suivant : "Post-MeToo, à l’heure de la prétendue écoute des victimes de violences comme priorité politique (qu'elles soient des femmes, des minorités de genre ou des enfants), à l'heure où les pédocriminels comme Matzneff ou Polanski ont maintes fois été dénoncés par leurs victimes, à l’heure où nous comptons tous les jours nos mortes tuées par des conjoints violents et malgré la fameuse "séparation de l’homme et de l’artiste" prêchée par les défenseurs de notre système patriarcal, cette décision de rendre hommage à Gainsbourg est un crachat à la figure des victimes."

Une référence à l'une de ses plus célèbres chansons

À l'époque, le maire des Lilas, Daniel Guiraud, aujourd'hui vice-président du Grand Paris, s'était positionné en faveur du nom de l'artiste pour cette station de métro. Une référence directe à l'une de ses plus célèbres chansons Le poinçonneur des Lilas.

L'arrêt "Serge Gainsbourg" sera ajouté à la ligne 11 du métro parisien, en travaux depuis 2016. Prévu pour le printemps 2024, il devrait être implanté sous le boulevard du Général-Leclerc-de-Hautecloque, entre l’entrée du square Henri-Dunant et la sente Giraud. Cinq nouvelles stations sont prévues et doivent ouvrir prochainement pour mieux desservir la proche et moyenne couronne parisienne.