Record d'expulsions locatives : l'Etat sommé de changer d'approche

© BERTRAND LANGLOIS / AFP
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Rémi Bostsarron avec
A l'approche de la trêve hivernale, la Fondation Abbé Pierre évoque un "sombre record" d'expulsions en 2015. Les associations demandent à l'Etat de prendre des mesures.

La Fondation Abbé Pierre évoque des "chiffres alarmants" et un "sombre record". Le nombre d'expulsions locatives a en effet atteint un niveau inégalé en 2015, avec 14.363 procédures nécessitant l'intervention des forces de l'ordre. Les associations luttant contre le mal-logement demandent des mesures. 

Nouveau record d'expulsion en 2015. Le nombre d'expulsions locatives a bondi de 24% en 2015 pour s'établir à 14.363, un "sombre record" alors que ce nombre était "relativement stable depuis dix ans", a annoncé jeudi la Fondation Abbé Pierre. Cette dernière rappelle que "les expulsions réalisées avec le concours de la force publique ne sont qu'une minorité des expulsions, compte tenu du fait que de nombreux ménages partent sans attendre les forces de l'ordre". En 2015, 132.196 décisions de justice prononçant une expulsion ont été prises.

Précarité grandissante et hausse des loyers. "Ces chiffres alarmants sont la conséquence de la hausse des loyers dans le parc privé, mais aussi dans le parc social", estime la fondation Abbé Pierre. Un constat partagé par l’association Droit au Logement : "les propriétaires aujourd'hui, les bailleurs, les milieux de l'immobilier font tout pour faire monter les prix de l'immobilier et du foncier. Résultat des courses, les ménages modestes, les classes populaires ont de plus en plus de mal à se loger, à payer leur loyer à la fin du mois, d'autant plus que l'Etat fait aussi des économies et rabote chaque année les allocations logements. On tourne en rond", a déclaré son porte-parole, Jean-Baptiste Eyraud.

L'espoir de nouvelles mesures pour limiter les expulsions. Faisant le constat de "l'échec des politiques de prévention des expulsions", la fondation Abbé Pierre espère que la trêve hivernale, qui débute le 1er novembre, sera "pour tous les acteurs l'occasion de se remobiliser pour éviter ces drames humains". Ces expulsions "ne sont pas une fatalité" et leur prévention "peut réellement être améliorée", notamment par le développement du plan interministériel de prévention des expulsions, lancé par le ministère du Logement en mars dernier pour accompagner les ménages en difficulté, estime-t-elle. Enfin, la fondation s'indigne que les personnes "reconnues prioritaires au titre du droit au logement opposable (Dalo) continuent, chaque année, à être expulsées par dizaines".