Tabassage de Michel Zecler : les quatre policiers présentés à la justice

La médiatisation de la vidéo du passage à tabac de Michel Zecler a suscité une vague de contestation des violences policières en France.
La médiatisation de la vidéo du passage à tabac de Michel Zecler a suscité une vague de contestation des violences policières en France. © AFP
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avec AFP , modifié à
Dans l'affaire du passage à tabac du producteur noir à Paris, les quatre policiers mis en cause ont été présentés à la justice, dimanche, à la mi-journée. Ils sont visés par une enquête ouverte mardi par le parquet pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique" avec la circonstance aggravante de "racisme".

Les quatre policiers mis en cause dans le passage à tabac d'un producteur de musique noir ont été présentés à la justice dimanche à la mi-journée, a appris l'AFP de source proche du dossier. Les quatre hommes, qui avaient été placés en garde à vue dans les locaux de l'Inspection générale de la police (IGPN), sont visés par une enquête ouverte mardi par le parquet pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique" avec la circonstance aggravante de "racisme", et "faux en écriture publique".

Eventuelles poursuites

Trois jours après l'éclatement de ce scandale et dans un contexte politique tendu pour le gouvernement, le procureur de Paris Rémy Heitz tient à 17h00 une conférence de presse pour annoncer d'éventuelles poursuites contre les quatre policiers.

Dimanche, en milieu de journée, après deux jours de garde à vue à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, la "police des polices") les quatre hommes ont été transférés au tribunal judiciaire de Paris en vue de leur défèrement, a indiqué une source proche du dossier à l'AFP.

Ils vont soit comparaître devant un magistrat du parquet de Paris, qui pourrait par exemple décider d'une comparution immédiate ou d'une convocation différée devant le tribunal judiciaire, soit devant un juge d'instruction si le parquet décide d'ouvrir une information judiciaire.

Un "faux en écriture publique" par une personne dépositaire de l'autorité publique est un crime, ce qui rend hautement probable l'ouverture d'une information judiciaire obligatoire en la matière, même si cette infraction aboutit la plupart du temps à un procès qui se tient devant un tribunal correctionnel et non devant les assises.

Vidéo diffusée par Loopsider

La diffusion jeudi par le site Loopsider de la vidéo de Michel Zecler a créé le scandale. On y voit le producteur de musique tabassé pendant plusieurs minutes dans son studio de musique samedi 21 novembre à Paris par trois policiers, avant qu'un quatrième ne vienne jeter depuis l'extérieur une grenade lacrymogène à l'intérieur du local.

Dans une seconde vidéo publiée vendredi, on voit M. Zecler être de nouveau frappé dans la rue, une fois extrait du studio, et alors qu'il est entouré par de nombreux autres fonctionnaires de police qui ne semblent pas empêcher ces nouveaux coups.

A ce stade, il n'était pas possible de savoir si ces autres fonctionnaires de police avaient déjà été interrogés par l'IGPN. Michel Zecler a affirmé avoir été insulté à plusieurs reprises de "sale nègre". Selon Le Parisien, les fonctionnaires de police ont contesté en garde à vue toute dimension raciste à leur attitude. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé jeudi "la révocation" des policiers mis en cause, "dès que les faits seront établis par la justice". Il les a accusés d'avoir "sali l'uniforme de la République".

 "Honte"

La conférence de presse de M. Heitz, qui a qualifié jeudi cette affaire d'"extrêmement importante", intervient au lendemain d'une forte mobilisation dans une centaine de villes de France contre le texte de loi "sécurité globale" et les violences policières. Plus de 130.000 personnes ont manifesté, selon le ministère de l'Intérieur, 500.000 selon les organisateurs, dans une ambiance globalement bon enfant. Des affrontements parfois violents ont toutefois émaillé certaines manifestations, notamment à Paris.
Emmanuel Macron a dit vendredi sa "honte" face aux images du tabassage de Michel Zecler, parmi les plus virales en 2020 en matière d'information.