1:29
  • Copié
T.M. , modifié à
Invité du Club de la Presse, Soufiane Zitouni, auteur de Confessions d'un fils de Marianne et de Mahomet, dénonce le mariage entre l'islam et la politique.
INTERVIEW

Tout commence par une tribune publiée dans Libération, juste après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hypercacher, intitulée "'Aujourd'hui, le prophète est aussi Charlie'". Soufiane Zitouni, professeur de philosophie, s'y attaque au manque d'humour de certains musulmans. Ses mots dérangent, choquent même, notamment au sein du lycée Averroes, à Lille, premier lycée musulman de France, dont il démissionne dans la foulée.

"J'ai été perçu comme un apostat". "Dans mon lycée, il y avait des professeurs membres de l'UOIF (Union des Organisations Islamiques de France), proche des Frères musulmans", explique l'auteur de Confessions d'un fils de Marianne et de Mahomet, sur Europe 1. "Je n'ai pas été taxé d'islamophobie, mais j'ai été perçu comme un apostat", raconte-t-il.

"L'islamisme, ce mélange malsain d'islam et de politique". Invité du Club de la Presse, il raconte que "des imams viennent faire leur prêche au lycée avec une écharpe aux couleurs de la Palestine. Est-ce que c'est l'islam des Frères musulmans qu'on veut voir s'établir en France ? Ce n'est pas cet islam-là, l'islam des femmes voilées, l'islam antisémite, l'islamisme, ce mélange malsain d'islam et de politique".

"Je dis aux musulmans : 'Réveillez-vous'". Soufiane Zitouni plaide ainsi pour une prise de parole des musulmans contre l'islamisme. "Je dis aux musulmans 'réveillez-vous, cessez de faire le dos rond, prenez la parole. Dites que cet islam-là n'est pas votre islam'. Beaucoup de musulmans ont du mal à être des sujets libres, à dire 'je', 'je' ne suis pas d'accord, 'je' pense que. C'est l'instinct grégaire, l'instinct de troupeau", regrette-t-il.

"Le voile est un étendard de l'islamisme". Appelé à réagir aux propos de Manuel Valls, qui estimait cette semaine que le salafisme est "en train de gagner la bataille idéologique et culturelle", Soufiane Zitouni a par ailleurs jugé que cette affirmation était "insuffisante". "Il ne s'agit pas que des salafistes, mais aussi des Frères musulmans. L'islam des Frères musulmans se diffuse partout en France, et maintenant par le biais d'établissements musulmans. Ce qu'il faut combattre, c'est une conception politique de l'islam. Le voile est un étendard de l'islamisme. Il faut arrêter d'essayer de nous faire croire que c'est la liberté de culte. On est d'une naïveté incroyable", dénonce-t-il. "A force d'être dans cette crainte de stigmatisation de l'islam, on finit par ne plus vouloir critiquer quoi que ce soit, et je trouve ça dommage".