Son fils est décédé des suites du syndrome du bébé secoué : "On se bagarre pour vivre"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Bertrand a perdu son fils, victime du syndrome du bébé secoué à l’âge de trois mois et demi. L’enfant était maltraité par sa nourrice. Au micro d’Olivier Delacroix sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Bertrand se confie au sujet des conditions du décès de son fils et de son parcours de deuil.
TÉMOIGNAGE

Le fils de Bertrand est décédé à l’âge de trois mois et demi, après avoir été victime du syndrome du bébé secoué. Ces maltraitances ont été commises à répétition par sa nourrice. C’est seulement après que son fils a fait un arrêt cardiorespiratoire que le syndrome du bébé secoué a été diagnostiqué. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Bertrand explique les conditions du décès de son fils et se confie à Olivier Delacroix sur son parcours de deuil.

"J’ai eu la malchance de perdre mon deuxième enfant, Tom, à la suite de maltraitances commises par sa nourrice. Ces maltraitances sont connues sous le nom du syndrome du bébé secoué. C’était en octobre 2014. À partir de septembre 2014, nous avons confié nos deux enfants à une nouvelle nourrice. L’aîné avait deux ans et Tom avait trois mois et demi. Dès le quatrième jour, Tom n’était pas bien. Je l’ai récupéré un soir dans un état inquiétant.

La nourrice ne nous a pas donné d’informations alarmantes. Mon fils était livide et n’avait plus de tonus. Nous avons consulté notre médecin traitant le lendemain. Il est passé à côté du premier secouement. C’est compliqué de diagnostiquer le secouement, je n’en veux pas au médecin. Après un weekend difficile, nous avons confié notre enfant à la nourrice en toute confiance. Quelques jours après, nous avons récupéré notre fils une nouvelle fois dans un état dramatique. Il a été pris en charge immédiatement aux urgences pédiatriques.

" On ne s’imaginait pas que quelqu’un faisait du mal à notre enfant "

Notre Tom ne buvait plus très bien. Il était irritable. Il ne réagissait pas normalement. Il était déshydraté. On ne s’imaginait pas que quelqu’un faisait du mal à notre enfant. On redoutait une maladie, on ne s’imaginait pas le pire. Nous avons récupéré notre fils. Il allait beaucoup mieux. Nous avons passé un weekend exceptionnel avec notre fils. C’était le dernier weekend. Nous avons remis nos enfants chez la nourrice. C’est là qu’il a fait un arrêt cardiorespiratoire. C’était le troisième secouement.

J’ai vu les pompiers faire un massage cardiaque à mon fils. Je n’ai jamais quitté mon fils des yeux. Au bout d’une dizaine de minutes, son cœur est reparti. Ils l’ont emmené en hélicoptère au CHU de Besançon. C’est là que notre calvaire a commencé. Pendant douze jours, on s’est relayés auprès de lui avec mon épouse. Après des examens, la neuro-pédiatre nous a annoncé qu’il avait été maltraité plusieurs fois et que c’était le syndrome du bébé secoué.

" C’est un crève-cœur pour nous "

La nourrice disait qu’elle ne comprenait pas et qu’il ne s’était rien passé. Elle ne nous donnait aucune explication et ne s’exprimait pas. Elle semblait inquiète. Je n’ai pas eu de comportements accusateurs ou interrogateurs envers elle. Sur le moment, on s’est dit c’était peut-être la mort subite du nourrisson. En octobre 2018, son procès a eu lieu aux assises de Besançon. Elle a été condamnée à sept ans de prison ferme et cinq ans d’interdiction d’exercer.

Le frère de Tom avait deux ans et trois mois. Il nous posait beaucoup de questions. Aujourd’hui, il sait ce qu’il s’est passé. On est très attentifs parce qu’il a été impacté comme nous. Il a perdu son insouciance, il sait ce qu’est la mort. Quand il va à la piscine, il ne veut pas mettre la tête sous l’eau parce qu’il a peur de mourir. Il a huit ans aujourd’hui et il pense parfois comme un adulte. C’est un crève-cœur pour nous qu’il ait subi ça.

 

J’ai souhaité écrire un livre jeunesse pour faire de la prévention et expliquer ce qu’était le syndrome du bébé secoué. Les bébés secoués ont des séquelles irréversibles. Je voulais parler de l’acceptation de ce handicap. Nous avons eu deux enfants après le décès de notre fils Tom. On se bagarre pour vivre parce qu’on aime la vie. Je voulais montrer dans ce livre qu’il peut y avoir de l’espoir après un drame. Le parcours de deuil a été compliqué et on continue à le vivre."