L'école militaire de Saint-Cyr-l'Ecole avait déjà fait l'objet d'un scandale en 2018. 2:00
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Aude Leroy avec AFP , modifié à
Le parquet de Versailles a indiqué vendredi avoir ouvert une enquête préliminaire des chefs de "viols et agressions sexuelles" après que des jeunes femmes de l'école ont rendu compte à leur référent mixité "d'une situation de harcèlement sexuel de la part d'un élève masculin". Deux plaintes ont été déposées. 

Le parquet de Versailles a indiqué vendredi avoir ouvert une enquête préliminaire pour "viols et agressions sexuelles" après des accusations portées à l'encontre d'un élève de Saint-Cyr-L'Ecole, dans les Yvelines. Jeudi, l’armée de terre avait de son côté indiqué que le lycée militaire avait déclenché une enquête interne et saisi la gendarmerie pour des accusations de harcèlement sexuel. Selon les informations d'Europe 1, deux élèves de l'établissement ont déposé plainte. La prestigieuse école militaire avait déjà été au cœur, en 2018, d'un scandale de harcèlement moral qui avait déclenché une vague d'indignation.

Éloignement de l'auteur présumé des faits

"Des jeunes femmes, élèves de classe préparatoire aux grandes écoles, ont rendu compte à leur référent mixité d'une situation de harcèlement sexuel de la part d'un élève masculin à l'encontre de jeunes femmes de sa classe", indique le communiqué. C'est vendredi dernier que ce groupe jeunes filles a prévenu ce référent, qui se trouve en réalité être une référente, adjudant.

Celle-ci a immédiatement alerté le commandement et les jeunes femmes, ainsi que le suspect, ont été entendus dans le weekend. "Devant la clarté des témoignages concordants à l'encontre de l'auteur présumé", le chef de corps du lycée a éloigné l'auteur présumé de l'établissement et dénoncé les faits à la gendarmerie. "Il a par ailleurs déclenché une enquête interne qui permettra d'instruire une procédure disciplinaire."

Après avoir dans un premier temps indiqué qu'il n'y avait pas de plainte, l'armée de terre a confirmé à Europe 1 que deux avaient été déposées, sans préciser les qualifications exactes. L'ouverture d'une enquête préliminaire pour viols et agressions sexuelles confirme des chefs d'accusation plus lourd que le "harcèlement sexuel" d'abord évoqué par l'armée. 

L'une des armées les plus féminisées au monde

L'armée française est l'une des plus féminisées du monde, mais elle n'est pas épargnée par le harcèlement et les violences sexuelles. En 2014, l'ouvrage La guerre invisible, écrit par deux journalistes, avait dénoncé la gestion calamiteuse des agressions sexuelles et viols au sein de "la grande muette", le surnom de l'armée française, qui compte 15% de femmes dans ses rangs.

Le ministère avait créé une cellule "Thémis", chargée notamment de recueillir les témoignages des victimes et veiller à l'application de sanctions, au sein d'un univers aux codes très masculins. Mais le scandale de 2018 avait encore ébranlé l'institution. Il avait été lancé par le courrier au président Emmanuel Macron d'une jeune fille de 20 ans, élève en classe prépa à Saint-Cyr, qui confiait se sentir "persécutée" par un groupe de garçons, les "tradis".

Un enquête préliminaire ouverte

Jeudi, le colonel Benoît Brulon, porte-parole de l'armée de terre, a souligné que le suspect avait été "remis à sa famille jusqu'à la fin des enquêtes en cours", en se félicitant que les mesures aient été prises lundi, le même jour que la dénonciation des faits. Le communiqué précise que la cellule d'intervention et de soutien psychologique de l'armée de Terre (CISPAT) a été mobilisée.

"Cet événement rappelle que la lutte contre le harcèlement est une priorité. Le référent mixité a parfaitement joué son rôle", se félicite l'armée de terre. "Cette action rapide et coordonnée de la chaîne de commandement traduit une transparence totale et une tolérance zéro, strictement appliquée sur toute forme de harcèlement, quelle qu'en soit sa manifestation". Si les faits sont avérés, cela peut aller jusqu'à l'exclusion définitive du jeune homme du lycée militaire, voire à des sanctions judiciaires.