Emmanuel Macron est l'une des cibles du projet Pegasus. 2:42
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Nicolas Feldmann et Louis de Raguenel , modifié à
Le Monde poursuit se révélations sur le projet Pegasus, du nom de ce logiciel massivement utilisé par des services de renseignement, notamment marocains, pour espionner des téléphones. Mais selon le quotidien du soir, ce ne sont pas seulement des avocats ou des journalistes qui ont été cibler, mais aussi le plus haut niveau de l’Etat français.

Pégasus, c'est 50.000 lignes téléphoniques surveillées à travers le monde, parmi lesquelles 1.000 numéros français. On sait depuis dimanche soir que des journalistes, des patrons de presse ont été écoutés. Mais Le Monde révèle mardi soir que c’est allé encore plus loin. Emmanuel Macron a lui-même été espionné. Le président de la République figure en effet sur les listes des téléphones espionnés du temps où il était ministre de l'Economie. Difficile de dire pour le moment s’il a été écouté quand il est devenu président. Ce que l'on sait, en revanche, c'est qu'il a gardé depuis le même numéro de téléphone.

Edouard Philippe, 14 ministres et Adrien Quatennens

Parmi les autres téléphones espionnés, on trouve l’un de ceux de l'ex-Premier ministre Edouard Philippe ainsi que de sa femme. Figurent aussi 14 ministres dont Jean-Yves Le Drian, Christophe Castaner, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire ou François de Rugy. Il y a également des collaborateurs du président, notamment le conseiller Afrique Franck Paris. Et on apprend également qu'Alexandre Benalla, l’ancien garde du corps d’Emmanuel Macron, a été sur les listes. Le député François de Rugy a par ailleurs demandé des "explications" au Maroc et s'est dit "surpris" de "l'implication" des services de renseignements marocains. 

On trouve aussi des parlementaires et responsables politiques comme François Bayrou du MoDem, le député de La France Insoumise Adrien Quatennens, ou Gilles Le Gendre (LREM). Voilà pour les premiers noms de personnalités dont les téléphones ont été infectés par ce logiciel Pégasus. Toute la question maintenant, c'est de savoir quelles données ont pu être recueillies et surtout, au profit de qui. Pour l'instant, le cas du Maroc est avancé. 

L'Elysée assure que toute la vérité sera faite

L'Elysée est tout à fait conscient que ces accusations sont très graves. Au Palais présidentiel, on glisse que si les faits sont avérés, ils sont très graves et que toute la vérité sera faite. L'Elysée se satisfait par ailleurs que certaines victimes aient déjà porté plainte et que des enquêtes soient en cours. Enfin, la présidence rappelle que le travail des services de renseignement est encadré notamment par la loi de 2015 qui est extrêmement strict, notamment sur la question de mise sur écoute et de l'utilisation des techniques de renseignement concernant les journalistes et les avocats.

Au sein de l'Etat, c'est essentiellement deux organismes qui gèrent la crise à ce stade. Le SGDSN, le Secrétariat général à la Défense et à la sécurité nationale, d’abord qui est dirigé par un préfet. C'est un organe qui dépend de Matignon et qui s'occupe de la sécurité et de la sûreté de l'Etat, qui s'occupe de vérifier que les moyens mis en place permettent de sécuriser notamment les liaisons téléphoniques du président, de ses collaborateurs. Et ensuite, il y a un autre acteur qui est rentré en jeu, c'est le coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, Laurent Nunes, qui était ancien secrétaire d'État à l'Intérieur.

D'autres présidents espionnés dans le monde

Le président français n'est pas le seul chef d'Etat dont le téléphone a peut-être été espionné via Pegasus. Selon Radio France, le roi du Maroc Mohammed VI et son entourage "sont sur la liste des cibles potentielles", et d'après le Washington Post, autre membre du consortium de médias enquêtant sur cette affaire, elle contient des numéros de deux autres présidents, l'Irakien Barham Saleh et le Sud-Africain Cyril Ramaphosa.

Le Washington Post avance également les noms de trois Premiers ministres en exercice, ceux du Pakistan, Imran Khan, de l'Egypte, Mostafa Madbouli, et du Maroc, Saad-Eddine El Othmani, et d'un total de sept Premiers ministres au moment où ils ont été sélectionnés sur la liste, dont le Libanais Saad Hariri, l'Ougandais Ruhakana Rugunda, et le Belge Charles Michel.