A Saint-Martin, les habitants suspendus aux distributions de vivres

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Xavier Yvon et Mélanie Nunes, édité par R.Da. , modifié à
Un centre de soins de grande capacité doit être installé mardi à Saint-Martin. Peu à peu, les rues de l'île sinistrée reprennent vie au rythme des distributions de vivres, mais certains sinistrés choisissent de regagner la métropole.
REPORTAGE

Le président doit arriver à Pointe-à-Pitre mardi en fin de matinée, heure de Paris, avant de se rendre à Saint-Martin, puis Saint-Barthélemy. Une visite pour tenter de rassurer les victimes de l'Ouragan Irma mais aussi pour éteindre la polémique sur l'anticipation possible ou pas de la catastrophe. Le gouvernement veut montrer du concret ; un grand centre de soins installé sous des tentes doit être opérationnel mardi, en attendant que les hôpitaux fonctionnent à nouveau.

Une immense file de rescapés. Dans les rues de Marigot, la vie reprend peu à peu. Lundi, les premières distributions de vivres ont eu lieu. Le mot s'est répandu en un éclair dans la ville. "J'ai vu passer le camion, et je suis reparti prévenir les voisins", explique une habitante. "Le soir, on fait cuisine commune. On partage tout ce que l'on a. Là, c'est bien parce qu'on a plus rien", confie une autre. Ce groupe de voisins se retrouve à attendre sous l'immense file qui s'est formée sous un soleil de plomb. Les resquilleurs sont immédiatement rappelés à l'ordre par les gendarmes.

Entendu sur europe1 :
On avait l'impression d'être abandonné

 "C'est maintenant que ça commence. Mais au début il n'y avait rien du tout, on avait l'impression d'être abandonné", explique encore une Saint-Martinoise. "Au milieu de matinée, il y a eu l'électricité, ça a donné du baume au cœur".

Une population affamée. À la distribution, des pompiers tout juste arrivés de Martinique. "Ça n'est pas énorme mais ça va permettre de tenir", assure le lieutenant-colonel Jean-Paul Levif, qui se dit "un peu surpris" par l'afflux de sinistrés. "Cela montre l'état de soif et de faim de la population". Au menu ce soir pour les habitants : poulet, haricots verts et… un peu de soulagement.

Le problème de l'hygiène. Mais la faim n'est pas le seul problème sur l'île sinistrée. Une infirmière croisée dans le hall de l'aéroport de Point-à-Pitre, avec son enfant de cinq ans sous le bras, explique qu'elle préfère regagner la métropole face aux conditions d'hygiène. "Seule, je serai restée aider, mais là j'ai mon petit garçon, ça n'est pas possible. Je voulais proposer mes services à l'hôpital, mais on m'a dit que c'était pas la peine. Il fallait nous protéger nous : l'hygiène ça va être très difficile. Ça sent très mauvais dans les rues, ça commence à tourner". Sa priorité : scolariser son fils à son retours en métropole.