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Lionel Gougelot, édité par Manon Fossat
Un rapport du Haut Conseil du financement de la protection sociale préconisait en 2019 d'introduire les pratiques de bientraitance dans les cursus initiaux des personnels des Ehpad. Mais les scandales Orpea et Korian remettent sur la table la question de la formation des soignants, qui manquent souvent de moyens.

C'est l'un des enseignements du scandale des Ehpad: il faut donner plus de moyens et améliorer la formation des personnels des maisons de retraite. Infirmières et aides soignants n'ont bien souvent pas reçu de formation spécifique à la prise en charge du grand âge dans leur cursus initial. Pourtant un rapport du Haut Conseil du financement de la protection sociale, qui devait servir d'orientation à la loi "Grand âge", préconisait en 2019 d'introduire les pratiques de bientraitance dans les formations initiales des personnels. De bonnes intentions qui se heurtent au manque de moyens, comme l'a constaté Europe 1 à Lille.

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De bonnes pratiques qui restent lettre morte

En effet, c'est une fois affectés en Ehpad que les infirmières ou les aides soignants peuvent bénéficier de formations à la prise en charge du grand âge. Une sensibilisation à ce que l'on appelle la bientraitance, c'est-à-dire l'accompagnement bienveillant des gestes du quotidien, comme la toilette ou les repas. Mais pour Jean-Louis Tempelaere, directeur d'un établissement de Boulogne-sur-Mer, faute de temps et de personnel, ces bonnes pratiques restent souvent lettre morte.

"Les formations sont capitales, mais il faut absolument que l'on ait des créations de postes en nombre suffisant pour prendre en charge de façon digne nos personnes âgées, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. On constate une usure de nos salariés parce qu'ils donnent le maximum, mais en étant en nombre insuffisant, ils s'épuisent", regrette-t-il.

Des personnels fatigués et écœurés

Une souffrance que constate aussi Françoise Goblet, présidente dans le nord de l'Association des familles des indépendants. "On a des témoignages de personnels qui sont formés à la bientraitance, qui feraient beaucoup de bien à nos aînés, mais ils ne peuvent pas parce qu'ils sont toujours en sous nombre. Et comme il y a un énorme turn-over parce qu'ils sont trop fatigués et écœurés, on prend du personnel de passage qui fait tout ce qu'il peut, mais qui n'a aucune notion de la gériatrie", constate-t-elle.

Et tous les professionnels soulignent cette évidence : c'est avant tout le temps et l'attention que l'on consacre aux résidents qui améliorent leur qualité de vie dans les Ehpad.