Soupçons d'emplois fictifs : prison ferme requise contre François Fillon, du sursis contre son épouse

Le couple Fillon lors de son arrivée au procès.
Le couple Fillon lors de son arrivée au procès. © Martin BUREAU / AFP
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Le parquet a requis cinq ans de prison, dont deux ferme, contre l'ancien Premier ministre, et trois ans avec sursis assortis de 375.000 euros d'amende contre sa femme, Penelope Fillon. Le parquet national financier estime que les emplois de son épouse Penelope étaient "fictifs".

Au terme d'un féroce réquisitoire contre "l'appât du gain" et le "cynisme" de François Fillon, le parquet national financier a demandé mardi cinq ans de prison, dont deux ferme, à l'encontre de l'ancien Premier ministre, estimant que les emplois de son épouse Penelope étaient "fictifs".

Dix ans d'inéligibilité contre l'ex-candidat à la présidentielle

Après plus de quatre heures d'un réquisitoire à deux voix devant le tribunal correctionnel, l'un des deux procureurs du parquet national financier, Aurélien Létocart, a appelé le tribunal correctionnel à rendre "une décision à la hauteur de la légitime exemplarité attendue d'un prétendant à la magistrature suprême". Dénonçant le "profond sentiment d'impunité" de l'ancien champion de la droite à la présidentielle 2017, le "cynisme" "d'un homme qui a fait de la probité une marque de fabrique", l'accusation a également demandé contre François Fillon, retraité de la politique, 375.000 euros d'amende et dix ans d'inéligibilité.

Trois ans avec sursis contre Penelope Fillon

Contre Penelope Fillon, "victime en quelque sorte consentante des agissements de son mari", trois ans avec sursis et la même amende maximale ont été requis. Elle avait touché 613.000 euros d'argent public pour trois contrats d'assistante parlementaire entre 1998 et 2013, auprès de son mari député et du suppléant de celui-ci dans la Sarthe, Marc Joulaud. Les procureurs ont enfin requis deux ans avec sursis et 20.000 euros d'amende contre Marc Joulaud, actuel maire de Sablé-sur-Sarthe en campagne pour sa réélection.

Dans l'après-midi, Aurélien Létocart avait longuement égrené ce qui constitue pour le PNF les preuves du "caractère fictif et artificiel" des activités de Penelope Fillon dans le principal volet du procès : les soupçons de détournement de fonds publics entourant ses emplois de collaboratrice parlementaire. Un travail tellement "impalpable, désincarné" que Penelope Fillon ne prenait ni congés maternité ni congés payés, qu'"aucune trace" n'a été retrouvée des mémos et fiches qu'elle était censée préparer pour son mari et qu'elle est "incapable" d'en donner des exemples précis.

Un rôle "de conjointe", pas d'assistante parlementaire

"Attribuer un caractère professionnel à la moindre de ses activités, même les plus anodines comme rapporter du courrier ou discuter avec des gens en faisant ses courses relève de la mauvaise foi", a tancé le procureur. Son rôle ? Celui de "conjointe d'un homme politique d'envergure nationale, le seul à l'époque dans la Sarthe". Une femme dont "l'investissement social et culturel évident" ne saurait, selon le PNF, constituer un emploi d'assistant parlementaire.

Pour le parquet, "les habitudes de captation des reliquats d'argent public" dans l'enveloppe dédiée au "crédit collaborateur" "ont été prises dès le début de la carrière politique de François Fillon" en 1981.
S'agissant du travail de collaboratrice parlementaire de son épouse auprès de Marc Joulaud, "imposé" par François Fillon à son suppléant, "elle gagnait plus tout en travaillant moins", a asséné Aurélien Létocart : "L'appât du gain fut manifestement plus fort que la raison". La défense plaidera la relaxe mercredi.