Toxicomane pendant 30 ans, Sabine est aujourd’hui abstinente : "Il y a une solution"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Sabine est aujourd’hui abstinente, après 30 ans de consommation d’héroïne et d’alcool. Au micro d’Olivier Delacroix, sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Sabine partage son expérience et raconte comment les groupes de parole de l’association Narcotiques Anonymes lui ont permis de s’en sortir. 
TÉMOIGNAGE

Pendant 30 ans, Sabine a consommé de l’héroïne et l’alcool. Cela fait désormais plus de huit ans qu’elle est abstinente grâce aux groupes de parole de l’association Narcotiques Anonymes. Elle explique que partager son expérience et entendre celle des autres, lui a permis de s’en sortir. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Sabine évoque son parcours et raconte à Olivier Delacroix comment le programme des Narcotiques Anonymes l’a aidée.

"J’ai consommé de l’héroïne et de l’alcool pendant presque 30 ans. Je veux dire à tous ceux qui n’arrivent pas à se passer de ces produits, qu’il y a une solution. C’est grâce aux groupes de parole des Narcotiques Anonymes que j’ai arrêté de consommer. Pourtant, je n’y croyais plus depuis longtemps. La première fois que je les ai rencontrés, ça faisait moins d’une quinzaine d’années que je consommais. J’étais encore jeune et ça n’avait pas marché à l’époque. Aujourd’hui, cela fait huit ans et huit mois que je ne consomme plus de produit qui modifie mon comportement ou mon état de conscience. Je suis beaucoup plus heureuse.

" C’est une progression spirituelle "

Ce qui m’a aidée dans ce programme et dans cette fraternité, c’est de venir en aide à ces femmes qui ont le même genre d’expériences et de les accompagner dans ce travail qui fonctionne par étapes. C’est un programme qui a été calqué sur celui des Alcooliques Anonymes. C’est une progression spirituelle. La première étape consiste à reconnaître que l’on n’arrive plus à gérer. Je partage mon expérience avec mes filleules. Cela me permet de ne pas oublier, parce que si j’oublie, je pourrais être tentée de consommer à nouveau.

Cela peut aussi servir à quelqu’un pour s’en sortir. C’est ça qui me permet de vivre une vie différente et d’être quelqu’un d’épanouie : utiliser cette période de gâchis, pour qu’elle soit utile à quelqu’un. L’idée c’est d’éviter de consommer à nouveau parce qu’on ne sait pas s’arrêter. Quand j’ai arrêté la drogue pour la première fois, c’était le 4 février 2000. J’ai passé un an dans un centre où il y avait des chevaux. Quand je suis sortie, j’ai cru que j’étais guérie. J’ai complètement changé de vie. Petit à petit, je devenue alcoolique sans m’en rendre compte.

" J’ai besoin de l’expérience des autres "

J’ai besoin des autres pour me rendre compte de ma réalité. À cause de ma dépendance, j’ai une vision de la réalité qui m’est propre et qui n’est pas juste. J’ai besoin de l’expérience des autres et notamment des anciens. C’est en partageant avec eux que j’arrive à vivre de façon plus ou moins sereine et surtout sans consommer. Quand j’ai accepté de m’asseoir dans les salles des Narcotiques Anonymes et d’écouter ce que l’on me suggérait, ça a changé ma vie.

Toute ma vie, j’ai essayé d’arrêter. J’ai fait ma première cure en 1989 et j’ai arrêté de consommer en 2011. Je voulais absolument arrêter les produits. Ma vie était un enfer, mais en fait, je ne voulais pas arrêter. Il y a beaucoup de bienveillance et d’amour dans ces salles. Les gens ne se jugent pas, parce que l’on a souvent les mêmes façons de fonctionner. Après mon overdose, je ne savais plus lire, plus écrire, plus compter. Quand j’ai entendu les histoires de ces gens qui souriaient et étaient en bonne santé, j’avais envie d’avoir ce qu’ils avaient.

 

J’ai commencé à consommer quand j’étais enfant, donc je ne sais pas vraiment qui je suis, je n’ai pas eu le temps de me construire. La personne que je découvre en avançant dans cette fraternité et ce rétablissement, a de l’attrait. Donc j’arrive à me pardonner. C’est un programme réparation. J’ai beaucoup consommé par révolte, mais la plus grande rébellion de ma vie, c’est d’avoir arrêté de consommer. C’est une grande fierté pour moi aujourd’hui. C’est une révolution personnelle et intérieure."