Seine-Saint-Denis : une mosquée fermée sous l'état d'urgence pourra rouvrir, une première

La mosquée de Stains s'est engagée à changer d'imam et à installer des caméras de vidéosurveillance, a annoncé mercredi le ministère de l'Intérieur. (Illustration) © JOEL SAGET / AFP
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avec AFP

La mosquée de Stains s'est engagée à changer d'imam et à installer des caméras de vidéosurveillance, a annoncé mercredi le ministère de l'Intérieur.

Une mosquée de Seine-Saint-Denis, fermée il y a six mois dans le cadre de l'état d'urgence, est la première à pouvoir rouvrir, après s'être engagée à changer d'imam et à installer de la vidéosurveillance, a annoncé mercredi le ministère de l'Intérieur.

La mosquée Al Rawda de Stains, qui accueillait plus de 600 fidèles lors de la prière du vendredi, avait été fermée début novembre. Les autorités lui reprochaient notamment d'avoir accueilli des figures du djihad, dont Fabien Clain, voix de la revendication des attaques du 13 novembre 2015.

"Nous avons compris les reproches qui nous étaient faits". En janvier, le Conseil d'État, saisi par l'association dirigeante, le Centre culturel franco-égyptien, avait confirmé la fermeture du lieu de culte. Depuis, les gérants ont pris un certain nombre de "mesures", a expliqué l'Intérieur dans un communiqué, au lendemain de l'abrogation de l'arrêté préfectoral de fermeture provisoire. "Lors des procès, nous avons compris les reproches qui nous étaient faits", a déclaré Mohammed Henniche, secrétaire général de l'Union des associations musulmanes (UAM) du 93, qui s'est impliqué dans les discussions de réouverture.

Imams "modérés" et vidéosurveillance. Les gérants ont décidé de "se séparer de l'imam radical" qui officiait dans la mosquée et de "recruter des imams modérés", a précisé le ministère. Trois imams officieront à tour de rôle, selon Mohammed Henniche. Le but: faire en sorte que la mosquée "ne tombe pas sous l'emprise d'un seul imam", a-t-il souligné.

Des caméras de vidéosurveillance vont aussi être installées à l'intérieur et aux abords du lieu de culte, a-t-il poursuivi. L'objectif étant, selon l'Intérieur, de "prévenir la constitution de groupes (...) susceptibles de diffuser des messages radicaux". Les gérants du lieu de culte se sont également engagés à constituer une "équipe de vigilance" d'une dizaine de fidèles, selon Mohammed Henniche. Elle sera chargée "d'alerter sur les comportements et les expressions contraires aux valeurs de la République", a détaillé le ministère.

Le lieu de culte devrait rouvrir le 19 mai. Ils devront également créer un site internet - où doit figurer "un message de condamnation des propos tenus par l'ancien imam" - et développer un "contre-discours face aux phénomènes de radicalisation", en faisant intervenir dans la mosquée des "personnalités reconnues" en la matière. Le lieu de culte devrait rouvrir le 19 mai selon Mohammed Henniche, après la validation par la mairie de Stains des conditions d'accessibilité et de sécurité incendie.

Une vingtaine de mosquées et salles de prières présumées radicalisées ont été fermées depuis l'instauration de l'état d'urgence après les attentats du 13 novembre 2015. Ce régime d'exception a été prolongé jusqu'au 15 juillet.