Quand des professionnels de l'aviation soutiennent des anti-avions 1:41
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Louise Sallé , modifié à
Des activistes du groupe Alternatiba avaient envahi la piste de Roissy en octobre dernier. Ils comparaissaient ce mercredi au tribunal de Bobigny. Aussi bizarre que cela puisse paraître, ils ont reçu le soutien d'un groupe de professionnels de l'aéronautique. Pourquoi ? Explications. 

C'est une audience assez originale qui s'est tenue ce matin au tribunal de Bobigny. A l’origine de l’affaire : des activistes pour le climat qui comparaissent pour avoir pénétré la piste de l’aéroport de Roissy en octobre dernier. Ils manifestaient contre l’extension du Terminal 4. Chose assez improbable pour être soulignée, un groupe de professionnels de l'aéronautique défendent ouvertement leur action. Comment des pro-avions en arrivent à soutenir les anti-avions ?

Un même objectif : décarboner l'aérien

"Pensons l'aéronautique pour demain", un collectif composé de chercheurs, d'ingénieurs et de pilotes, qui tentent de comprendre rationnellement et scientifiquement comment décarboner le secteur aérien, soutient les activistes. Le collectif a d'ailleurs publié une tribune sur le site de Franceinfo ce mercredi aux côtés des militants jugés pour l'invasion des pistes de Roissy. 

Dans l'état actuel des connaissances, la logique des activistes rejoint celle des scientifiques, explique Maxime Léonard, président du collectif et ingénieur chez Airbus. "On essaye de prévoir combien de terres seront nécessaires pour fournir des agrocarburants au trafic aérien. A ce moment-là, on entre en compétition avec les terres agricoles nécessaires à l'alimentation. Dans le débat public et dans l'environnement médiatique, on entend surtout la voix des industriels qui essayent de proposer uniquement une solution technologique. On n'arrive pas à baisser les émissions avec les mesures qui sont proposées aujourd'hui. Et donc, la seule solution, c'est de baisser le trafic, de l'ajuster aux budgets carbone fixés par la COP21", explique-t-il au micro d'Europe 1.

Une solution, donc, serait de cesser d'agrandir les aéroports pour freiner le rythme de croissance du trafic aérien. Car si ce rythme exponentiel est maintenu, les émissions du secteur doubleraient d'ici 15 ans.