Temps de parole des femmes : l'INA pointe un net déséquilibre à la télévision et à la radio

Les femmes sont toujours (bien) moins présentes que les hommes à la télévision comme à la radio © Capture France Télévisisons
  • Copié
avec AFP , modifié à

En traitant "le plus gros volume de données jamais analysé au monde" pour mesurer le temps de parole des femmes à la télévision (depuis 2010) et à la radio (depuis 2001), l'INA note lundi qu'elles ont parlé deux fois mois longtemps que les hommes.

Les femmes ont parlé deux fois moins longtemps que les hommes à la télévision et à la radio au cours des dernières années, toutes chaînes confondues en France, constate une étude de grande ampleur diffusée lundi par l'INA. Pour son enquête, l'Institut national de l'audiovisuel a créé un logiciel d'analyse acoustique pour mesurer le temps de parole des femmes sur 700.000 heures de programmes, journalistes et intervenantes confondues, ce qui est "le plus gros volume de données jamais analysé au monde", avec des données remontant jusqu'à 2001 pour la radio et 2010 pour la télévision.

Télévision : des femmes qui s'expriment 4,7% de temps de plus en huit ans

Seulement un tiers de temps de parole à l'écran. À la télévision, les prises de parole des femmes représentent moins d'un tiers du temps de parole total (32,7%) et leurs voix portent encore moins à la radio où celui-ci n'est que de 31,2%. L'étude détaille la situation par chaîne : ce sont sur Teva et Chérie 25, des chaînes destinées aux femmes, qu'elles ont le plus la parole mais même là, le temps de parole des hommes est plus important.

En troisième position, la chaîne d'info France 24 se démarque avec un temps de parole féminin de 45%. À l'autre bout du spectre, les chaînes sportives Eurosport et L'Équipe sont celles où le temps de parole des femmes est le plus faible (respectivement 7,4% et 16,5%).

M6 en tête des chaînes généralistes. Parmi les chaînes généralistes, M6 se démarque avec un temps de parole féminin de 41% tandis que sur les chaînes à programmation culturelle ou éducative (Arte, France 5), leur taux d'expression est plus faible (moins de 30%).

Moins de femmes aux heures de grande audience. L'Ina a également décortiqué les temps de parole aux heures de forte audience : il baisse en moyenne de 3,2% sur les chaînes et de 1% sur les chaînes publiques. Sur le créneau spécifique 19h-21h, le taux d'expression des femmes est de 37,7% en moyenne sur les chaînes publiques contre 24,6% sur les chaînes privées.

Des femmes plus présentes en Alsace et Nord-Pas-de-Calais. L'étude montre aussi des disparités régionales, grâce à l'analyse des JT régionaux de France 3 sur l'année 2016 : le pourcentage de parole attribué aux femmes dans les 24 éditions régionales varie entre 26% et 53%. L'Alsace et le Nord-Pas-de-Calais sont les seules éditions pour lesquelles le temps de parole des femmes est supérieur à celui des hommes. À l'inverse, en Lorraine, Midi-Pyrénées, Auvergne et Aquitaine, il est inférieur à un tiers.

Radio : 9,3% de temps de parole supplémentaire en 17 ans

RFI en tête, RMC en queue. Côté radios, l'étude distingue les musicales et les généralistes, sur ces dernières le taux d'expression des femmes maximal est sur RFI (33%), et minimal sur RMC (17%), une station diffusant beaucoup de contenu sportif. "Ces inégalités de représentation tendent à se réduire au fil des années", note toutefois l'auteur de l'étude David Doukhan.

Des temps de parole en augmentation. Ainsi, à la radio, le temps de parole des femmes a augmenté de 9,3% entre 2001 et 2018 et à la télévision, de 4,7% de 2010 à 2018, une évolution particulièrement visible sur les chaînes publiques (+7%). L'INA a mis à disposition toutes les données de l'étude sur la plateforme publique data.gouv.fr.