"Tortures" sur une fillette de six ans: 12 ans de prison pour la belle-mère

Ses poignets, ses chevilles, portaient des traces de lacération et de nombreuses ecchymoses couvraient son corps anormalement maigre.
Ses poignets, ses chevilles, portaient des traces de lacération et de nombreuses ecchymoses couvraient son corps anormalement maigre. © AFP
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avec AFP
Coupables de "violences habituelles" et d'"actes de torture et de barbarie", la belle-mère d'une fillette de six ans et son père ont été condamnés respectivement à 12 ans et 8 ans de réclusion. La fillette, âgée de six ans et demi au moment des faits, "a été attachée, bâillonnée, privée de sommeil, privée d'aller aux toilettes et de nourriture".

Privation de nourriture, de sommeil et même d'aller aux toilettes : la Cour d'assises de l'Yonne a condamné jeudi à 12 ans de réclusion criminelle la belle-mère d'une fillette de six ans, et à 8 ans son père, pour "tortures et barbarie". Les jurés ont reconnu la belle-mère, Nadège Cousin, et le père, Sirile Blanchet, tous deux coupables de "violences habituelles", de 2015 à 2018, et d'"actes de torture et de barbarie", en avril 2018, sur la fillette aujourd'hui âgée de neuf ans.

"Attachée, bâillonnée, privée de sommeil, d'aller aux toilettes et de nourriture"

La condamnation est inférieure aux réquisitions de l'accusation, qui avait demandé 14 ans pour Nadège Cousin et 12 pour le père. La fillette, âgée de six ans et demi au moment des faits, "a été attachée, bâillonnée, privée de sommeil, privée d'aller aux toilettes et de nourriture", a fustigé l'avocat général Pierrick Giangualano dans ses réquisitions. En avril 2018, quand les gendarmes tentent de voir l'enfant, ils sont accueillis par le frère aîné, âgé de 12 ans, qui les menace d'une barre métallique, et la belle-mère de la fillette la jette dans la rue, à demi-vêtue, en lançant aux forces de l'ordre: "Vous la voulez, ben tenez !".

Des traces de lacérations et de nombreuses ecchymoses 

Ses poignets, ses chevilles, portaient des traces de lacération et de nombreuses ecchymoses couvraient son corps anormalement maigre. Elle n'a dû sa "survie" qu'à la cantine scolaire; elle a été attachée deux heures durant les bras en l'air, sur la pointe des pieds; elle était "insultée, privée de jeux et de parole", a listé l'avocat général. Le père a quant à lui reconnu "l'écharpe placée au fond de sa bouche pour ne pas qu'elle pleure", les douches "qu'une fois par semaine" et "la laisse du chien avec laquelle elle était entravée au lit superposé". 

Dénonçant la "perversité criminelle" de Nadège Cousin, principale accusée, le ministère public a dépeint une femme "tyrannique" et "froide", qui est restée totalement impassible à l'énoncé du verdict. "J'ai beaucoup de remords", avait-elle malgré tout murmuré à la fin du procès. Quant au père, il a agi "par amour" pour sa compagne, mais n'en a pas moins été "actif", "approuvant" même, selon l'avocat général. La famille était dans la "misère", reconnaît-il, mais considérer cela comme une circonstance atténuante serait "une insulte pour la masse des gens pauvres qui aiment leurs enfants".

La "défaillance" des services sociaux 

Julien Lewden, avocat de Nadège Cousin, a en revanche dénoncé la "défaillance" des services sociaux de l'époque qui avaient déjà placé la fillette en 2015 mais sans intervenir par la suite, malgré des "alertes récurrentes". L'avocat a également plaidé le "passé infantile traumatique" de Nadège Cousin, dont les parents étaient déjà "maltraitants", et la fragilité psychologique de sa cliente. Michèle Duffaut, avocate de Sirile Blanchet, a voulu décrire un "bon père", "terriblement immature et complètement soumis", qui est tombé "sous la coupe" de sa nouvelle compagne. Il a "laissé faire mais il n'avait pas l'intention", a assuré l'avocate.