Pornographie illustration 4:14
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Damien Mascret
Scénario ultra-classique, pratiques irréalistes érigées en normes, blocage sur certains aspects… La pornographie comporte plusieurs pièges qu'il faut savoir déjouer. Au micro d'Europe 1, dans l'émission Sans Rendez-vous, le docteur Damien Mascret donne des pistes pour comprendre l'influence du porno sur la sexualité.

Comment ne pas se laisser influencer négativement par la pornographie ? Dans l'émission Sans Rendez-vous, sur Europe 1, le docteur Damien Mascret donne des clés pour éviter les trois pièges liés au visionnage de vidéos pour adultes. Car selon le spécialiste, cela peut avoir des conséquences néfastes sur la conception et la pratique de la sexualité, notamment en termes d'imagination.

Premier piège : un scénario figé

"Il faut d'abord se méfier de l'effet normatif de la pornographie, car c'est à la fois la même chose et différent. C'est la même chose parce qu'il y a vraiment un scénario assez classique, qui va des préliminaires au plaisir masculin. En général, tout s'arrête après. En réalité, on peut commencer à oublier cette idée de préliminaires. Il faut aussi oublier cette notion que tout doit forcément suivre cette ordre, comme l'entrée, le plat, le dessert. On n'est pas obligé de suivre un scénario aussi figé.

Or, beaucoup ont l'impression que c'est ce qu'il faut faire. La sexualité est normalement un des domaines dans lequel, en principe, vous êtes totalement libre avec votre partenaire de faire ce que vous voulez. En réalité, c'est un des domaines où on est parfois les plus traditionnels à suivre ce qui nous a été recommandé. Il y a donc un effet normatif très fort. Beaucoup vont finalement avoir une variété limitée dans leur répertoire sexuel. Ça peut cependant avoir un effet utile puisqu'on va proposer des choses à son partenaire. Le consentement sera indispensable car, quand on propose, l'autre dispose."

Deuxième piège : un déroulé irréaliste

"Il y a un double visage dans le porno : c'est à la fois réaliste et irréaliste. Le côté réaliste, c'est que l'homme est à l'évidence dans un état d'excitation. On ne peut pas faire semblant d'avoir une érection. Maintenant, il y a des produits, comme des injections intra-caverneuses parfois utilisées dans le porno, ce qui peut permettre effectivement d'avoir des érections complètement irréalistes qui vont durer très longtemps. Cela reste du cinéma, mais le téléspectateur, lui, se dit que ça marche. 

C'est là que ça peut être effectivement dangereux : parfois, on peut avoir des schémas et des scénarios qui vont s'imposer. Des partenaires vont par exemple prendre du plaisir avec des choses qui ne sont pas du tout plaisantes ni agréables. Cela peut être de la douleur, du manque de respect ou de l'humiliation. Cela arrive évidemment que certains développent une sexualité autour de ces pratiques, mais il faut quand même rappeler que c'est plutôt rare. La plupart des gens n'apprécient pas ce genre de pratiques. En tout cas, ceux qui ne l'apprécient pas ne doivent pas s'y adonner simplement parce qu'ils pensent que c'est la norme. Il faut donc se méfier de ce double visage du porno à la fois réaliste et irréaliste."

Troisième piège : une imagination bloquée

"Le plus grand défaut du porno est un peu là : on va bloquer la créativité, d'une certaine façon. Même si certains vont varier les plaisirs, beaucoup ont tendance à être un peu monomaniaques. Des consommateurs de porno vont toujours regarder les mêmes choses et donc inculquer à leur esprit une éducation érotique complètement ciblée sur une pratique, un type de rapport, ou une situation. Ils ne laissent plus d'ouverture ni à la créativité ni à l'imagination de leur partenaire."