Sacs plastique : ce qui va (vraiment) changer

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A partir de ce vendredi, les commerces ne peuvent plus proposer de sacs plastique non réutilisables.  

Le plastique perd (un peu) du terrain dans les commerces. Les sacs plastique fins distribués aux caisses des commerces sont interdits à partir de vendredi et doivent être remplacés par des sacs en papier, en tissu ou des sacs en plastique épais réutilisable. L'objectif : lutter contre le gaspillage et la pollution. On vous résume ce qui va changer en cinq points.

Quels sacs seront vraiment interdits  ? Cette mesure, prévue dans la loi sur la transition énergétique d'août 2015, concerne les sacs plastique d'épaisseur inférieure à 50 micromètres, sans considération de volume, qu'ils soient gratuits ou payants. Boulangeries, boucheries, pharmacies, drogueries, petites et grandes surfaces et marchés sont visés par l'interdiction.

Dans certains supermarchés, les consommateurs ne verront pas de changements majeurs à la caisse. Depuis une dizaine d'années en effet, la grande distribution a déjà quasiment éliminé ces sacs fins distribués aux caisses et déjà propose des sacs plus solides. Pour les petits commerçants et les artisans, en revanche, l'adaptation peut se montrer un peu plus compliqué.

Au 1er janvier 2017, une deuxième interdiction concernera les sacs plastique fins utilisés au rayon des fruits et légumes. Chaque année, 12 milliards de ce type de sac sont consommés en France. Ils devront être, là encore, remplacés par des sacs plus épais ou biodégradables

Quels sont les sacs qui restent autorisés ? En réalité, à partir de ce 1er juillet, le plastique sera loin d'être banni des caisses. A partir de maintenant, la seule obligation, pour les commerces qui voudront continuer à vendre du plastique, sera de vendre des sacs réutilisables, c’est-à-dire à l'épaisseur supérieure 50 micromètres. En clair, les commerces ne sont pas encore obligés de vendre des sacs biodégradables.

En revanche, la nouvelle réglementation oblige les commerces à diminuer la teneur en plastique au fil des ans. La part de matériaux "biosourcés", c’est-à-dire composés d'un mélange d'amidon de maïs ou de pomme de terre, devra être de 30% à partir du 1er janvier 2017, puis de 40% en 2018, 50% en 2020 et 60% en 2025. Plusieurs industriels ont déjà mis au point ce type de sac qui, s'ils sont compostés, se décomposent en eau et en CO2.

Un marquage plus clair. Certains commerces décident, déjà, de proposer des sacs biosourcés, voire même entièrement compostables. Et la nouvelle règlementation les oblige à indiquer un marquage clair. "Un marquage devra être apposé sur les sacs et préciser que ceux-ci peuvent être utilisés pour le compostage domestique, qu'ils peuvent faire l'objet d'un tri au sein d'une collecte séparée de biodéchets et ne doivent pas être abandonnés dans la nature et enfin, qu'ils sont constitués pour partie de matières biosourcées, en précisant la valeur chiffrée de sa teneur biosourcée et la référence à la norme qui permet de la déterminer", détaille le site Actu environnement. Et de poursuivre : "Les sacs en matière plastique réutilisables devront quant à eux porter une mention qui indique qu'ils peuvent être réutilisés et ne doivent pas être abandonnés dans la nature".

Moins de plastique dans la mer. L'application de la mesure était prévue au 1er janvier 2016 mais avait été repoussée par le gouvernement, pour donner aux commerçants et aux industriels le temps de préparer la transition. Il y avait, toutefois, urgence à prendre des mesures.

Les sacs plastique fins, qui ne peuvent pas être réutilisés, sont en effet à l'origine d'un gaspillage énorme (5 milliards d'exemplaires distribués en caisse chaque année en France). Pour une moyenne de 20 minutes d'utilisation, ils mettent plusieurs centaines d'années à se dégrader.

Pour ceux qui atterrissent dans la nature, ils sont une source de pollution, en particulier pour les océans : la faune marine et les oiseaux de mer les ingèrent. Ainsi, selon le ministère de l'Environnement, 75% des déchets en mer sont des sacs plastique, les estomacs de 94% des oiseaux de la mer du Nord contiennent du plastique, tout comme 86% des espèces de tortues marines. Plus de 260 espèces animales sont touchées… et l'homme n'est pas épargné : par le jeu de la chaîne alimentaire, le plastique finit, au bout du compte, dans les assiettes.

Une potentielle aubaine pour les entreprises françaises. Sur les 17 milliards distribués en caisse et aux rayons fruits et légumes, les entreprises françaises ne produisaient que 2,6 milliards de sacs plastique. Elles entendent désormais bien tirer leur épingle du jeu dans ce nouveau cadre réglementaire. Sphère, Styl Pack, Limagrain, Barbier, Bagherra, La Française des plastiques notamment sont sur les rangs. Le coût unitaire d'un sac "biosourcé" sera de quelques centimes, comparé à environ 0,5 centime pour un sac en plastique fin dont 80% sont importés, en général d'Asie. Selon le ministère de l'Environnement, "le développement de ces nouveaux plastiques biosourcés permettra de créer 3.000 emplois sur le territoire national".