Que va changer l'ouverture des archives de Vichy ?

Le maréchal Petain (à gauche sur la photo), lors d'une rencontre avec Adolf Hitler à Montoire-sur-le-Loir, le 24 octobre 1940.
Le maréchal Petain (à gauche sur la photo), lors d'une rencontre avec Adolf Hitler à Montoire-sur-le-Loir, le 24 octobre 1940. © INP / AFP
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Théo Maneval et T.M. , modifié à
C'est un véritable trésor d'archives qui s'ouvre désormais au grand public et aux historiens : celui de la police et de la justice du régime de Vichy. Chercheurs et experts vont voir leur travail grandement facilité.

Soixante-dix ans après la fin de la Seconde guerre mondiale, "administrations, citoyens et chercheurs" vont pouvoir se pencher sur l'histoire judiciaire de l'Occupation. Un arrêté datant du 24 décembre et "portant ouverture d'archives relatives à la Seconde Guerre mondiale" a été publié dimanche au Journal officiel.

Un accès beaucoup plus facile. Concrètement, les historiens vont pouvoir ouvrir les cartons de l'armée, de la police, mais surtout de la justice, des années 1930 jusqu'à l'après-guerre. Cela signifie qu'ils pourront accéder aux dossiers des tribunaux d'exception de Vichy, aux procès politiques et aux interrogatoires de la police secrète. C'est une avancée pour la recherche, car certaines de ces archives étaient complètement inaccessibles, ou alors seulement avec des dérogations difficiles à obtenir. "D'abord on les a pas tout le temps, ensuite, ça peut être, non pas à la tête du client, mais à la renommée de l'historien", explique l'historienne Annette Wievorka. "Là, on va avoir facilement accès à des jugements de résistants, et on va pouvoir reprendre le travail sur l'épuration par les Cours de justice qui ont été instaurées à la Libération", détaille l'historienne.

Vraie avancée ou nouveau faux espoir ? Certes, ces archives ne vont pas révolutionner l'histoire de la Seconde guerre mondiale, mais elles vont vraiment faciliter le travail des historiens. Gilles Morin avait demandé cette ouverture dans une lettre au Président de la République en mai dernier. Il est heureux d'avoir été entendu, mais attend de voir si la promesse sera vraiment tenue après un faux espoir en 2008. "On fait attention, parce que la loi de 2008 devait être une avancée, mais avait en fait refermé des archives ouvertes depuis trois ou quatre ans", précise-t-il. "Il y avait notamment toute une série de dossiers judiciaires qui m'avaient été bloqués depuis un bout de temps. Donc on attend pour voir. Je compte bien aller tester ça cette semaine."

Patience tout de même, car les Archives nationales sont fermées pendant les fêtes. Pour consulter ces documents, il faudra donc attendre jusqu'au 4 janvier.