Transgenre, son petit-fils a entamé une transition : "Mamie t’aimera tout autant"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Le petit-fils de Suzanne est transgenre. Assigné au genre féminin à la naissance, il a entamé une transition. Au micro d’Olivier Delacroix, sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Suzanne exprime ses difficultés à comprendre sa démarche, mais continue d'affirmer son amour pour son petit-fils.
TÉMOIGNAGE

Le petit-fils de Suzanne a 22 ans et est un homme transgenre. Cela signifie qu’il ne se sent pas appartenir au genre féminin auquel il a été assigné à la naissance. Il a alors entamé une transition vers le genre masculin. Suzanne essaie de comprendre sa démarche. Elle parle toujours de son petit-fils au féminin, mais utilise aussi parfois le masculin. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Suzanne affirme son amour pour son petit-fils transgenre.

"Je suis grand-mère d’un garçon qui a 17 ans et d’une jeune femme qui a 22 ans. Cette jeune femme a décidé de devenir un homme. Elle me parle de toute sa transformation. Ce n’est pas facile. Il y a eu d’abord le traitement. Elle a changé de voix, elle a une voix masculine. Elle commence à avoir un duvet sous son nez. C’est flagrant sur les photos. Ma fille, sa maman, est venue en vacances cet été. Elle m’a dit : 'Marylou voudrait que tu aies cette photo'. Je ne l’ai pas reconnue. Ça a été très difficile. 

C’était une petite blondinette. Elle adorait les poupées. Dès qu’elle avait un peu d’argent, elle achetait des poupées de collection. Elle s’habillait avec des déguisements de fée ou de Cendrillon. J’ai du mal à repérer où s’est fait la fracture. J’avais eu ma petite-fille au téléphone et on en avait parlé. La transformation n’avait pas encore commencé. Elle m’avait demandé ce que j’en pensais. Je lui avais dit : 'Quoi que tu fasses, tu sais très bien que mamie passera au-dessus de tout et t’aimera tout autant'.

" C’est un garçon très brillant "

Elle en est au stade de se faire opérer pour se faire enlever les seins. C’est un garçon très brillant. Elle fait des études dans l’édition. Je suis très fière. Il y a deux ou trois ans, elle avait demandé de l’argent pour s’acheter du maquillage. Son père lui avait dit : 'Non, tu n’as qu’à travailler'. J’avais trouvé la réponse un peu raide. Elle a fait du baby-sitting. Après, elle a travaillé au service administratif dans l’hôpital où sa maman travaille. Elle connaît énormément de choses. Cet été, il a travaillé en obstétrique. Il s’en sort bien. 

J’ai eu une chance extraordinaire d’avoir été élevée par un couple très tolérant. Mon papa était très bienveillant. Il ne se serait pas arrêté à ça et c’est un peu ma ligne de conduite par rapport à lui. J’ai sa photo sur ma cheminée et je lui dis : 'Toi, tu aurais su me dire que c’est sa vie, il fait ce qu’il en veut'. Ce qui m’a fait très mal, c’est l’opération pour enlever les seins. C’est une mutilation quelque part.

Je n’échange pas avec ma fille. C’est très difficile. Son papa et sa maman forment un couple très personnel. Ils ont fait toujours passer leur vie de couple avant les enfants. J’arrive à comprendre un peu ce qu’il se passe. Je me dis qu’ils n’ont pas eu vraiment de câlins. Ce sont des enfants qui ne sont jamais partis en vacances avec leurs parents. Les parents partaient seuls. Ils sont très personnels."