Sabine Menet, née sous X : "La vérité, quelle qu’elle soit, est nécessaire et salvatrice"

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Guillaume Perrodeau , modifié à
Sabine Menet avait 33 ans lorsqu'elle a appris qu'elle avait été adoptée. Chez Christophe Hondelatte, elle revient sur son combat pour découvrir l'identité de sa mère biologique.

La vie de Sabine Menet a basculé à l'âge de 33 ans. Cette journaliste au quotidien Sud-Ouest a alors appris, de la bouche de sa mère, qu'elle avait été adoptée. Le début d'une longue quête d'identité, qu'elle raconte chez Christophe Hondelatte mercredi. 

"Je ne suis pas ta vraie maman". En février 2008, Sabine Menet se rend dans sa famille, quelques semaines après le suicide de son père. Elle revient pour signer des papiers de succession. Elle trouve sa mère en larmes, dans la cuisine de la maison familiale. Sabine Menet s'attend alors à tout, sauf à ce que sa mère va lui annoncer.

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"Papa est mort. Moi, je peux mourir demain. Je ne veux pas que tu apprennes la vérité d’une autre bouche que la mienne. Je ne suis pas ta vraie maman", lui annonce sa mère. Sabine a été adoptée à l'âge de neuf mois. Sous le choc, hébétée, Sabine n'est pas capable de dire un seul mot. "Le jour où cela tombe, ce n’est pas un scoop. Ça collait à ce que je pouvais ressentir et qui était de l’ordre de l’inconscient. Je ne sais pas mieux l’expliquer", analyse-t-elle aujourd'hui.

"Je reste très critique sur le CNAOP". Sabine Menet se lance alors dans une quête effrénée pour trouver sa mère "généalogique", comme elle le dit. Le bureau de recherche des origines du Conseil général de Gironde, l'Aide sociale à l'enfance, le Conseil national d'accès aux origines personnelles (CNAOP), la journaliste multiplie les démarches dans le but de retrouver la véritable identité de sa mère biologique. C'est notamment auprès du CNAOP que doit être faite la demande pour la rencontrer. "Il est possible de rentrer en contact avec elle, mais seulement si elle est d'accord", lui précise-t-on immédiatement.

Après deux ans d'attente, le personnel du CNAOP lui annonce qu'ils n'ont rien trouvé. "Le dossier est clos", fait-on savoir à Sabine. "Je suis et je reste très critique sur le CNAOP, sur leur capacité à faire aboutir un certain nombre de dossiers", indique-t-elle. Selon Sabine Menet, "c’est un manque de volonté de la part du personnel, cela ne fait pas l’ombre d’un doute."

Alors Sabine Menet utilise quelques méthodes "limites". Par trois fois, elle va pénétrer dans le bureau départemental de l'Aide sociale à l'enfance clandestinement, pour récupérer des informations sur l'identité de sa mère. Des données qu'on refuse de lui donner, parce que la loi est ainsi faite. D'abord la date de naissance de sa mère. Puis, alors qu'à force de rendez-vous et d'efforts pour insister, l'Aide sociale à l'enfance a retrouvé sa mère mais que cette dernière refuse d'entrer en contact avec Sabine, la journaliste va pénétrer dans le bureau et s'emparer des contacts de sa mère généalogique sans autorisation.

"On a continué à se voir". Sabine Menet envoie ensuite la sénatrice de sa circonscription, qui l'a toujours accompagnée dans ses démarches, voir sa mère biologique pour que cette dernière accepte de rencontrer Sabine Menet. Après plusieurs refus, c'est finalement un "oui". Mais une seule fois, pas plus. Et finalement, après quatre ans de recherche et de lutte, Sabine Menet retrouve sa mère biologique un mercredi après-midi, dans un bar à Bordeaux. Un échange pendant une heure et demie. Enfin une identité et un visage à poser sur la personne qui l'a mise au monde. "On a continué à se voir", confie Sabine Menet au micro d'Europe 1, "peu, mais on sait que l'on existe."

À présent, le combat de la journaliste est autre. Elle veut faire évoluer la loi. "Le sous X est une particularité française, cela n’existe pas ailleurs", rappelle-t-elle. Sabine Menet veut en finir avec cette loi du secret. Elle souhaite que l'identité de la mère soit automatiquement communiquée. Autre prolongement à son histoire, la jeune femme promeut également une transparence totale pour les enfants adoptés. "La vérité, quelle qu’elle soit, est nécessaire et salvatrice. Il faut que l’enfant sache, qu’il puisse se construire sur la vérité, même si elle peut paraître complexe", conclut Sabine Menet.

>> Retrouvez ci-dessous, l'intégrale d'Hondelatte Raconte sur Sabine Menet, née sous X :