Souffrant de troubles de la mémoire, son fils s’enferme dans la solitude

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Léa Beaudufe-Hamelin
Aujourd’hui âgé de 45, le fils de Jacqueline souffre de troubles de la mémoire et de dyscalculie depuis l’enfance. Au micro d’Olivier Delacroix, sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Jacqueline s’inquiète pour son fils qui refuse de faire des activités et des rencontres parce qu’il se sent inférieur aux autres.
TÉMOIGNAGE

Le fils de Jacqueline a 45 ans. Depuis l’enfance, il souffre de troubles de la mémoire et de dyscalculie. Il reproche à sa mère de ne pas avoir fait en sorte que ses problèmes soient traités quand il était enfant. Aujourd’hui, ce dernier souffre de solitude et refuse de faire des activités, se sentant inférieur aux autres. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Jacqueline fait part à Olivier Delacroix de son inquiétude pour son fils qu’elle voit s’enfermer dans la solitude.

"Mon fils a 45 ans. Il est fils unique. Il a des problèmes de mémoire et de dyscalculie. Il a été suivi par un orthophoniste et un psychologue. Il trouve que la situation n'avance pas. En plus, il se sent très inférieur aux autres, il se dévalorise beaucoup. De ce fait, il n'a pas beaucoup d'amis. Il est très seul et très isolé. Il voit que les années passent et c'est toujours la même chose. 

" Il me reproche de n’avoir rien fait "

Il me reproche de ne pas avoir vu ses problèmes lorsqu'il était petit. Il m’a dit : ‘Vous voyiez bien que ça n'allait pas à l'école, j'ai changé d’établissement deux fois’. Aucun professeur ne nous a dit que ça n'allait pas. Ils nous disaient qu’il pouvait mieux faire. Il était un peu lent. Il nous reproche de n’avoir rien fait, nous disant que l’on ne pensait qu'à notre travail. Il faut dire qu'il y a 40 ans, ça n'était pas comme aujourd'hui. Maintenant, les parents sont très à l'écoute dès qu’il y a quelque chose. 

Je lui ai dit qu’on n’avait peut-être pas fait ce que nous devions faire, mais que maintenant, il fallait aller de l'avant. Il ne faut plus regarder derrière, il faut regarder devant. Je ne m'en suis pas rendu compte, mais il me dit qu’il a toujours eu des problèmes de mémoire. Mais parfois, il me parle de choses qui remontent à un certain nombre d'années. Il dit qu’il n’a pas de mémoire, mais comment se fait-il qu’il se souvienne de ça, alors que moi, je ne m'en souviens pas ? 

" Il n'a qu'un ami "

Il a pourtant été suivi par un orthophoniste, mais il me dit que ça n'avance pas. Je ne sais plus quoi faire. Je suis complètement désemparée et lui aussi. Il a vu des psychologues, mais c’est pareil, il n'en voit plus parce qu’il trouve que ça n'avance pas. Il dit que ça ne sert absolument à rien et qu’il a tout essayé. Il voit un psychiatre une fois par mois. Le psychiatre est tout à fait au courant de sa situation. 

Il est complètement englué dans une situation pour laquelle il ne trouve plus d'issue. Il me dit qu’il est seul et qu’il n’a qu'un ami. Alors s’il se fâche avec lui, il n'aura plus personne. Son ami a des problèmes similaires au sien. Il dit qu’il n’a pas d'amis, mais je lui réponds que ça ne dépend que de lui. Il faut qu’il aille vers les autres. Il dit qu’il n’a jamais été habitué à ça, parce qu’il était seul et fils unique. Alors, ça le perturbe.

 

Je voudrais qu'il fasse quelque chose, qu'il ait une activité. Il me dit : ‘Que veux-tu que je fasse, je ne peux aller que dans un ESAT’ (Établissement et service d'aide par le travail NDLR). C'est un établissement pour les handicapés. Il a essayé de faire du théâtre, mais il dit qu’il ne se souvenait pas des textes. Il me dit qu’il a tout essayé. Il ne veut pas faire d’activités parce qu’il va rencontrer des gens. Il se sent tellement inférieur à tout le monde qu’il n'ose même plus sortir. 

Il me dit : ‘Je ne suis même pas intelligent’. Il se dévalorise de plus en plus. Je lui demande s’il y a des choses qui l’intéressent, s’il a des centres d'intérêt. Il me répond qu’il ne peut pas en avoir, parce qu’il n’a pas de mémoire. C’est très handicapant, c’est sûr. Mais je crois surtout qu'il n'en a pas envie. Il voit que les années passent et il se dit que quand nous, ses parents, ne serons plus là, il sera seul."